Violences conjugales : 146 femmes tuées par leur conjoint ou ex-compagnon en 2019

Les chiffres officiels rendus publics ce lundi par la Délégation aux victimes montrent une hausse de 21% des féminicides par rapport à 2018. Cela représente quasiment un décès tous les deux jours.

— Par Vincent Gautronneau —

Érigée « grande cause du quinquennat », la lutte contre les violences sexistes et sexuelles peine encore à produire des résultats concluants. Selon les chiffres dévoilés ce lundi par la Délégations aux victimes, 173 personnes sont mortes en 2019 sous les coups de leur partenaire ou leur ex-partenaire. Un chiffre en hausse de 16 % par rapport à l’année précédente (149 personnes décédées). Sans surprise, une grande majorité des victimes sont des femmes. 146 ont été tuées en 2019 dans un cadre intrafamilial. 88 % l’ont été par un homme. Elles étaient 26 à avoir déjà porté plainte pour des violences conjugales.

Si le Grenelle des violences conjugales, organisé en septembre dernier, doit éviter ce genre de drame, le système ne semble pas encore infaillible. Vendredi, une femme a été poignardée par son compagnon dans les Côtes-d’Armor. Le suspect avait été condamné en juin 2020 à 10 mois de prison ferme pour des violences sur sa compagne commises au cours du mois d’avril. Une peine qui n’avait pas encore été mise à exécution.

« Il y a évidemment encore du travail à faire, notamment dans le contrôle de l’effectivité des contrôles judiciaires, admet-on au ministère de l’Intérieur. Mais des mesures viennent d’être mises en place et donneront des effets dans les semaines à venir. Les bracelets anti-rapprochement seront d’ailleurs opérationnels, grâce à la mobilisation du garde des Sceaux, à partir du mois de septembre. »

Des formations renforcées pour gendarmes et policiers

L’autre mesure majeure vise à écarter les potentiels agresseurs d’armes à feu. En 2019, 68 % des victimes de violences intrafamiliales ont été tuées à l’aide d’une arme. La promulgation de la loi du 30 juillet 2020 visant à protéger les victimes de violences conjugales donne désormais la possibilité aux forces de l’ordre de « saisir des armes à feu lors de perquisitions qui font suite à un appel pour des violences conjugales, explique le ministère de l’Intérieur. Bien sûr, cela n’empêchera pas tous les homicides, notamment ceux réalisés avec une arme blanche, mais cela minimisera les risques. »

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Les autorités comptent aussi sur « une mobilisation sans précédent des forces de l’ordre sur la prise en charge des violences conjugales avec la mise en place de nouvelles méthodes et des formations renforcées pour tous les policiers et gendarmes », assure Gérald Darmanin, le ministre de l’Intérieur. « Pas un membre des forces de l’ordre ne quitte désormais l’école sans avoir été formé, appuie-t-on place Beauveau. L’objectif est de ne plus passer à côté de certains signaux d’alerte. »

Enfin, la plateforme arretonslesviolences.gouv.fr, qui a reçu plus de 4000 tchats en ligne relatifs aux violences intrafamiliales depuis son lancement doit aussi permettre de « mieux repérer des violences subies dans l’intimité d’un foyer par quelqu’un qui ne pourrait pas déposer plainte. »

Source : LeParisien.fr