« Théâtre sans animaux  » les 02, 03 04 mai à Fort-de-France

—Par Roland Sabra —

theatre_sans_animauxLa troupe « Les Comédiens » de Julie Mauduech présente un travail qui s’inscrit dans la continuité de ce qu’elle a engagé depuis 2012, faire découvrir au public martiniquais le théâtre de Jean-Michel Ribes. Après «  Batailles » l’an dernier voici « Le Théâtre sans animaux » présenté dans le cadre du festival de théâtre amateur de Foyal. La pièce créée en 2001 a été couronnée de plusieurs Molière en 2002 dont celui de meilleur spectacle comique. Elle est reprise cette année par l’auteur au théâtre du Rond-Point qu’il dirige à Paris. Elle est actuellement en tournée en France. Du genre théâtre de l’absurde elle est composée de huit saynètes. La version que nous propose Julie Mauduech est un peu différente puisqu’on ne retrouve, semble-t-il, que le sketch « Musée » du texte original auquel la metteure en scène à greffé d’autres morceaux choisis de l’auteur. C’est ainsi que l’on retrouve un extrait de « Batailles », « Bataille dans les Yvelines » écrit en 1983, non présenté l’an dernier, « Marché commun, écrit en 1980, « Jeux et joies «  écrit en 1984, «  Tourisme » écrit en 1982. Ces textes sont regroupés dans un ouvrage «  Pièces détachées » publié par Acte Sud en 1992. Lecteur si tu es en France dans les mois qui viennent et si sur ton chemin tu rencontres « Le Théâtre sans animaux » de Jean-Michel Ribes, n’hésite pas : ce que tu verras sera tout autre chose que le travail proposé à Fort-de-France. Sous un même nom se cachent des contenus bien différents et pour autant il n’y a pas tromperie sur la marchandise, car le travail présenté par la troupe « Les Comédiens » est fidèle à l’esprit un peu anar, de Jean-Michel Ribes qui s’inscrit résolument dans le fil surréaliste.

 

« Jeux et joies », un monologue décline les thèmes de l’ennui, des vacances, des divertissements absurdes sur la plage. Il est toujours difficile de démarrer un spectacle surtout quand le genre à pour objet de dérouter le spectateur. La comédienne Laurence de Pompignan. a cette lourde tâche. Elle s’en tire avec honneur.

 « Bataille dans les Yvelines » confrontent un(e) député européen, nudiste, un(e) vigneron assassin reconverti en anthropologue africaniste et un mari-amant que l’on se dispute à qui voudra bien le reprendre. Si Marisa Claude, qui n’a de comédienne amateur que le nom tant ses aptitudes à la scène se confirment chaque fois qu’elle se produit, est convaincante dans le rôle de la politicienne, Julie Mauduech dans celui du converti est de façon paradoxale moins à l’aise. A faire travailler les autres peut-être a-t-elle oublié son propre rôle ?

 Le monologue « Marché commun » donne l’occasion à Olivier Cugny de faire un numéro d’acteur qui a reçu les acclamations du public. Après un repas pantagruélique entre ministres européens, le ministre français ivre mort parle du déjeuner et des produits européens qui ont été dégustés. Une fois le trac vaincu le comédien prend possession du plateau avec aisance.

 Les deux dernières saynètes sont sans doute les plus drôles, peut-être parce que le spectateur s’y reconnaît plus facilement.. Dans « Tourisme » un couple se plaint d’avoir été abusé par une agence de voyage qui leur promettait « l’aventure ». Ils ont en réalité fait un voyage très confortable, pire : en toute sécurité ! Ils se consoleront avec le projet d’un futur circuit qui leur promet un parachutage sur le front irako-iranien ! Marisa Claude, le témoin de la narration Anne-Laurence de Pompignan et Lionel Rosalie, le couple aventureux forment un trio qui fonctionne bien sur scène. « Musée », un thème qui sera repris plus tard par Jean-Michel Ribes ( Musée haut, Musée Bas) se veut une exploration d’un monde dans lequel se rencontrent le profane et le sacré, les mortels et les œuvres éternelles, l’émotion et l’absurdité. Le spectateur est baladé de la Peinture Hollandaise aux Dadaïstes, des Antiquités grecques aux Impressionnistes par les propos des visiteurs qu »ils soient, justes, incongrus, déplacés, banals à en pleurer (de rire) ou subvertis par le surgissement de remarques prosaïques. Le déplacement en forme de ballet des sept comédiens et comédiennes sur le plateau est un exercice difficile.

 Si les belles lumières ont été gâchées par un placement des comédiens parfois hasardeux, notamment dans « Jeux et joies », la pulsion de vie qui anime Julie Mauduech est suffisamment forte pour qu’elle se communique à l’ensemble de la troupe et au public.

 

Théâtre sans animaux »

 02, 03 et 04 mai  2013 à 19 h 30 Théâtre Aimé Césaire de Fort-de-France

 Textes de Jean-Michel Ribes présentés par la troupe « Les Comédiens ». Mise en scène Julie Mauduech. Assistants de mise en scène Joana Oudreville et Sandrine Vellayoudon. Décor Fashion Déco Martinique. Tableaux Clarisse Bagoué Dubosq.

 Avec :

 Anne-Laurence de Pompignan, Julie Mauduech, Mairisa Claude, Lionel Rosalie, Olivier Cugny, Murielle Dromard, Anne-Claire Fedière, Eddy Ericher ?