Télévision. Noirs et Blancs imaginent une musique commune

Stax, le label soul légendaire Vendredi, Arte, 23 h 30

— Par Gérald Rossi —

Un documentaire qui raconte comment, en 1957, la musique était plus forte que les théories ségrégationnistes alors en vigueur aux États-Unis. Stax produisit des centaines d’albums.

C’est « le label qui a marqué la bande-son des droits civiques américains ». Le documentaire de Lionel Baillon et Stéphane Carrel raconte comment, dans une Amérique profondément marquée par la ségrégation – nous sommes en 1957 –, des Noirs et des Blancs ont pu travailler ensemble, dans une petite société qui porta haut les couleurs de la soul.

L’aventure débute à Memphis, quand Jim Stewart et sa sœur Estelle Axton deviennent propriétaires d’un ancien cinéma, qu’ils transforment en studio d’enregistrement avec une boutique de disques attenante. C’est en unissant les premières lettres de leurs noms qu’ils forment le nom de ce futur label à succès qui, vaille que vaille, fonctionne jusqu’en 1975. En 2007, Concord Records a repris l’affaire, mais c’est une autre histoire.

En 1957, donc, des artistes, qui ne se posent pas la question de savoir quelle est la couleur de peau de leurs amis, enregistrent ensemble. Les premiers tubes de Stax sont enregistrés, comme Green Onions, de Booker T. & The M.G.s, le premier groupe multiracial. On parle du « son » Stax. Les succès s’enchaînent, avec des compositeurs comme Isaac Hayes, « qui œuvrera dix ans dans l’ombre avant de devenir le dandy soul qu’on connaît ». Puis, en 1965, c’est l’arrivée d’Al Bell, « un DJ à l’épais carnet d’adresses, qui booste le label, désormais dirigé par un Blanc, Jim, et un Noir, Al ».

Mais c’est dans cette ville de Memphis que le pasteur Martin Luther King est assassiné, le 4 avril 1968. Ce militant non violent, défenseur des droits civiques des Noirs, fortement engagé pour la paix et contre la pauvreté, y était venu pour participer à un rassemblement avec les éboueurs en grève. Le Label en subit le contrecoup. Les tensions renaissent. Puis « il renaît de ses cendres en 1970, avec l’explosion de la soul », avant un dépôt de bilan cinq ans plus tard. De nombreux témoignages et des archives inédites rythment cette aventure.
Gérald Rossi

Source : L’humanité.fr