« Les travailleurs de la mer » de V. Hugo, adaptation de Paul Fructus

travailleurs_de_la_merLundi 21 juillet 2014 19H30 au T.A.C. (Théâtre Aimé Césaire)

Argument : Au début des années 1820, à Guernesey (île anglo-normande), Mess Lethierry, patron d’une petite entreprise de cabotage, révolutionne l’île en la reliant à Saint-Malo, grâce au premier bateau à vapeur. Mais un jour, ce bateau (baptisé la Durande) s’échoue entre les écueils de Douvres. Déruchette, orpheline adoptée par son oncle Mess Lethierry, s’engage à épouser celui qui ramènera ce qui pourrait sauver son oncle de la ruine : la machine à vapeur emprisonnée dans le ventre de l’épave.
Gilliatt, travailleur de la mer et force de la nature, tenu à l’écart par les habitants car soupçonné d’avoir quelques accointances avec les esprits (il est surnommé Gilliatt le malin), amoureux de Déruchette depuis plusieurs années, se porte volontaire. Il va alors affronter les éléments déchaînés et ramener la machine à vapeur. Mais lorsqu’il découvre que Déruchette est amoureuse du jeune révérend Ebenezer, il se sacrifie : après avoir organisé secrètement leur mariage, il se laisse engloutir par la mer.

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— Critique parue dans la Terrasse par Catherine Robert —

Paul Fructus réussit une remarquable adaptation des Travailleurs de la mer, de Victor Hugo, qu’il interprète avec un sens du rythme, un art de la démesure épique et une émotion éblouissants.
La tendresse émue d’une fin de veillée passée à écouter une histoire merveilleuse et terrible.
En traçant un jour le nom de Gilliatt dans la neige, la jeune et jolie Déruchette a, à tout jamais, inscrit le sien dans le cœur de l’austère et solitaire marin qui poussera jusqu’au sacrifice la dévotion secrète et intense qui enflamme son âme de titan. Accroché entre ciel et terre sur les rochers des Douvres, il y affronte les éléments, la pieuvre meurtrière, la faim, la soif et lui-même pour y récupérer la machine à vapeur de la Durande, le steamer échoué de Mess Lethierry qui a promis la main de sa nièce à qui lui rapporterait son bien. Le projet de Paul Fructus d’adapter à la scène cette œuvre gigantesque et de faire entrer dans les limites de son jeu solitaire et d’un plateau étroit toute l’immensité de ce roman, qui emprunte à la mer ses dimensions et sa puissance, est une gageure qu’il relève avec une intensité rare et un pari à la mesure de celui de Gilliatt. Car le comédien se fait Gilliatt non seulement par la force de l’interprétation et de l’évocation, mais aussi parce que, à l’instar du marin forgeant des anneaux grossiers et des poulies formidables pour arracher le trésor mécanique à son tombeau maritime, Paul Fructus triture, transforme, soude le matériau théâtral en artisan inspiré pour faire naître d’une scène devenu creuset diabolique un chef-d’œuvre époustouflant.

Un comédien protéiforme faisant feu de tout bois…/

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Publié le 10 octobre 2009