L’Opéra lance une formation aux métiers du spectacle

 

Par Ariane Bavelier

 

—Nicolas Joel, actuel directeur de l’Opéra de Paris, souhaite que l’institution devienne un lieu de «formation cohérente» pour toutes les professions qui composent l’univers du lyrique et du ballet.

Mettre la formation de ­jeunes professionnels des métiers du spectacle au cœur de l’Opéra de Paris. Tel est le sens d’Opéra Campus, l’initiative lancée mardi par Nicolas Joel, actuel directeur de l’Opéra de Paris. «Je constate et j’ai ­toujours su que les métiers du spectacle vivant et du théâtre lyrique s’apprennent en côtoyant les professionnels qui les pratiquent», dit-il, rappelant que, des cordonniers aux choristes, l’Opéra de Paris compte une centaine de métiers différents. La maison forme déjà des talents en herbe avec l’École de danse, qui fête son 300e anniversaire cette année et fournit la quasi-totalité des danseurs du ballet, et l’Atelier lyrique créé sous sa forme actuelle par Gerard Mortier.

«Il est temps d’étendre à l’orchestre, aux choristes et aux métiers du spec­tacle, dit Christophe Tardieu, directeur général adjoint. Faute de formation cohérente, nous manquons de perruquiers, couturiers, chapeliers pour la direction des costumes ou pour la direction technique de serruriers, sculpteurs sur composite, peintres (pour toiles de décors…).» Stéphane Lissner, qui prendra la direction de l’Opéra en 2015, assure vouloir poursuivre ce projet. «Partout où je suis passé, dit-il, j’ai cherché à étendre la formation: à Aix, j’ai créé l’Académie européenne de musique ; à la Scala, j’ai développé l’Académie qui rassemble mille élèves musiciens, chanteurs, danseurs et métiers du spectacle. Benjamin Millepied travaillera en ce sens avec la danse, ouvrant des ateliers de chorégraphe. C’est la mission du service public de ­former des jeunes.»

Première étape en septembre avec la création de l’académie de l’Orchestre: cinq «académiciens», aussi verts que l’habit de leurs homonymes du quai Conti, seront recrutés sur concours. Placés sous la tutelle d’un musicien de l’orchestre, ils participeront pendant une saison aux répétitions et aux représentations d’un certain nombre d’œuvres. «Nous espérons passer à dix ou douze dès la saison suivante. Philippe Jordan y tient beaucoup», précise ­Nicolas Joel qui compte sur le mécénat pour développer l’opération. Lancées entre mai et juillet, les auditions recruteront aux pupitres d’alto, de violoncelle, de contrebasse, de cor et de trompette. Vienne ou Berlin ont déjà leurs académies d’orchestre.

«Pour un instrumentiste, explique Christian Schirm, directeur de l’Atelier lyrique, il est fondamental d’avoir une expérience avec un orchestre de renom avant d’affronter les concours d’entrée dans une grande formation, comme il est fondamental pour un jeune chanteur de savoir travailler avec un orchestre et un metteur en scène pour faire carrière à l’opéra.» L’Atelier lyrique prépare ­seize jeunes artistes (douze chanteurs et quatre pianistes chefs de chant). Dans un cursus rémunéré de deux à trois ans, ils approfondissent le répertoire, participent aux productions et concerts de l’Atelier lyrique, et chantent leurs ­premiers rôles, petits ou grands, sur la scène de l’Opéra. Stanislas de Barbeyrac, Marianne Crebassa, Alexandre ­Duhamel, Elena Tsallagova en sont les dernières fiertés.

Carmen à La Baule

Seconde étape, vraisemblablement les choristes, sur une formule particulière, puisque chaque formation suit un modèle adapté spécialement. Pour les métiers liés aux ateliers du théâtre, l’Opéra de Paris cherche la juste équation avec l’Éducation nationale et la formation professionnelle pour établir un cursus homologué. Les théâtres manquent de ces personnels très qualifiés. «De même aux opéras de Lyon, Nice, Toulouse, ­Bordeaux, Strasbourg, et pourquoi pas la Comédie-Française que nous allons ­fédérer autour de ce projet», dit Christophe Tardieu.

Si la scène reste au cœur des préoccupations de la maison pour qui ­Stéphane Lissner prévoit davantage de tournées dans les villes de province aux théâtres désertés, l’audiovisuel continue à se développer. À travers la filiale créée l’an passé, l’Opéra de Paris met gratuitement à disposition des communes cet été des captations de ses spectacles. À charge pour elles de les diffuser gratuitement. D’ores et déjà, Carmen sera donné le 10 août à La Baule et le 16 dans les Arènes de Bayonne. La Mairie de Paris s’est dite aussi intéressée.

Mis à jour le 25/02/2013

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