« Après-Demain », un film de Cyril Dion & Laure Noualhat

Vendredi 8 septembre 2023 à 19h aux Trois-Îlets
Réalisation : Cyril Dion, Laure Noualhat
Écriture : Cyril Dion, Laure Noualhat
Montage : Aurélien Guégan
Musique originale : Fredrika Stahl
Synopsis :
Deux ans après le succès phénoménal du documentaire Demain, Cyril Dion revient sur les initiatives que le documentaire a inspirées. Il embarque avec lui son amie Laure Noualhat, enquêtrice de renom sur les fronts de l’écologie et très sceptique sur la capacité des micro- initiatives à avoir un réel impact face au dérèglement climatique. Leur confrontation pleine d’humour les pousse dans leurs retranchements : qu’est-ce qui marche, qu’est-ce qui échoue ? Et si, finalement, tout cela nous obligeait à inventer un nouveau récit pour l’humanité ?

Cyril Dion et Laure Noualhat: « Avec Après Demain, nous racontons une histoire différente de l’avenir »

We Demain : Cyril Dion, vous êtes le co-réalisateur de Demain, un documentaire qui a initié en 2015 un véritable phénomène de société, avec un César et plus d’un million d’entrées. Laure Noualhat, vous avez été journaliste écologie chez Libération pendant 15 ans et vous êtes la créatrice de la série satirique Bridget Kyoto. Trois ans après la sortie de Demain, vous vous êtes associés pour réaliser Après Demain, un film diffusé sur France 2 le 11 décembre, puis en replay. Pourquoi ce documentaire ? De quoi parle-t-il ?
Cyril Dion : À l’origine, c’est une commande à l’occasion de la COP24. Le but était de revenir sur les initiatives présentées dans Demain et de voir celles qui avaient marché ou même essaimé. Ce que Demain a participé à faire, c’est provoquer plein d’actions individuelles. Des personnes ont changé de métier, des entreprises comme la Poste se sont mises à l’agriculture urbaine… Et même des villes telle Liège ont décidé de tendre vers l’autosuffisance avec l’établissement d’une ceinture maraîchère. J’ai proposé à Laure de me rejoindre sur cette nouvelle aventure afin d’avoir son recul critique et de ne pas sombrer dans le nombrilisme.

Laure Noualhat : Après Demain, c’est un dialogue permanent entre nous deux. Nous revenons sur des lieux où des gens expérimentent des alternatives et en découvrons de nouvelles. J’apporte mon point de vue sceptique quand Cyril est toujours enthousiaste sur leur potentiel. Ma question est la suivante : un million de Français ont vu Demain. Mais qu’est ce que ça a changé ? Qu’est ce qui est resté ? Quand on est huit milliards sur Terre, quel est l’impact de deux plants de tomate sur la place d’un village ou d’une poignée d’éoliennes dans un champ d’Île-et-Vilaine ? J’ai envie d’y croire mais il faudrait beaucoup plus d’actions de ce type pour avoir un véritable impact. Toute la question est de savoir si ces pratiques se généraliseront, et en combien de temps.

Pourquoi Après Demain est-il diffusé à la télé et non en salles, et de surcroît en deuxième partie de soirée ?
Laure Noualhat : Les voies de France Télévisions sont impénétrables. C’est à mon avis une erreur stratégique majeure. Il devait y avoir une soirée complète, avec Demain suivi d’Après Demain. Désormais l’un est diffusé le dimanche soir et l’autre un mardi soir en deuxième partie de soirée. C’est absolument incompréhensible pour nous. Mais une centaine de projections citoyennes ont déjà été organisées. Une centaine d’avant premières pour un film qui passe à la télé c’est hallucinant. !

Cyril Dion : C’est un film fait avec beaucoup moins de moyens. Demain a nécessité 1,3 million d’euros et neuf mois de montage, alors qu’on ne disposait que de 220 000 euros et huit semaines pour Après Demain ! C’est un film qui n’a pas la même ambition. Mais je pense qu’on est déjà pas loin des 40 à 50 000 spectateurs. C’est rigolo car pas mal de fictions au cinéma ne font même pas ces chiffres-là. Après Demain fera sa vie grâce à des associations. Mais on espère qu’à la télévision il y aura du monde pour le voir. Au moins un million de personnes !

Cyril Dion, vous avez dit récemment « il faudrait être complètement demeuré pour être optimiste « . Or, vos films sont une bouffée d’optimisme. Comment justifiez-vous cette contradiction ? Pensez-vous que nous pouvons éviter l’effondrement global ?
Cyril Dion : Ce n’est pas une contradiction. Je ne fais pas mes films pour qu’ils soient optimistes mais constructifs. Pour que ça nous donne de l’énergie. Quand on voit la gravité de la situation, il faudrait être un peu con pour se dire « Oh, ça va aller. Tout va bien se passer ». En revanche, passer simplement son temps à diffuser des messages qui nous écrasent, nous angoissent, ce n’est pas efficace non plus.

« Tout va s’effondrer », c’est un vocable qui ne veut rien dire. On est déjà dans une forme d’effondrement dans des domaines comme la biodiversité. Quand on sait que 60 % des animaux vertébrés ont disparu de la planète en 40 ans, c’est un effondrement. Est ce que notre économie et ses réseaux logistiques vont s’effondrer ? Est ce que ça va donner un monde apocalyptique à la Mad Max ? Je pense que ça sera plus compliqué. Mais on va vers des chocs oui, je pense qu’on n’y échappera pas. La question c’est comment peut-on les amortir, et peut-être tenter de vivre mieux ?

Laure Noualhat : Moi, j’en ai marre qu’on me demande des discours positifs. C’est comme demander à quelqu’un qui a un cancer en phase terminale de sourire à la vie ! Il y a quinze ans, on me disait que c’était trop anxiogène de parler d’écologie et que ça faisait baisser les ventes. Après, il fallait mettre en avant uniquement des initiatives positives…

Mais l’écologie c’est le royaume des mauvaises nouvelles ! On voit bien que tout s’effondre. Je ne raconte pas ça car ça me fait plaisir. J’ai l’impression que quoi qu’on fasse, il est très dur de changer. C’est comme si on était dans le déni collectif. Au rythme actuel, on est parti pour une augmentation de 4°C d’ici la fin du siècle, avec des boucles de rétroaction qui pourraient mener à un emballement du réchauffement climatique et notre disparition. C’est ça le réel et je pense qu’il est criminel de ne pas passer des informations qui engagent la survie de l’humanité.

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