« Paroles d’une île vagabonde » de Dominique Deblaine

 Deux extraits

 

Guadeloupéenne, Maître de Conférences à l’Université Montesquieu Bordeaux 4, membre du centre de recherche LAM, Les Afriques dans le Monde, UMR (IEP/CNRS) Université Montesquieu Bordeaux 4. Son domaine de recherche : la littérature antillaise.

 

Elle a écrit divers articles sur la littérature antillaise, dirigé des ouvrages universitaires, Transmission et théories des littératures francophones – Diversité des espaces et des pratiques linguistiques (Co-Éd. P.U.B./Jasor, Bordeaux/Pointe-à-Pitre, 2008), Entre deux rives, trois continents (Mélanges offerts au Professeur Jack Corzani ; Éd. M.S.H.A.), préfacé les recueils poétiques de Max Rippon Débris de Silences et Morriña (Éd. Jasor, Pointe-à-Pitre, 2004 et 2010), présenté l’œuvre de Guy Tirolien dans Plumes Rebelles (Éd. Desnel, Martinique, 2011), préfacé les œuvres théâtrales de Jesùs Carazo, romancier et dramaturge espagnol, El Ojo de cristal – América (Editorial Dossoles, Burgos, 2003), La Invitación – Los Grillos bajo la tormenta (Ed. Dossoles, Burgos, 2003), La Increíble velocidad del planeta – Flores de papel (Ed. Espiral/Findamentos, Madrid, 2004).

 

Elle a publié un récit poétique Paroles d’une île vagabonde (Éd. Riveneuve, 2011), des nouvelles « Champ d’Arbaud » (dans Écriture, n° 44, Lausanne, 1994), « L’Errant, le Désirable » (dans Entre deux rives, trois continents, Éd. M.S.H.A., Bordeaux, 2004), « Déshérence », « Impasse Montout », « Véty » (dans Riveneuve Continents, 2005 ; 2009 ; 2010) et une longue nouvelle d’une centaine de pages « L’Odeur de la terre humide » dans Nouvelles de Guadeloupe (Éd. Magellan/Desnel/Courrier International, 2009) aux côtés de 5 auteurs guadeloupéens : Gisèle Pineau, Fortuné Chalumeau, Simone Schwarz-Bart, Ernest Pépin ; le recueil a été nominé pour le prix de littérature lors des Trophées des Arts caribéens en septembre 2009.

 

Elle organise des rencontres littéraires avec des écrivains (François Bon, Patrick Chamoiseau, Abdourahman Waberi, Max Rippon, Daniel Maximin, Maïssa Bey, Aymen Hacen, entre autres), participe à des colloques internationaux et en organise, fait des conférences littéraires notamment en Guadeloupe et a animé, de 2001 à 2004, des émissions littéraires sur Radio Campus Bordeaux.

 

 

 

 

Publication, septembre 2011, du récit poétique de Dominique Deblaine, Paroles d’une île vagabonde, Éd Riveneuve.
Présentation de la couverture, de la 4° de couverture établie par Rafaël Lucas.

1° Extrait (début du livre) :
…Et me voici, île frontière, deux pas d’homme, lieu insignifiant et incontournable de crépuscules affolants, de nuits sans fond, d’aubes stupéfiantes ; île calcaire et volcanique, tout entière offerte, concédant entrailles fécondes en pamplemousses, ignames, cythères et corossols, octroyant cascatelles éblouissantes en eaux bleues de baignade et consentant bombances, festins, répits et sommeils. Fragment d’archipel peuplé de sucriers matinaux, grenouilles nocturnes, malfinis diurnes, crabes senestres, me voici île territoire frétillant. Mêlant aux vivants senteurs d’allamandas jaunes et pourpres, de six mois vert six mois rouge, de baraguettes et de caféiers, splendeur des sabliers et immortels, douceur des palmiers céleri, des tamarins bâtards, et beauté des nénuphars, me voici île admirable sous la brise plus bruissante que palmes de cocoteraies, plus odorante que frangipaniers. Mes oiseaux aventureux, voguant de plaines en mornes, attisant des désirs mélancoliques sous la clémence de la lumière de décembre, chantent sans trêve la beauté de mes nuages tantôt pesants comme tortues molocoys en ponte tantôt légers comme colibri, louent la grâce de mes pâturages d’hivernage, s’émerveillent de mes offrandes, saluent ma munificence et ma mansuétude même s’ils s’affolent parfois de mon avarice et déplorent la défaillance de mes miettes d’herbes en carême.
…Et me voici île semblable à une enfant dissipée que l’on ne gronderait pas, tresses dénattées, genoux écorchés, rires gourmands et candeur farouche conviant à l’envi aux soleils matinaux, aux ciels azurés et aux lunes pleines. Corps tendre comme figue-pomme, je présage de jardins féconds bassinés par l’eau de rosée et, irriguée de sollicitude, je croîs sur mes frêles jambes tantôt en poussée bambou tantôt en maturation balata. J’ai la vigueur des haleurs de gommiers, la patience des pêcheurs de poulpes, l’adresse des maîtres-oursins, l’aisance des marchandes, la majesté des frégates, la témérité des merles et la nonchalance des jours après la tourmente des nuits. Je ne suis pas quiétude naïve ou assurance criarde, ce n’est que mon fier orgueil qui me donne l’apparence d’une insupportable scandaleuse.
…Et me voici île abordage, ma plage pérenne et mes hauts gardiens immuables, têtes chevelues chargées de fruits d’eau, corps cambrés par les vents frénétiques et pieds amarrés au sable dur. Patiente sous le lourd soleil, vide de grappes humaines, elle est là, ma plage, calme et douce, dans l’attente des pullulements des dimanches. Sable blanc, sable noir, roches galets, ma plage indolente et avenante multiplie les apparences, prévient la monotonie, esquive l’ennui, rythme le ressac de jour comme de nuit, flux-reflux-flux-reflux, choua-choua.
…Et me voilà île intérieure chemins de montagne, traces balisées semblables à des cortèges de fourmis-bâtisseuses affairées ; arbres chétifs en carême, exubérants en hivernage, savane indigente sous soleil d’avril. Lambinant pire que tortue de février à juin, m’agitant sous les pluies de juillet, je m’affole en septembre.

