Pavillon BOUGENOT

 

Un édifice d’un intérêt patrimonial certain.

 

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Le pavillon Bougenot, un Bâtiment du conseil général à découvrir

Moins connu que la bibliothèque Schoelcher dont il est une annexe, le pavillon Bougenot est pourtant plus ancien et recèle quelques surprises. A plus d’un titre, il vaut le détour et mérite que l’on s’y attarde.

Situé dans la rue Victor Sévère, à côté de la bibliothèque Schoelcher, entre la préfecture, l’hôtel de police et l’immeuble Plein Ciel, le pavillon Bougenot est aisément repérable dans le centre ville de Fort-de-France. Datant de la seconde moitié du 19eme siècle, cet édifice, tout de bois et de fer forgé, constitue un témoignage intéressant sur l’architecture coloniale de l’île de l’époque. Entouré d’un agréable jardin aux palmiers centenaires, il est inscrit à l’inventaire des monuments historiques. D’une superficie à l’origine de 600 m2, avec un soubassement en béton et une charpente métallique, il se distingue par ses nombreuses fenêtres hautes en bois, sa véranda à l’étage et son intérieur sobre et raffiné.

Cette belle demeure bourgeoise doit son nom à l’un de ses anciens propriétaires, Emile Bougenot (1838-1925), ingénieur et industriel français, ayant joué un rôle majeur dans le développement des usines centrales de la Martinique à partir de 1860.

Emile Bougenot, ancien propriétaire du pavillon qui porte son nom

Ce bâtiment a d’abord appartenu à Eugène Eustache, propriétaire de la sucrerie du Galion, qui l’a acquis en 1872. Emile Bougenot en hérite à la mort de sa femme, fille unique d’Eugène Eustache. Il l’utilise comme lieu de résidence ainsi que d’agence et de bureau pour ses affaires commerciales.

D’origine bourguignonne, Emile Bougenot arrive en Martinique en 1861 pour assurer le montage de l’usine à vapeur du Lareinty pour le compte de la société Cail dont il est administrateur et directeur. En favorisant notamment le système d’utilisation de la vapeur dans la technique de fabrication du sucre, il contribue à l’essor de l’industrie sucrière. Actionnaire de nombreuses usines à sucre de l’île, il devient rapidement incontournable, étant au centre de la création et de l’administration de tout un réseau d’usines centrales. Il acquiert ainsi une immense fortune.

Depuis 2004, des services de lecture et d’accès à Internet pour tous.

Durant la Seconde Guerre mondiale, le pavillon Bougenot a été occupé par les services de propagande du gouvernement de Vichy représenté par l’amiral Robert. Entre 1945 et 1949, c’est la Radiodiffusion qui l’utilise.

Abritant de 1961 à 1991 la Direction des services sanitaires et sociaux, le pavillon Bougenot a été ensuite restauré par le Conseil général en vue d’en faire un équipement culturel au service de la population.

En 2002, il est ouvert au public et présente pendant plusieurs mois une exposition sur les volcans à l’occasion du centenaire de l’éruption de la Montagne Pelée.

Depuis 2004, c’est une annexe de la bibliothèque Schoelcher offrant trois services consacrés respectivement à la presse, aux technologies de l’information et de la communication (TIC) et aux déficients visuels. Pendant les grandes vacances, ces trois services sont ouverts au public du lundi au vendredi  aux mêmes horaires que la bibliothèque Schoelcher : les lundi mardi et jeudi de 8h à16h30, les mercredi et vendredi de 8h à 13h :

  • au rez-de-chaussée, l’espace presse et documentation, comprenant une salle de lecture et de travail, permet la libre consultation de la presse imprimée locale, nationale et internationale mais aussi en ligne. Plus de cent journaux, magazines imprimés nationaux et internationaux de l’année en cours sont librement consultables, ainsi qu’une soixantaine de journaux antillais et des dossiers de presse relatifs à la Martinique.

Tél. : 05 96 55 68 58

Salle de lecture de l’Espace presse et documentation

  • à l’étage, un espace public numérique (ou cyberbase) vous attend pour des séances de formation aux technologies de l’information et de la communication (logiciels, traitement de texte, Internet…) ou pour vous assister dans votre navigation sur le web. NB : en raison de l’affluence, assurez-vous qu’il reste bien des places disponibles. Tél. : 0596 55 68 48

  • Une séance de formation à la cyberbase

  • également à l’étage, un espace dédié aux déficients visuels permet la consultation d’ouvrages en braille et l’écoute de livres sonores (disques compacts) et autres documents adaptés aux malvoyants. Mais tout le monde peut y venir et par exemple emprunter les CD audio.

Tél. : 0596 55 68 46

Une surprise de taille pour les amateurs d’art contemporain

A signaler qu’ au rez-de-chaussée sont exposés en permanence deux tableaux du célèbre peintre cubain Wifredo Lam, qui connaissait bien Aimé Césaire : Madame Lumumba et Deux personnages tous les deux achevés en 1938. Les deux grands hommes étaient amis. L’œuvre du chantre de la négritude a inspiré le plasticien d’origine chinoise et africaine tout au long de sa carrière. Le peintre a entre autres illustré une édition cubaine du Cahier du retour au pays natal. Quant à l’écrivain martiniquais, il lui a consacré un poème intitulé Wifredo Lam.

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 Aimé Césaire et Wifredo Lam. Derrière eux, le tableau Deux Personnages

Ces deux peintures ont été offertes au Conseil général en 2003 par Madame Françoise Thésée, historienne spécialiste de l’histoire coloniale des Antilles, notamment de la traite et de l’esclavage. A l’origine, Madame Thésée voulait en faire don à Aimé Césaire mais celui-ci souhaita qu’on les remette au Conseil général. Le tableau Madame Lumumba fut intitulé ainsi peu après l’assassinat en 1961de l’ex-premier Ministre de la République démocratique du Congo, Patrice Lumumba. Mais il n’est pas visible actuellement au pavillon Bougenot. Il a été en effet prêté au musée des beaux-arts de Nantes jusqu’à fin août pour une exposition entièrement consacrée à l’artiste cubain.

Madame Lumumba, de Wifredo Lam, prêté au musée des Beaux-Arts de Nantes

Un espace culturel offrant des possibilités de découvertes variées

Entre quelques achats à Fort-de-France ou à l’occasion d’une ballade dans le centre-ville, ou profitant d’une pause déjeuner, il est tentant de s’arrêter dans le pavillon Bougenot et de profiter de son cadre agréable pour s’informer, se cultiver ou se divertir. En ce moment, vous pourrez par exemple regarder une exposition sur la qualité des sources de la Martinique réalisée à partir d’un remarquable ouvrage publié par l’Agence régionale de santé et L’Office départemental de l’eau, l’Atlas des sources de la Martinique 2010. Entre une séance de formation à l’informatique et la lecture d’un magazine – et pourquoi pas une initiation au braille ?-, vous pourrez aussi découvrir et consulter sur ordinateur des nombreux sites Web relatifs à la Martinique et aux Antilles : environ une centaine de sites ayant trait à la culture (musées, livres, musique…), au tourisme, à l’environnement, aux administrations, aux loisirs et aux médias … Une manière comme une autre de concilier travail et détente, patrimoine et modernité dans un lieu chargé d’histoire.