Un souffle de rage et de sons sur « Présences »

— Par Maurice Ulrich —

presences_2015Le festival de Radio France a retrouvé de l’audace et de l’ambition avec « On fire », 
de Benjamin de La Fuente, autour de la figure radicale de Malcolm X.

En réintégrant sa maison mère, avec son grand auditorium tout neuf et très beau, le festival Présences, après une longue éclipse, allait-il retrouver son âme ? Question posée dès son ouverture, le week-end passé, et qui, à vrai dire, n’a trouvé qu’une demi-réponse. Créé en 1990, Présences, avec à l’époque trois semaines de concerts gratuits, un nombre exceptionnel de créations, une programmation autour d’une grande figure de la musique du XXe siècle (essentiellement de sa seconde moitié) et une très large place offerte à de jeunes compositeurs explorant avec audace des champs inouïs, se situait, on peu le dire clairement, dans une position militante quant à la musique de notre temps. Au tournant des années 2000, des changements dans l’équipe de direction l’avaient considérablement affadi, puis les travaux engagés à la Maison de la radio l’avaient morcelé en l’envoyant un peu aux quatre coins⋅ On attendait donc beaucoup de ce retour mais, pour le dire clairement, la première soirée, ouvrant donc un cycle sur la musique des deux Amériques, fut décevante⋅ Pourquoi programmer, par exemple, au regard de la thématique de ce cycle, le compositeur franco-suisse Richard Dubugnon, certes né en 1968, mais qui, outre qu’il n’a rien d’américain, cherchant en l’occurrence ses sources dans le chant grégorien, s’inscrit dans une écriture néoclassique ? Son Concerto sacra, s’il fait une part belle au hautbois, est totalement sans surprise. Une phrase du hautbois, une ponctuation de l’orchestre et on recommence. Au cours de la même soirée, le Concerto pour violoncelle, d’Esteban Benzecry (né en 1970), avait pour lui une légitimité sud-américaine, cherchant du côté de rythmes et de mélodies colombiens ou de mélodies populaires. On avait donc là un échantillonnage sonore assez riche mais desservi par une structure de composition incertaine. Avec Santa Cruz de Pacairigua, d’Evencio Castellanos (Venezuela, 1915-1984), une œuvre de 1954, on avait une belle musique tonique et très entraînante, à l’indéniable vocation populaire, ce qui n’est pas un crime, mais dont il n’est pas insultant de dire qu’elle n’apportait pas grand-chose de nouveau au monde des sons (et de ceux qui les écoutent)….

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Trois grandes partitions pour orchestre pour conclure en beauté l’édition 2015 du festival Présences avec l’Orchestre Philharmonique de Radio France.

La création de Spinning in Infinity de Christopher Trapani (commande de Radio France) pour commencer : une oeuvre tournoyante écrite par un musicien de La Nouvelle-Orléans qui se partage entre New York et Paris. Puis l’étonnant Nazareno d’Osvaldo Golijov, qui fait entendre des percussions Yoruba réinventées pour les pianos des soeurs Labèque. Enfin, un grand triptyque orchestral d’Esteban Benzecry en forme d’hommage à l’écho perdu des civilisations précolombiennes.

Christopher Trapani
Spinning in Infinity (CRF – CM)

Osvaldo Golijov
Nazareno, concerto pour deux pianos, percussions et ensemble (nouvelle version, CF)

Esteban Benzecry
Rituales amerindios (CF)

Katia et Marielle Labèque piano
Raphaël Séguinier et Gonzalo Grau percussions
Diego Matheuz direction
Grégory Beller réalisation informatique musicale Ircam
coproduction Radio France / Irca

Ce concert est à écouter pendant un mois sur France Musique

Gratuit le soir du concert pour les moins de 28 ans, sur présentation d’une carte d’identité et selon les places disponibles.

En cas d’indisponibilité sur internet, des places restent disponibles à la billetterie de la Maison de la Radio par téléphone au 01 56 40 15 16 du lundi au samedi de 10h à 18h.

Tarif unique : 15 € (placement libre)
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