Comment rendre visible une maladie longtemps ignorée et encore trop mal diagnostiquée ? C’est la question à laquelle tente de répondre Vivre avec l’endométriose, documentaire réalisé par Léa Ménard et produit par « Beau comme les Antilles », avec la participation de France Télévisions – Pôle Outre-mer. Le film, tourné au cœur des territoires ultramarins, sera projeté en avant-première dans plusieurs communes de Martinique début décembre, en présence de la réalisatrice et de Nataly Dabon, patiente experte et présidente de l’association Endo Form 972.
Un film qui commence par une écoute
La genèse du documentaire tient en une démarche simple : se défaire des discours extérieurs pour laisser la parole aux femmes concernées. Avant même d’allumer sa caméra, Léa Ménard a pris le temps d’appeler chacune des participantes. « Je voulais les rencontrer avant de les filmer, les entendre, créer un lien de confiance », explique-t-elle. Ce choix oriente profondément l’esthétique et la narration du film : pas de voix off, pas de commentaire, aucun effet de dramatisation. Juste des vies, leurs gestes, leurs silences et leurs mots.
Durant vingt jours et sur quatre territoires — Martinique, Guadeloupe, Guyane et La Réunion — la réalisatrice capte le quotidien de quatre femmes dont les parcours se répondent et se complètent. Certaines évoquent la douleur chronique, d’autres les difficultés du diagnostic, d’autres encore le rapport au corps ou au désir de maternité. Peu à peu, une réalité s’impose : celle d’une maladie systématiquement sous-estimée, qui touche pourtant une femme sur dix.
La force de l’intime pour éclairer un enjeu de santé publique
Dans les Outre-mer, l’endométriose est un défi majeur. Les structures de soins se renforcent mais demeurent inégales d’un territoire à l’autre ; les retards de diagnostic restent fréquents. À La Réunion, où la réalisatrice a également tourné, les associations pionnières et les filières structurées jouent un rôle essentiel. En Martinique, la filière endométriose Martinique et les associations locales — dont Endo Form 972 — multiplient les actions pour améliorer la connaissance de la maladie et accompagner les patientes.
Le film montre ces initiatives, mais sans jamais perdre son fil central : les femmes elles-mêmes. Leur courage ordinaire, leurs stratégies pour continuer à vivre malgré la douleur, les solutions qu’elles construisent — yoga, alimentation, accompagnement psychologique, groupes de parole — composent un tableau nuancé, loin de la fatalité.
« Ce qui m’a frappée, c’est la sororité », confie Léa Ménard. « Elles se soutiennent sans se juger. Chacune reconnaît ce que l’autre traverse. C’est ce lien qui, à mes yeux, est le cœur du film. »
Un outil de sensibilisation appelé à se diffuser largement
En France, il faut encore près de sept ans en moyenne pour obtenir un diagnostic d’endométriose. Le documentaire intervient dans un moment où la mobilisation s’intensifie, autant sur le plan national que local. En Martinique, l’ARS réaffirme son engagement aux côtés des associations et des structures de soins pour améliorer la prise en charge et réduire l’errance diagnostique.
Les projections publiques du mois de décembre s’inscrivent dans cette dynamique. Elles permettront au public d’échanger directement avec la réalisatrice et une patiente experte, offrant un espace précieux pour poser des questions et libérer la parole. Les premières projections organisées hors de Martinique ont déjà suscité un phénomène marquant : de nombreuses femmes se lèvent pour témoigner à leur tour, parfois pour la première fois.
Les avant-premières en Martinique
Entrée libre – Ouvert à tous
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Jeudi 4 décembre – 19h30
Maison de la culture du Lorrain
📞 0596 53 81 42 / 0596 53 47 08 -
Vendredi 5 décembre – 19h
Centre culturel de Basse-Gondeau, Le Lamentin
📞 0696 77 94 64 -
Jeudi 11 décembre – 19h
Médiathèque du Carbet
📞 0596 78 64 86 -
Vendredi 12 décembre – 18h30
Médiathèque de Sainte-Luce
📞 0596 62 52 56
Ces projections marqueront une nouvelle étape dans la diffusion du film, avant sa programmation sur Martinique La 1ère, et constituent autant d’occasions de rappeler que comprendre l’endométriose, c’est agir pour la santé des femmes.
