« L’homme fidèle » de Louis Garrel

Vendredi 15 février à 19h30 Madiana V.O.

— Par Selim Lander —

Dans un film rohmérien de bout en bout, Louis Garrel nous livre un nouveau conte moral. Quelle peut être la destinée d’un homme fidèle confronté à des femmes qui ne le sont pas ? La réponse proposée par Louis Garrel vaut ce qu’elle vaut mais elle est très agréablement tournée et son film (le second de sa jeune carrière) qui abonde, mine de rien, en rebondissements, souvent drolatiques, n’ennuie pas une minute.

On peut raconter le début pour se mettre dans l’ambiance. Abel vit avec la belle Marianne dans le riche appartement parisien d’icelle. Au moment où il va partir au travail, elle lui annonce qu’elle est enceinte… d’un autre, Paul, leur meilleur ami commun. Il faut donc qu’Abel vide les lieux pour céder la place à Paul, ce qu’il fait sans protester. Il est fidèle, elle pas.

La suite se place neuf ans plus tard, au moment où Paul vient de mourir dans son lit, d’un arrêt cardiaque. On n’en dira pas davantage. Sachez simplement que rien n’est simple, que les retrouvailles attendues entre Marianne et Abel ne font l’affaire ni de Joseph, fils de Marianne, ni d’Eve, sœur du défunt Paul, deux personnages parfaitement retors.

Laetitia Casta est une Marianne mystérieuse à souhait. Le jeune Joseph Engel, le Joseph du film, mène le jeu à sa façon avec un regard lumineux. Quant à Lily-Rose Depp, elle a le physique et la rouerie d’une authentique Eve. Pour les spectateurs loin de la capitale et de ses milieux branchés, il n’est pas sans intérêt d’observer qu’un comédien-réalisateur comme Louis Garrel (par ailleurs époux à la ville de Laetita Casta), qui s’est programmé dans Abel, puisse incarner une forme de séduction masculine, rien dans son physique ou dans sa mise ne semblant le destiner à première vue à un tel destin.

En dépit de certaines invraisemblances du scénario, cette comédie romantique à la française mérite d’être vue pour le vent de liberté qui y souffle et pour son ton joliment élégant.