Un an après les accords, les Guyanais contraints de gérer l’urgence

— Par Laurent Marot et Patrick Roger —

Si un plan de 1 milliard d’euros a été mis en place, les 2 milliards d’euros de mesures supplémentaires promis restent lettre morte.

Le 21 avril 2017, la signature, à Cayenne, de l’« accord Guyane » mettait fin à cinq semaines de mouvement social sur fond d’insécurité chronique, de croissance démographique record et de sous-équipement en matière de santé, d’éducation et de transport. Dans le document signé par le préfet, les représentants des élus et le porte-parole du collectif « Pou Lagwiyann Dékolé » (Pour que la Guyane décolle), l’Etat s’engageait sur un « plan d’urgence » de 1,086 milliard d’euros, plus 2,1 milliards d’euros de mesures supplémentaires devant faire « sans délai l’objet d’un examen prioritaire ».

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Un an plus tard, seul le plan d’urgence est en cours d’application. « Sur 171 mesures, 70 ont été réalisées, 69 sont engagées, et 32 à l’étude », indique Philippe Loos, secrétaire général aux affaires régionales à la préfecture. Pour lutter contre l’insécurité, l’escadron de gendarmerie mobile envoyé en renfort fin 2017 sur l’agglomération de Cayenne a été maintenu. Le commissariat de Cayenne a été renforcé d’une vingtaine de policiers, 36 gendarmes mobiles ont été affectés à Saint-Laurent-du-Maroni, et 90 postes permanents de gendarmes créés cette année doivent être pourvus d’ici au mois d’août.

« C’est de la poudre aux yeux, rien ne changera dans le quotidien des Guyanais, car la chaîne pénale est trop faible, les magistrats sont submergés et il n’y a pas de place en prison », déplore Mickaël Mancée, l’ex-porte-parole des « 500 frères contre la délinquance ». La recherche d’un terrain pour la construction d’une cité judiciaire à Cayenne vient à peine de commencer, et trois options foncières sont identifiées à Saint-Laurent-du-Maroni pour les projets de tribunal de grande instance et d’établissement pénitentiaire. « Il faut pouvoir accélérer », reconnaît le député (LRM) Lénaïck Adam, présent avec d’autres élus guyanais à la troisième réunion de suivi des accords qui s’est tenue mercredi 18 avril au ministère des outre-mer.

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