Une mise à mort inadmissible !
— RS n° 400 lundi 23 juin 2025 —
Il n’y a plus lieu de se demander quelle mouche les a piqués. Nous savons bien! La bande à Retailleau veut faire ses galons aux colonies comme en France, avec le trop fameux supplément colonial. Il faut mater toute volonté de dire non à la pwofitasyon, toute tentative de relever la tête ! Malheur à tous ceux, à toutes celles qui osent remettre en cause l’ordre injuste des choses. Même si pour frapper, les arguments sont nuls. Même si la thèse du pouvoir le ridiculise. Ici comme ailleurs, seul le rapport de forces compte. Et ils croient qu’il est en leur faveur.
Parce que Rodrigue Petitot a voulu rencontrer un ministre dont tout le monde a déjà oublié le nom! Parce que, pour ce faire, il est entré dans la cour de la résidence préfectorale, accompagné de pandores avec qui il avait négocié ! Parce que nez à nez avec un préfet (déjà expédié sous d’autres cieux), les mains derrière le dos, il a réclamé de voir un ministre qui n’avait soi-disant pas refusé, un préposé aux basses œuvres coloniales, veut le faire embastiller pour 15 à 18 mois.
Aucun démocrate ne peut accepter cette ignominie. Incapable de résoudre le problème de la vie chère, le pouvoir veut enfermer ceux et celles qui sonnent le tocsin. Privé du médicament, il veut casser le thermomètre !
Le laisser faire, c’est se préparer à des jours encore plus sombres.
Fok nou lévé pou di yo : Non ! Tout jwé sé jwé…
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Contre la vie chère et la mière sociale : Quelles revendications ?
Il serait diabolique de refaire l’erreur principale du grand, beau, et légitime mouvement de février 2009 : un travail insuffisant sur les revendications !
Se battre pour arracher des changements, ce n’est pas s’agiter pour seulement protester.
Les Assises populaires contre la vie chère ont été une occasion positive de se rencontrer, de donner une dimension internationale à la lutte, d’écouter des contributions fort utiles. Il faut aller plus loin. Tenir compte de l’agenda législatif prévu, est une chose. S’y soumettre serait une erreur !
En tout état de cause, il faut accélérer la réflexion, approfondir le débat, impliquer toutes les forces ayant le souci des malheurs du plus grand nombre. Une erreur de méthode doit être écartée. Celle qui consiste à se laisser piéger par la dichotomie entre revendications immédiates et revendications pour la lutte « finale », que nos ennemis appellent ironiquement « le grand soir ».
Répéter qu’il faut être réaliste, qu’il ne faut réclamer que ce qui est compatible avec le maintien du pouvoir en place, c’est se condamner à des résultats médiocres.
Répéter au contraire qu’on ne pourra rien changer avant d’obtenir l’indépendance nationale (version numéro 1) ou le communisme (version numéro 2), c’est se condamner à l’impuissance bien connue du cabri qui monte sur sa chaise criant à tue-tête : indépendance ! indépendance ! Ou communisme ! Communisme !
L’opposition entre « programme minimum » et « programme maximum » est vieille comme le mouvement ouvrier, et on ne gagne rien à refuser d’étudier ce que nous apprend l’histoire à ce sujet.
L’année 1917 en Russie et la tactique des révolutionnaires de l’époque sont à cet égard d’une immense richesse. Les résolutions des 4 premiers congrès de l’internationale communiste en sont une systématisation dont le programme de transition de Léon Trotsky et de la IVème internationale, est un approfondissement remarquable. Si aujourd’hui, une actualisation s’impose, à l’évidence, l’étude de la méthode reste d’un grande intérêt pour nos débats d’aujourd’hui.
Pour lutter dans nos colonies, comme en France d’ailleurs, il serait ridicule de ne pas chercher dans les lois qui existent ce qu’on peut trouver comme arme potentielle. Toute législation est le fruit de rapports de forces, et comprend donc des éléments qui sont des acquis de luttes passées.
L’idée de contrôle des prix, de limite aux monopoles, les droits des associations etc, sont des concessions obtenues contre la tyrannie du marché. Notre tâche est de saisir tout ce qu’on peut en tirer, sans ignorer les contradictions, les limites, les illusions, les pièges résultant de la nature du système capitaliste dominant.
Cet abc, on le verra, n’est pas toujours compris par des combattant·e·s ayant les meilleures intentions du monde. Les limites de ce que l’on peut obtenir dans le cadre du système, ne doivent pas en même temps nous cantonner à la simple propagande sur les lendemains qui chantent. La propagande, l’éducation sont choses nécessaires, indispensables mais lorsque ce travail fort sympathique ne s’accompagne pas de luttes concrètes, sur des revendications concrètes, remettant en cause concrètement des aspects concrets du système et capables de mettre en mouvement des masses populaires concrètes, alors toute notre belle propagande nous laisse dans la pause peu efficace du cabri précité.
Notre propos est certes d’illustrer l’intérêt de notre démarche par des exemples concrets. Il est surtout d’aider immédiatement à forger une plate-forme qui ne peut résulter que du débat commun de toutes et tous.
À suivre.
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Des dates à retenir
3 juillet : Plusieurs organisations rendent un hommage à Serge Chalons aux Archives territoriales de Martinique.
12 juillet : Le GRS et RESPÉ învitent au débat sur les revendications contre la vie chère.
17 au 20 juillet : Rencontre internationale autour des Damnés de la terre organisée par le cercle Frantz Fanon.
22 juillet : Entretiens avec Edwy Plenel dans la salle Aimé Césaire de Tropiques Atrium.