« Pour la rébellion intelectuelle et la révolution des comportements politiques »

 

— Par Robert SAE —

fourmi_ordreCertains de nos compatriotes ont une grande propension à prononcer des sentences assassines à l’encontre de ceux qui expriment des points de vue différents des leurs.

 Simple prétention petite-bourgeoise ? Désarroi de voir ébranlées ses certitudes ? Syndrome de lynch ? Ce fameux réflexe de division inculqué par les maîtres et qui donne le sentiment d’exister par le seul dénigrement de ses congénères. Les ressorts sont certainement divers.

 Il en résulte, en tout cas, que nos « envoyés impériaux » nourrissent l’obscurantisme. Quand, à l’argumentation ou à l’appel à la réflexion, on répond par des harangues accusatrices, on mobilise peut-être ses partisans, mais on n’aide ni au progrès de la pensée humaine ni à l’émancipation du peuple Martiniquais.

 Chez les intégrationnistes, par exemple, il est coutume de déclarer, en fermant les yeux sur leurs écrits et sur leur pratique, que « les indépendantistes veulent chasser les blancs » et qu’ « ils n’ont pas de programmes ». Certains anticolonialistes sont sujets au même travers, accusant ceux qui osent penser d’autres stratégies ou d’autres tactiques que les leurs de « faire le jeu des adversaires ». Bien sûr, l’argumentation des gêneurs incriminés est purement et simplement ignorée.

 Beaucoup de ceux qui se disputent la commande des «  affaires » restent prisonniers des conceptions et des méthodes de lutte politiques conçues par les marionnettistes du système dominant. Cela peut-il changer le cours des choses ? On peut en douter !

 Les défenseurs de l’ordre établi ont asservi les concepts et le vocabulaire à leur idéologie et à leurs stratégies politiques ; la pensée, piégée, délaissant le fond, s’agrippe à la forme.

 A l’heure où se joue l’avenir de notre pays, plus encore celui de l’humanité, quitte à chagriner ceux que l’idéologie des oppresseurs occidentaux, les carcans de la routine et la paresse intellectuelle ont pu ossifier, la rébellion intellectuelle et la révolution des comportements politiques sont d’incontournables nécessités. Nous croyons aux vertus de l’intelligence humaine et l’histoire nous a suffisamment prouvé que les progrès de l’humanité se nourrissent des idées neuves.

 Alors, dépassant les jugements péremptoires et les excommunications, nous devons poursuivre les analyses scientifiques de la réalité et les débats théoriques sur des bases sérieuses. L’essor de la pensée humaine qui sied au XXI° siècle, le développement d’un véritable pouvoir citoyen et l’accès à la souveraineté pour notre peuple demandent que nous affinions nos conceptions, que nous repensions les rapports entre les êtres humains, que nous inventions des formes institutionnelles et des pratiques alternatives correspondant à la nouvelle ère que nous vivons.

 

 

 

 

Robert SAE

 

20 MAI 2013