«Madame la présidente» ou «le président» : quelle est la règle ?

mettre_au_femininAlors que « Culture Egalité » vient d’adresser à un certain nombre de rédactions, dont celle de Madinin’Art ( oups!) un rappel à l’ordre nominatif (!) accompagné d’un aide-mémoire,(!) à propos de la féminisation des titres et des fonctions (voir ci-après!) le débat sur ce thème rebondit avec la mise à l’amende d’un député de droite qui persiste ouvertement dans la masculinisation de son discours. Faudra-t-il instaurer une police de la langue?

— Par Marion Joseph —

Le débat sur la féminisation des fonctions politiques a rebondi lundi après la sanction d’un député UMP pour avoir appelé la présidente de séance «Madame le président». Quelles sont les règles en vigueur à l’Assemblée ? Que dit l’Académie française ? Le Figaro fait le point.

• «Madame le ou la président(e)», «le ou la député(e)»: que dit le règlement de l’Assemblée?

Le sujet est revenu sur la table lundi soir lorsque le député UMP Julien Aubert a apostrophé la présidente de séance, Sandrine Mazetier, en débutant son propos par «Madame le président». Trois mots qui ont fait bondir l’intéressée. Celle-ci n’a pas tardé à rappeler le parlementaire à l’ordre pour ne pas avoir féminisé sa fonction, avec inscription au procès-verbal. Résultat: l’élu va être privé d’un quart de son indemnité parlementaire pendant un mois, soit 1378 euros. En prononçant cette sentence, Sandrine Mazetier n’a rien fait d’autre que s’appuyer sur le règlement de l’Assemblée nationale. Une instruction du bureau du Palais Bourbon, prise en 1998 et rappelée en 2000, fait obligation de féminiser les fonctions exercées par des femmes dans l’Assemblée. Dans l’enceinte de l’hémicycle, on doit donc dire «Madame la députée» ou «Madame la présidente» (de commission, de séance, etc). Cette règle ne s’applique pas en revanche aux fonctions ministérielles. Julien Aubert a donc pu continuer à dire «Madame le ministre» à propos de Ségolène Royal, sans risquer de voir sa sanction doubler.

• Pour sa défense, l’élu UMP s’est réfugié derrière l’Académie française. À juste titre?

L’Académie française est contre la féminisation des fonctions. Sur son site internet, elle regrette que de plus en plus de noms de métiers, fonctions, grades ou encore titres aient été féminisés au cours des dernières années. Car, pour ses membres, le genre masculin a une «valeur collective et générique», qui ne rend pas nécessaire d’utiliser le genre féminin dans certains cas. «Il est inutile, pour désigner un groupe de personnes composé d’hommes et de femmes, de répéter le même substantif ou le même pronom au féminin puis au masculin», explique notamment l’institution. Qui poursuit: «Seul le genre masculin, qui est le genre non marqué (il a en effet la capacité de représenter les éléments relevant de l’un et de l’autre genre), peut traduire la nature indifférenciée des titres, grades, dignités et fonctions. Les termes chevalière, officière (de tel ordre), députée, sénatrice, etc., ne doivent pas être employés». Autrement dit, pour l’Académie française, la fonction, en politique, ne peut être identifiée à la personne qui l’occupe.

Selon le linguiste Bernard Cerquiglini, recteur de l’Agence universitaire de la francophonie, «l’usage de l’Académie revient à féminiser les noms de métier, mais à garder au masculin les plus prestigieux», comme les nominations en Conseil des ministres. Une norme «désuète» selon lui, mais à laquelle «s’accroche l’Académie française», contrairement à «l’Assemblée nationale qui a opté pour la féminisation, comme le veut l’usage».

• Une sanction démesurée?

