« Zanmi », un court métrage de Nadia Charléry à diffuser largement

Belle et sympathique soirée LGBT, après la première du film, le 17 mai

— Par Roland Sabra —

« Zanmi » le court métrage de Nadia Charléry est une réussite. Projeté à Tropiques-Atrium le 17 mai dans le cadre de la journée de lutte internationale contre l’homophobie, il a fait salle comble et n’a pu accueillir tout le monde. D’autres projections sont heureusement prévues. Tourné avec peu de moyens, mais avec une détermination sans faille, le film mobilise des comédiens antillais pour défendre le droit à la différence. Autour de la table du repas qui réunit une douzaine d’amis s’organise un jeu de la vérité. Un convive énonce une affirmation, par exemple je n’ai jamais bu de pastis, et celles et ceux qui sont dans le même cas s’abstiennent de boire tandis que les autres sont tenus de vider leur verre. Ou l’inverse peu importe. Très vite le jeu s’engage sur des thématiques amoureuses et sexuelles, d’autant plus que l’ordonnateur du repas titille un couple de garçons en voulant savoir lequel des deux « fait la femme ». Il lui est répondu qu’il n’aura qu’à participer aux prochains ébats pour savoir. L’affaire va se gâter quand une jeune femme, membre de la famille va révéler, au cours du jeu, être en couple avec une autre invitée.

Tout l’intérêt du film est de recentrer la relation sur sa dimension amoureuse, sur les complicités intellectuelles et affectives qui peuvent naître entre deux personnes indépendamment de leur identité sexuelle. C’est avec pudeur que sont évoquées la tendresse et la douceur d’un amour partagé. Qui réduit l’autre à son sexe dit par là ou se situe son cerveau.

Il y a urgence a organiser des projections du court métrage dans les collèges et les lycées de Martinique, Guadeloupe et Guyane où la prégnance d’une homophobie spécifique aux afro-américains, héritée de l’esclavage, construite sur un refoulé collectif, consolidée par les déguisements carnavalesques perdure et s’inscrit dans les cours de récréation. La campagne « Ça suffit », lancée en janvier 2019 par le Ministère de l’ Éducation nationale, jusque là d’une remarquable discrétion en Martinique pourrait en être le cadre. Faut-il rappeler que les dernières données collectées, en année pleine font état d’une hausse de 38% des signalements «d’actes LGBTphobes en milieu scolaire et que 18% des lycéens ou étudiants LGBT déclarent avoir été insultés. Et qu’en est-il pour nos pays ?

Kap Caraïbe, ( Kap pour Konsey, Aide, Prevansyion) la une jeune organisation créée il y a seulement sept ans de cela a entrepris de développer une plateforme d’écoute et de dialogue. Au cours de la belle et sympathique soirée LGBT organisée au Garage Popular après la projection de « Zanmi » plusieurs membres de l’association ont déclaré suivre une formation pour intervenir en milieu scolaire. Un stage aura lieu en Martinique dans quelques mois.

Je disais « belle et sympathique soirée » car il y avait la encore beaucoup de monde dans ce café/resto aux couleurs arc-en-ciel. Une foule décontractée, tranquille, qui s’affichait pour ce qu’elle était, contente d’avoir un tel lieu à sa disposition et ravie d’y être. Quiz et autres jeux de société se sont organisés dans un ambiance chaleureuse et festive. Qui aurait cru que cela soit possible il y quinze ou même dix ans de cela ?

Fort-de-France, le 18/05/19

R.S.