L’Esprit au-dessus des murs

Le pape est mort. Lequel sera vivant à un monde désillusionné?

— Par Pierre Pastel, sociologue et psychothérapeute 

Face aux défis persistants et aux de nos sociétés modernes, le sociologue et psychothérapeute Pierre Pastel nous lance un appel à la réflexion. Il nous invite à revisiter notre rôle dans la construction d’un présent éclairé et d’un futur porteur d’espoir. En s’appuyant sur son texte poétique de 2020, « 22 mai, la vie aux couleurs inattendues»1, il propose un décryptage riche et visionnaire, en résonance directe avec la question essentielle posée par cet article. »

Quelle est la couleur de la Vie ?

Elle n’est pas jaune, Elle n’est pas bleue, Elle n’est pas verte, Elle n’est pas rouge,

Elle n’est pas violette, Elle n’est pas mauve, Elle n’est pas rose,

Elle n’est pas de couleur marron, Elle n’est pas beige, Elle n’est pas translucide,

Il ne nous reste que deux couleurs

Elle n’est surtout pas noire, Elle n’est surtout pas blanche.

La Vie a la couleur de Dieu.

Et, et ……

Dieu n’a pas de couleur

Donc… CQFD

Tous ceux qui se prévalent du contraire et qui se comportent entre eux ou qui agissent envers les autres prétendant que cela n’est pas la stricte vérité sont des étouffeurs de vies humaines.

Ces malheureux tourmentés par la dépravation de leur esprit, errent et erreront, des siècles durant en empoisonnant la vie des autres. S’adjugeant tout, ils s’offrent, et s’offriront même, droit de vie et de mort sur leurs congénères.

La Vie, prenant toujours le dessus sur nos vies, finit par leur (nous) faire la leçon de vie pour nous ramener à la raison. Elle choisit un certain Tirnan2 comme prophète des temps présents pour lui faire répéter à l’envie, auprès de chacun de nous :

« Dieu c’est ton Père tandis qu’il serait mon Beau-père ? »

DECRYPTAGE :

L’affaire

Ce texte cherche à rappeler à qui veut bien encore l’entendre que la Vie et Dieu transcendent les divisions humaines comme les couleurs, les ethnies ou les religions. Cette perspective invite à reconnaître de facto notre humanité commune et à construire des ponts plutôt que des murs, comme nous en constatons la multiplication exponentielle dans ce monde dépressif.

Ces propos invitent subtilement ceux qui se posent en princes de la puissance et de l’illusion, à interroger leur raison avant de poursuivre leur insolence active et à prêter attention au verdict du peuple des nations :

L’examen du dossier

-Les institutions et idéologies qui imposent des hiérarchies ou prétendent détenir la vérité absolue sur la vie tout en agissant de manière oppressive envers autrui sont dénoncées.

-La manière dont certaines traditions occidentales se sont appropriées les concepts spirituels universels, souvent au détriment des autres cultures, est ouvertement remise sur la table de l’exactitude : « Dieu n’a pas de couleur », le séculaire simulacre religieux et le simulacre du « Dieu blanc » ne tiennent plus.

-Les peuples historiquement exploités ou marginalisés ne sont plus aveuglés par des discours manipulateurs. Ils réaffirment leur dignité et revendiquent leur place dans la construction d’un monde plus juste.

-Une force corrective de la « vérité  construite » est à l’œuvre sur le plan mondial ; elle incite à s’approcher de « la réalité ».

Dans ce peuple des nations, ils sont nombreux à être convaincus que l’absence persistante de personnes noires dans le concert des Papes (une des figures morales majeures de l’humanité) ne s’explique pas seulement par l’évangélisation « tardive », dit-on, de l’Afrique subsaharienne. Ils savent que l’élection du « successeur de Pierre » répond à des facteurs historiques, culturels, institutionnels, géopolitiques et à des préjugés encore tenaces dans l’église catholique et dans le monde en général.

Le choix d’un pape, bien qu’il soit présenté comme guidé par la volonté divine dans le narratif religieux, repose en réalité sur des processus humains et institutionnels. Ces faits ne signifient pas, pour eux -peuple des nations-, que la foi ou la spiritualité est totalement évincée du processus.

La vie, dans son essence même, tend toujours à corriger les dérives humaines et rappelle à la raison ceux qui s’écartent des valeurs fondamentales de respect, de compassion et de justice.

Le « Par ces motifs »

Le peuple des nations révèle sa sentence et donne en boucle des pistes pour éclairer un monde en crise :

  • Favoriser l’éducation universelle pour développer l’esprit critique et ouvrir les perspectives.

  • Promouvoir l’inclusivité et la diversité dans toutes les sphères, qu’elles soient religieuses, culturelles ou politiques.

  • Encourager la solidarité internationale pour lutter contre les systèmes d’exploitation et les inégalités.

  • Eduquer toute conscience à se convaincre qu’elle n’est pas seule à la recherche du bonheur, et qu’elle ne détient pas seule, non plus le monopole de la souffrance.

  • Disqualifier en acte et en parole spécifique et mesurable, toute conscience et pratique qui organise, maintient la misère morale, psychologique, spirituelle et la pauvreté économique dans le monde.

  • Reconnecter avec des valeurs humaines fondamentales : dignité, respect mutuel et compréhension.

  • Soutenir le réveil de tous les peuples qui se dressent pour leur liberté et qui aspirent à un mieux-être ensemble dans le concert des nations.

Ces idées, insiste-il (le peuple des nations), appellent à une transformation collective pour surmonter la dépression mondiale.

Un exécutant symbolique parmi nous autres : un Pape désillusionné ?

« Le pape est mort. Lequel sera donc vivant à un monde désillusionné »  ?

Les temps présents semblent sonner la fin d’une ère où certaines institutions religieuses, politiques ou sociales, incarnées par des figures comme le Pape, avaient un rôle central dans la structuration des croyances et des valeurs mondiales.

Les scandales, les mensonges civilisationnels décryptés, les hypocrisies perçues ou l’incapacité à s’adapter aux enjeux contemporains ont érodé la crédibilité de certaines institutions traditionnelles.

Dans un contexte de crises économiques, environnementales, sociales et morales, les individus cherchent des repères et une vision qui transcendent les divisions actuelles.

Dans un « monde désillusionné », qui ou quoi pourra incarner des valeurs vivantes, pertinentes et inclusives pour guider l’humanité, et à travers lesquelles le respect, la justice, la diversité et la compassion seraient l’inspiration ?

Plutôt que de chercher UN nouveau « Pape » ou une figure de pouvoir central, il serait préférable de faire appel à une conscience collective Humaine où chacun, y compris le Pape, devient véritablement acteur d’un changement positif.

Pierre Pastel

Avril 2025

 

1Texte publié in https://www.madinin-art.net, 22 mai 2020.

21-Tirnan Pastel agriculteur martiniquais (de Josseaud à Rivière Pilote) militant, ambassadeur de l’unité, avait une vue aigüe du traitement désobligeant que des descendants des négriers et leurs alliés en Martinique réservaient et réservent encore aux petites filles et aux petits fils des victimes de l’esclavage et de la traite négrière. De tous les combats pour la défense des petits agriculteurs et ouvriers agricoles sur toute l’île, il s’étonnait que certains puissent donner une couleur à la vie qui justifierait un traitement différencié entre les humains.« Bondié sé papaw épi isé bopè mwen ?» aimait-il à répéter en guise de rappel à l’ordre.