Alors que plusieurs voix à droite se sont élevées contre la sanction «disproportionnée» de Julien Aubert, que dit le règlement de l’Assemblée? «Est rappelé à l’ordre avec inscription au procès-verbal tout député qui, dans la même séance, a encouru un premier rappel à l’ordre», indique l’article 71, alinéa 4. Ce qui fut le cas de l’élu du Vaucluse, plusieurs fois prévenu par la présidente de séance socialiste. Selon l’alinéa 5 du même article, «est également rappelé à l’ordre avec inscription au procès-verbal tout député qui se livre à une mise en cause personnelle, qui interpelle un autre député ou qui adresse à un ou plusieurs de ses collègues des injures, provocations ou menaces». En la matière, on peut dire que Julien Aubert est un récidiviste puisqu’il avait déjà eu maille à partir avec Sandrine Mazetier sur ce sujet en janvier 2014. Enfin, l’alinéa 6 indique que «le rappel à l’ordre avec inscription au procès-verbal comporte de droit la privation, pendant un mois, du quart de l’indemnité parlementaire allouée aux députés».

Une sanction inédite, selon Bernard Cerquiglini, qui n’a pas souvenirs de pareils cas dans le passé, même si les querelles à ce sujet sont monnaie courante à l’Assemblée. «Julien Aubert n’a toutefois pas été sanctionné pour avoir oublié un participe passé, mais plutôt pour une question sociale, souligne le linguiste, qui rappelle qu’il s’adressait notamment à Ségolène Royal, «qui a publié une circulaire sur la féminisation des métiers lorsqu’elle était ministre déléguée à l’Enseignement scolaire».

• La féminisation à l’étranger?

Dans les pays francophones comme la Belgique, la Suisse et le Québec, la féminisation des métiers et des fonctions est largement entrée dans les mœurs. «Elle a démarré au Québec. Dès le début des années 90, des femmes se présentaient déjà comme des ‘écrivaines’», se rappelle le spécialiste de la langue française, Bernard Cerquiglini. «On n’y rencontre pas du tout les même débats que chez nous. L’histoire de notre langue est une histoire de querelle». En Belgique, la situation est au contraire pacifiée depuis plus de dix ans. L’Académie belge a publié un texte en faveur de la féminisation à la fin des années 90.

http://www.lefigaro.fr/politique/2014/10/07/01002-20141007ARTFIG00324-madame-la-presidente-ou-le-president-quelle-est-la-regle.php

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culture_egalite
Association « Culture Egalité »
« Libres – autonomes – solidaires »

Objet : Lettre ouverte aux journalistes,

Mercredi 1er octobre 2014

Monsieur Roland SABRA

Vous travaillez pour la presse écrite ou à la télévision et votre discours, votre langage sont essentiels : ils peuvent être des modèles pour ceux qui vous lisent ou vous regardent.

Nous avons malheureusement constaté que notre précédent courrier est resté sans effet et que le public martiniquais continue à lire et à entendre de vous un discours « au masculin ». Certes, les habitudes sont difficiles à perdre et deux siècles et demi de « masculin l’emporte sur le féminin », c’est long.

En effet, c’est au XVIIIe siècle et pour faire barrage aux femmes de lettres qui s’apprêtaient à entrer à l’Académie que les Académiciens ont créé de toutes pièces cette nouvelle grammaire. Les hommes du XVIIIe le savaient bien : ne pas nommer une personne équivaut à occulter, voire à nier son existence.

Il est temps aujourd’hui de reconnaître la place et le rôle des femmes dans la société.

Pour que les femmes se sentent concernées par vos discours et pour vous aider dans votre effort d’égalité langagière, nous vous proposons en annexe, un petit « pense-bête », qui nous l’espérons, vous sera utile.
Cordialement,
Les militantes de Culture Egalité Contacts : Huguette Bellemare : 0696 336 692 -Géraldine De Thoré : 0696 970 801 -George Arnauld : 0696 163 996

AIDE MEMOIRE

PRESSE ECRITE


Au lieu de

Ecrire

Les élus

Les élu-e-s

Les martiniquais

Les Martiniquais-e-s ou les martiniquais et martiniquaises

Les habitants

Les habitant-e-s, les habitants et les habitantes

Les auteurs

Les Auteur-e-s , les auteurs et les auteures

Les professeurs

Les Professeur-e-s , les professeurs et professeures
………….. ………….


Quelques phrases relevées qui nient l’existence des femmes


« Les hommes qui agissent dans notre pays »


« Les grands hommes qui font ce pays »…


« Bonjour à tous »… « Les hommes politiques »…


«Bonsoir chers téléspectateurs »…


« Ceux qui nous ont fait le plaisir d’être là aujourd’hui»(il y a 80% de femmes dans la salle)