2° Extrait :
Je ne veux plus enfouir mes secrets, je veux qu’on me connaisse dans mes heures fastes et moins glorieuses. Je ne voilerai plus ma bravoure, mes suffocations, mes capitulations et mes désirs aussi, car si j’ai un fort pouvoir de résilience, il ne faudrait pas me prendre pour une bourrique toujours prête à être bâtée et à subir tous les outrages. Je me languis d’un avenir bouleversant, quitte à surprendre les plus récalcitrants, quitte à les forcer à ne plus dire que je suis lente, hésitante, lunatique. Et pour clamer qui je suis, je reprendrai les mots du jeune homme aux quatre vents, je m’exclamerai : je suis de celles qui sont secouées par la houle, mais dans une eau si limpide qu’elle fait oublier tout effort, je suis aussi de celles qui s’aventurent dans des paysages qu’on dit parfois hideux mais qui font paysage. Ce sont des verrues sur ma peau que certains voudraient seulement douceur, couleur et saveur sapotille. Mais, je n’ai pas la peau d’un nouveau-né, des siècles se sont abattus sur elle avec leurs cortèges de fouets, de marinades, de saumure, de soleil et d’onguent. Elle prouve combien j’ai vécu, souri, ri, grimacé et pleuré. Moi-même ! comme disent mes habitants. Moi-même ! Je ne suis pas de celles qu’on invente à son désir, qu’on pétrit à souhait pour mieux les posséder. Je suis d’une autre trempe ! Je suis de la trempe des flâneurs nostalgiques à l’image de certaines de mes rivières qui prennent le temps de traînailler avant d’atteindre l’océan gobeur insatiable. Parfois, je suis d’une suffisance, d’une vanité, d’une arrogance qui m’affolent, mais si je ne prends pas soin de moi… qui le fera ?
Je connais le bien et le mal,
… et leurs mensonges.
je connais les lois et la liberté,
… et leurs mensonges.
je connais la raison et la passion,
… et leurs mensonges.
Je connais la plénitude et le vide,
… et leurs mensonges.
je connais la joie et la tristesse,
…et leurs mensonges.
Je sais ce qu’il en est de la faim, de la soif, de la douleur, de la supplication, du châtiment, du crime, de la vie et de la mort,
… et de leurs mensonges.
On dit
qu’on choisit soi-même ses douleurs, mais quand le déni s’est répandu sur moi, je n’étais plus consciente tant les coups s’étaient déjà abattus sur mon dos courbé et pourtant insoumis ; je ne savais plus ni mon nom ni mon âge ni qui étaient mes parents. J’ai tremblé de la tête aux pieds, j’ai roulé des yeux comme une bête débusquée, j’ai serré les poings, j’ai mordu mes lèvres, et mon sang s’est répandu sur la terre, lui donnant l’aspect d’une belle argile de potier. Des hommes ont pissé sur mon sang en riant, m’ont injuriée, ont saisi un fouet, m’ont impitoyablement scarifié le dos, les fesses, les cuisses, et je ne savais plus ni d’où je venais ni qui étaient mes parents, mes frères, mes amis. Le noir et le froid ont fondu sur moi tandis que le vent séchait ma peau. Et quand la lumière m’a de nouveau enrobée, j’ai cherché le lieu secret de la mort pour me dissoudre comme un arc-en-ciel quand la pluie agonise doucement.

 

ISBN : 78-2-36013-065-8

 

Prix public : 12 euros

 

 

Format : 12 × 20 cm

 

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30/11/2011