À la Martinique, un Festival original

— par Janine Bailly —

Du dimanche 2 au samedi 8 août, la plage des Raisiniers, à Trinité, accueille le premier Festival de Sculpture sur Sable, intitulé « Miroir de sable ». Une œuvre sera réalisée dans ce cadre afin de soutenir la candidature de la yole de Martinique à l’Unesco.

La manifestation (annoncée dans le Journal France Antilles)

Le coup d’envoi de ce festival  a été donné dimanche  par la pose des premières bases.

Organisé par la ville de Trinité et le Copil de la yole à l’Unseco (comité de pilotage), ce festival a pour objectif de soutenir l’initiative d’Édouard Tinaugus. C’est en 2006 que ce Robertin, passionné de yole, décide de faire reconnaître la yole à l’Unesco. Au fil des années, le dossier prend forme et finit par être reconnu au Patrimoine culturel immatériel de la France, catégorie « Savoir-faire ». Dès lors, des manifestations inédites autour de la yole, pour mieux faire connaître cette pratique, se mettent en place. Actuellement et parallèlement au Festival de Sculpture sur Sable, une exposition de photographies est proposée sur les grilles de la préfecture, à Fort-de-France, jusqu’à la fin du mois d’août.

Fort d’un savoir-faire de près de dix ans dans la sculpture, l’artiste Stephen Lozza, accompagné de Sébastien Dieu, dessinateur de BD et caricaturiste, sculpteur sur glace et sur neige, ont posé, dimanche matin, les premières bases de leurs futures œuvres. Jusqu’au samedi 8 août, les deux sculpteurs auront à relever un véritable défi, celui de façonner à partir du sable de mer, sous les yeux du public, trois œuvres monumentales : une yole martiniquaise, la montagne Pelée, et… une surprise sur le thème de la yole. Venez les soutenir !

Le public pourra venir admirer tous les jours, entre 9 heures et 17 heures, l’évolution de ces spectaculaires sculptures de sable qui atteindront trois mètres de haut sur une base de quatre  mètres. Les sculpteurs prévoient également la réalisation d’une… surprise sur la plage de Saint-Pierre. Loin des châteaux de sable approximatifs que nous réalisons au bord de la mer, les deux sculpteurs  professionnels de grand talent promettent de nous en mettre plein la vue ! « Le sable me fascine car peu importe l’angle à partir duquel tu le regardes, il a toujours quelque chose à t’apprendre, confient les artistes. Au moment de créer une sculpture, un nombre incalculable de particules entrent en action, se collant les unes aux autres grâce à l’humidité… C’est sur le sable que je laisse parler mon imagination et mon travail », explique Sébastien Dieu. « Lorsqu’on est artiste, tout support peut devenir un moyen de s’exprimer », ajoute Stephen, passé maître dans l’art de manier le sable. « C’est la première fois que nous venons ici et nous avons trouvé un pays merveilleux, une population très accueillante, une chaleur humaine. Nous souhaitons partager notre passion avec la population. »

Qui sont-ils ?

Stephenn Lozza

Alsacien d’origine, a suivi à 37 ans des cours aux Beaux-Arts de Montpellier, avant de devenir portraitiste à La Grande-Motte où il découvre la sculpture sur sable grâce à l’artiste avec lequel il travaille à cette époque. Depuis, il se consacre pleinement à cet art.
L’artiste n’en est pas à son coup d’essai, il réalise régulièrement des sculptures en faveur de la préservation de l’environnement. Ainsi, il a créé en juin 2020, à Saint-Aygulf, une tortue de sable au bord de l’asphyxie, pour alerter sur la pollution des littoraux.

« Vu que je travaille le sable, je constate tous les jours la pollution. Mégots de cigarettes, masques, coton-tiges, on trouve de tout ! C’est triste… L’écologie, une thématique forte du sculpteur qui anime des ateliers avec les enfants. « Quand je les vois mettre les mains dans le sable avec tout ce qui traîne, ça fait vraiment de la peine. Je pense qu’une oeuvre comme celle-ci est plus forte qu’un long discours. »

Sébastien Dieu

Caricaturiste, dessinateur de presse et créateur de BD, venu du Québec, Sébastien Dieu a plusieurs cordes à son arc. Sculpteur sur bois, il sculpte aussi la neige, la glace et le sable. Il faudra plusieurs heures à chaque artiste pour réaliser ces sculptures éphémères. Une journée sera consacrée également à l’initiation, pour les enfants, à Trinité et Saint-Pierre.

On le trouve dans l’album collectif : Almanach du dessin de presse (2010 et 2011), dans le collectif Nom de Dieux (2011) et dans le portfolio Tomi Ungerer (2011). Il participe aussi au concours international de sculptures sur neige de Valloire en 2010 et 2011. Il y obtient le Prix internet (2010 et 2011)  et troisième prix du public (2011). En 2009, il crée le Festival de la Caricature de Mézilles dont la troisième édition aura lieu une semaine avant le Mont des Bulles. Après avoir participé à plusieurs collectifs de dessinateurs de presse, il a sorti un recueil de ses dessins : La sale histoire de France.

« Miroir de sable » – Renseignements : 0617.21.48.39. Le COPIL et La Ville de La Trinité demandent aux usagers de la plage de respecter le travail des artistes. Il est capital que les œuvres finalisées soient visibles lors de la clôture le 8 août prochain.

Une exposition photographique conjointe, pour la Yole de Martinique

En raison de la crise sanitaire liée au Coronavirus, la 36e édition du Tour de Martinique en Yoles Rondes n’aura finalement pas lieu en 2020. En soutien à la candidature de la yole de Martinique au patrimoine immatériel de l’UNESCO, six photos sont exposées sur les grilles de la préfecture jusqu’en août 2020. 

 

Ailleurs, dans le monde

Une référence pour les sculpteurs de sable

Un artiste peut se spécialiser sur une matière en particulier : Andoni Bastarrika est passé maître dans l’art de manier le sable.

« Au moment de créer une sculpture, un nombre incalculable de particules entre en action, se collant les unes aux autres grâce à l’humidité. Une fois l’œuvre terminée, elle retourne à la nature en se consumant plus ou moins lentement selon le vent et les marées. »

Andoni Bastarrika sculpte particulièrement des animaux. Qu’elles représentent un chien, une vache, un requin, un éléphant, un crocodile, une tortue ou un dauphin, la majorité des œuvres sont un véritable hommage à la nature.

Pour voir de surprenantes réalisations : Les Festivals

De par le monde ont lieu de nombreuses manifestations intitulées « Festival de Sculpture sur Sable ». Signalons, en hommage à nos souvenirs de châteaux de sable éphémères, imaginés au temps béni de notre enfance, celui de Fiesa de Pêra,

« C’est en Algarve, au Portugal, que se trouve l’un des plus grands, si ce n’est le plus grand, concours de « châteaux de sable… »

 

Les artistes :  au travail à Trinité

Voir la vidéo qui montre la première étape de la réalisation des sculptures : les sculpteurs « posent les fondations ».

Fort-de-France, le 4 août 2020