Violences faites aux femmes : la prise en charge des psychotrauma est insuffisante en France selon le Haut Conseil à l’Égalité

Dans un rapport publié ce jeudi 6 juillet, le Haut Conseil à l’Égalité a appelé au développement des centres de psychotrauma. L’objectif : mieux suivre les femmes victimes de viols et de violences conjugales.

Le Haut Conseil à l’Égalité appelle, dans un rapport rendu public ce jeudi 6 juillet, à développer sur tout le territoire les centres régionaux de psychotrauma (CRP) et à les recentrer sur l’objectif de prise en charge globale des femmes victimes de violences.

« C’est une belle idée, mais qui n’a pas eu les moyens de se développer correctement. Ils ne sont pas répartis sur tout le territoire et ils ne sont pas ciblés sur les traumatismes des femmes victimes de violences, ce qui était l’objectif d’origine », explique la présidente du HCE Sylvie Pierre-Brossolette.
96 000 femmes victimes de viols chaque année en France

En France, 96 000 femmes sont victimes de viol ou de tentative de viol chaque année et 213 000 de violences conjugales, selon le rapport remis à la ministre chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, Isabelle Rome.

Risquant de développer un psychotraumatisme, elles « nécessitent une prise en charge rapide et adaptée ». Or, les victimes mettent en moyenne 13 ans pour trouver une prise en charge adaptée, et un quart n’y accède jamais, selon ce même rapport.

Ces centres, dont la création a été annoncée en 2017, ont pour mission d’assurer une « prise en charge globale » et gratuite des victimes : psychique et somatique, mais aussi sociale et juridique.

Le HCE regrette un « maillage territorial faible et disparate » : au lieu des 100 prévus au départ, seuls 15 existent, dont dix sont vraiment opérationnels. Ils couvrent des territoires très larges, occasionnant des délais de prise en charge allant jusqu’à 12 mois.

Soigner, former et constituer un réseau de prise en charge

Le HCE recommande de déployer 300 centres sur le territoire, soit un pour 200 000 habitants. Ces CRP, dotés d’un budget de 500 000 euros par an, ont trois missions : soigner, former des professionnels (soignants, personnels du médico-social, de la justice et des forces de l’ordre…) et constituer un réseau de prise en charge autour d’eux.

« Or aucun n’assure ces trois missions en même temps. Par manque de moyens, ils doivent choisir », relève Sylvie Pierre-Brossolette, qui appelle à les « financer correctement ».

« De plus ils soignent tous les traumas, alors qu’ils devaient à l’origine se concentrer sur les femmes victimes de violences : c’est un problème majeur et très spécial, ce n’est pas la même chose qu’un accident de la route. Il faut un personnel spécialisé », ajoute-t-elle.

Source : AFP / Elle