Pascale Marthine Tayou : « Black Forest »

Jusqu’au 22 mars 2020 à la Fondation Clément

Back Forest

Je vous invite à courir avec moi les yeux bandés, pieds et torse nus sur une corde raide.
Réduire les espaces entre nous est une urgence contre nos terrorismes intérieurs.
C’est à ce prix que nous sortirons des lianes épineuses au coeur du « Black Forest ».
Black Forest n’est pas un projet artistique,
C’est une promenade in-live sur les pistes interminables de nos doutes existentiels,
C’est le dessin d’une longue balade in-situ sur l’axe de la prise des risques,
C’est essayer de déconstruire les certitudes qui peuplent nos nuits blanches,
C’est l’empreinte des tours de glaces fragiles sur le territoire de l’inconnu.

Black Forest comme un songe étrange aux portes du néant,
Black Forest comme le trait gras d’union entre bonheur et tristesse.
Black Forest comme une suite de formes au service de l’esthétique.
Black Forest portrait échappatoire dans la fosse des jougs et joutes obscures.
Black Forest appel d’urgence du bon sens face à la terreur de nos extrémismes,
Black Forest pour que l’action spirituelle signe la copie sobre d’une posture humaine…

Ce projet est une réflexion/vision pratique sur l’acte de faire ou de ne pas faire.
Du bronze ou du bois au parfum de l’herbe, de la fibre du verre au fil de fer,
Des néons* comme des torches pour retrouver un sentier ou frayer son chemin,
Feuilleter l’exploration jusqu’aux zones frustrées les plus profondes qui bouillonnent en nous,
Un univers de diversités via des médiums et autres techniques dans une ambiance dynamique.

Une grande cage* en suspension au-dessus de nos têtes,
Des totems* voisins d’échelles Dogon*, décor parfait d’une réalité si loin et si proche de nous,
De la « Cour de ma mère* » en passant par « Sugar Cane* » ou « Eseka* »,
Toute l’abondance des « Terres Riches* » réunie en un lieu chargé d’histoires en effet.

 

Bruitages des mégapoles au cœur de « L’invasion* » mêlés aux chants d’oiseaux d’ici et d’ailleurs,
Des lampadaires tels des lucioles guideront nos pas sur la route du rhum et les mystères que cache la forêt.
Nous avancerons au milieu des ronces, potences et romances, poésies photographiques tel un rituel sacré.

Black Forest c’est comme se dandiner allègrement sur la corde raide de la vie les yeux bandés pour de vrai.
C’est un moment d’interrogations sur l’imaginaire du grand monde et son contenu, Il se voudrait portrait de l’homme-multiple, homme-dieu, homme-culte, homme des rites et tabous.
Black Forest c’est la quête de l’incertitude, C’est le comment célébrer nos incompréhensions.

Pascale Marthine Tayou

Pascale Marthine Tayou

1966 (Nkongsamba (Cameroun) )
Vit à : Gant (Belgique) et à Yaoundé (Cameroun)
Travaille à : Gant (Belgique) et à Yaoundé (Cameroun)
Site de l’artiste
Galerie de l’artiste

Mutation, hybridation, mondialisation… C’est peu de dire de Pascale Marthine Tayou qu’il est nomade, qu’il arpente le monde, du nord au sud et de l’est à l’ouest, et qu’il aspire à embrasser toutes les cultures pour sans cesse donner forme à de nouveaux possibles. Pascale Marthine Tayou est un arpenteur d’espaces, porté par un mouvement permanent à la rencontre de l’Autre. Son art que fondent tant une projection de sa propre histoire que celle de la mémoire des siens relève non d’une appropriation mais d’une transmutation des éclats du monde. Il semble souvent que tout s’y bouscule mais c’est pour en constituer un nouveau à l’écart des conventions et des usages. S’il se saisit avec empathie des objets et des matériaux qu’il trouve sur sa route, c’est pour les habiter, leur instiller une âme.