Jour : 9 janvier 2017

« Captain Fantastic », film anti-système

— Par Selim Lander —

Dans l’une des séquences de Captain Fantastic (au titre bien mal choisi), on entend une petite fille de huit ans rappeler que le free speech est un droit constitutionnel aux Etats-Unis. Rien n’illustre mieux le principe que ce film qui dénonce le consumérisme et le laxisme de l’éducation moderne, qui pointe du doigt la laideur des obèses, ridiculise les croyances des adeptes du christianisme et qui va jusqu’à bafouer le tabou du respect dû aux morts en montrant un père et ses enfants dansant, après l’avoir déterré, autour du cadavre de la maman bien-aimée en train de se consumer sur le bûcher qu’ils viennent d’allumer, avant de se conformer aux dernières volontés de la défunte en jetant ses cendres dans la cuvette des toilettes d’un aéroport. A-t-on jamais vu un film qui invoque les fondements juridiques de la démocratie américaine pour s’attaquer aussi directement à des valeurs de la classe moyenne aussi intangibles que la Bible ou le capitalisme ?

Captain Fantastic commence comme un conte de fées. Un père et ses six enfants vivent une existence de Robinsons dans la forêt.

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Danse : Les turqueries de Christian Rizzo

— Par Selim Lander —

Tropiques-Atrium, comme chacun sait, a obtenu/retrouvé le label scène nationale jadis perdu par le défunt CMAC. C’est une chance pour les Martiniquais qui ont ainsi accès à un large panorama de la création contemporaine dans les domaines de la danse, de la musique, du théâtre. Cela étant, les artistes vivants, dans la mesure où ils ne se contentent pas de répéter le passé, encourent le risque de heurter le public. Qui dit création dit nouveauté ; qui dit nouveauté dit danger. Un danger partagé : l’artiste risque de se heurter à l’incompréhension du public ; le public risque de s’ennuyer, voire d’être heurté dans ses convictions intimes. Comme nous l’avons signalé à plusieurs reprises, le risque est d’autant plus grand, aujourd’hui, que les artistes se sont accordés, en matière de création, une liberté inimaginable par les générations antérieures aux Duchamp, Picasso, etc. « Le presque rien, le n’importe quoi » côtoient désormais les œuvres conjuguant une imagination puissante et un véritable savoir-faire. 

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« Bacalaureat »

Jeudi 12 & Lundi 16 janvier 2017 en VO

Bacalaureat (Baccalauréat en français)

De Cristian Mungiu
Avec Adrian Titieni, Maria Drăguș, Lia Bugnar
Genre Drame
Nationalités Roumain, Français, Belge
Synopsis :
Romeo, médecin dans une petite ville de Transylvanie, a tout mis en œuvre pour que sa fille, Eliza, soit acceptée dans une université anglaise. Il ne reste plus à la jeune fille, très bonne élève, qu’une formalité qui ne devrait pas poser de problème : obtenir son baccalauréat. Mais Eliza se fait agresser et le précieux Sésame semble brutalement hors de portée. Avec lui, c’est toute la vie de Romeo qui est remise en question quand il oublie alors tous les principes qu’il a inculqués à sa fille, entre compromis et compromissions…

La presse en parle :

20 Minutes par Caroline Vié
Prix de la mise en scène à Cannes, « Baccalauréat » est un drame d’une intensité rare dont l’enjeu dépasse la réussite ou l’échec à un examen…
La critique complète est disponible sur le site 20 Minutes

La Croix par Arnaud Schwartz
Écrivons-le sans préambule : voilà exactement ce que l’on est en droit d’attendre d’un grand film cannois.

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Essai. L’Afrique sous servitude monétaire

— Par Jean Chatain —

L’ouvrage, soutenu par la Fondation Gabriel-Péri, analyse les diktats du Trésor français.

Créé en 1945, le franc CFA désigna d’abord la monnaie des « colonies françaises d’Afrique » ; une appellation qui, convenons-en, sonnait fâcheusement lorsque l’ère des indépendances fut formellement venue. D’où ce tour de passe-passe : le sigle est maintenu, mais est ­désormais censé se traduire par « franc de la communauté financière africaine ». Depuis, le franc français a disparu, mais le CFA perdure, symbole d’économies maintenues sous la coupe d’une tutelle en passe de se dédoubler : française et européenne…
L’héritage de la colonisation

La distinction entre monnaie métropolitaine donneuse d’ordres (le FF, franc français, hier, l’euro aujourd’hui) et monnaie serve (le CFA) reflète la nature spécifique des structures de l’économie coloniale, cantonnée au rôle exclusif de fournisseuse de matières premières. Ainsi les banques centrales africaines sont-elles contraintes de déposer 50 % de leurs réserves de change auprès du Trésor français sous prétexte de garantie de convertibilité de leur monnaie. Et leurs objectifs en matière de politique monétaire sont fixés non par elles-mêmes, en fonction des intérêts nationaux correspondants, mais au niveau de la zone franc globale par Paris, en fonction des exigences de l’ancienne puissance coloniale.

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