Conte Colibri de Lafcadio Hearn

Lundi 3 juin 2019 à 19h Maison de la Culture de Trinité

Par la troupe  de l’atelier théâtre du service municipal de la culture de La Trinité.

— Bo-bonne fois…
— Trois fois bel conte!

Il était une fois… Il y a longtemps, longtemps. En ce temps-là, le Diable n’était encore qu’un tout petit, petit bonhomme.

Or donc, le Bon Dieu voulait faire une route et les nègres prétendaient ne savoir travailler qu’au son du tambour. Un seul tambour il y avait sur la terre: le tambour de Colibri.

Dieu manda le Cheval.

— Chouval, mon fils, va-t-en chez Coulibri lui demander son grand tambour. S’il refuse de me le prêter… frappe!!!

Chouval s’en va: Placata, Placata, Placata.

Il arrive chez Colibri

— Bonjour Coulibri!
— Bonjour Chouval!
— Bon Dié, mon maître, te demande de lui prêter ton grand tambour.

Coulibri répond, l’effronté:

— Tu diras à Bon Dié, ton maître, qu’il aura le tambour… quand ma tête sera sous la pierre de taille, dans la cour de ma maison.

Chouval se cabre. Coulibri comprend qu’il faut se défendre.

Sans perdre la carte, il appelle Crapaud, son nègre.

Crapaud veut bien «manier» le tambour, n’est-ce-pas?

Alors Crapaud escalade le tambour, le fait sonner. Il commence à chanter:

«Ingoui, ingoua; gombou-lé zombis,
Bambous-lé-bois, bambous-lé-zombis;
Ingoui, ingoua; bam si boin, tambingoui
Tambingoua;
Timb si moin prêté pou renne.»

*****

Lafcadio Hearn (Leucade, Grèce, 27 juin 1850 – Tōkyō, Japon, 26 septembre 1904) est un écrivain irlandais qui prit ensuite la nationalité japonaise sous le nom de Yakumo Koizumi.

Né d’un père irlandais militaire dans l’armée britannique et d’une mère grecque, Patrick Lafcadio Hearn est élevé par sa tante àDublin à la suite de la séparation de ses parents. Il perd un œil à 13 ans dans un accident en jouant avec des camarades de classe. Rejeté par sa famille, il fait un passage à Londres puis à Paris.

Lafcadio s’installe ensuite à 19 ans en Amérique à New York puis à Cincinnati, et devient journaliste. Il y découvre la culture japonaise par l’intermédiaire de contacts avec l’ambassadeur du Japon.

En 1874, il épouse en cachette Althea « Matthie » Foley une métisse cuisinière, alors que les mariages mixtes sont illégaux. Lorsque cette union est découverte, il est renvoyé de son journal l’Enquirer et rejoint le journal rival, le Cincinnati Commercial.

En 1877 il quitte Cincinnati et part en Louisiane à La Nouvelle-Orléans. Il s’intéresse alors à la culture créole de La Nouvelle-Orléans, il découvre la culture créole et publie en 1885 un dictionnaire de proverbes créoles « Gombo Zhèbes » et un recueil de cuisine « La cuisine créole ».

En 1889, le journal Harper’s Monthly où travaille Hearn, l’envoie comme correspondant aux Antilles. Il restera deux ans à Saint-Pierre en Martinique. L’île qu’il qualifie de « Pays des revenants » lui inspire son roman Youma. S’intéressant de près aux contes traditionnels martiniquais, il en recueillera un grand nombre et publiera plusieurs ouvrages (« Trois fois bel conte… », « Contes créoles (II) » ).

En 1889, le journal Harper’s Monthly où travaille Hearn, l’envoie comme correspondant aux Antilles. Il restera deux ans à Saint-Pierre en Martinique. L’île qu’il qualifie de « Pays des revenants » lui inspire son roman, Youma. S’intéressant de près aux contes traditionnels martiniquais, il en recueillera un grand nombre et publiera plusieurs ouvrages (Trois fois bel conte…, Contes créoles II).

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