UFM : Les luttes sont actuelles et le féminisme toujours nécessaire !

Les rendez-vous de l’Union des Femmes de Martinique

Rappel : web-atelier, mercredi 16 juin, de 16 h à 18h30.  

Cyberviolences faites aux femmes : de quoi parle t-on ?

« Les cyberviolences sont parties intégrantes des violences sexistes dont sont victimes les femmes. Connaissons-nous toutes leurs formes ? À quel âge les femmes sont-elles concernées ? »

Cet atelier est ouvert à toutes les femmes intéressées et désireuses d’en savoir plus, pour faire de la prévention pour elles, ou les autres femmes. Il se déroule sur la plateforme Zoom.  Participation gratuite sur inscription (places limitées). Pour vous inscrire, cliquer sur ce lien.

Ce premier atelier sera suivi d’un deuxième le 1er juillet (16h-18h30) : « Lutter contre les cyberviolences faites aux femmes : quelles précautions dans l’utilisation des outils numériques ? Comment traquer les cyberviolences sexistes ? »

Zoom sur les actions de l’UFM :

Du 17 mars au 5 juin, l’équipe de la Maison de Solange de l’UFM s’est mobilisée pour poursuivre l’accueil et l’accompagnement des femmes en difficulté et victimes de violences à distance. Quel bilan peut-on tirer de cette période ? Hélène, la responsable du Pôle Accueil et accompagnement de l’UFM, nous en parle.

« Notre équipe s’est organisée pour assurer le meilleur accueil téléphonique possible pour les femmes : Une écoute et un dialogue pour installer la confiance, malgré la distance. Une disponibilité plus grande avec des horaires élargis, le rappel systématique des femmes déjà connues, mais aussi une attention encore plus grande aux conditions du confinement : solitude, face à face avec le conjoint, difficultés financières, enfants, danger immédiat, entourage …

Nous avons eu une augmentation du nombre d’appels pendant cette période : 448 ( 234 à la même période en 2019). Si nous comptons tous les échanges téléphoniques de la période, nous en sommes à … 2 217, ce qui est énorme !

Nous avons eu à gérer des situations d’urgence, femmes mises à la porte par leur conjoint, par exemple. Mais le constat le plus important a été l’augmentation de la vulnérabilité des femmes et une fragilité accrue pour celles qui l’étaient déjà. Elles ont exprimé beaucoup d’angoisses, les raisons en étaient multiples : leur isolement pendant cette période (nous étions parfois leur seul contact avec l’extérieur), la difficulté pour elles de se retrouver en permanence en face de leur agresseur, avec une montée de tension, des paroles dénigrantes, des injonctions sur leur rôle de mères (faire la cuisine, tenir la maison, s’occuper des enfants …). S’y ajoutaient les problèmes financiers pour les plus défavorisées (pas de cantine, pas de transports, achats plus coûteux, voire perte d’emploi), et l’obligation de proposer des activités aux enfants et d’effectuer leur suivi scolaire … La charge mentale a été énorme dans ce climat anxiogène ! Beaucoup ont préféré ne pas ajouter de difficultés à cette situation, et attendre la fin du confinement pour entamer des démarches. Les tensions ont augmenté non seulement dans les couples, mais aussi dans les familles, entre voisin·es ou dans les espaces publics (ex. Une femme agressée sur un parking d’hyper-marché).

Nous avons pu accompagner les femmes, les informer, les aider matériellement, en lien avec les autres partenaires du réseau social. Au-delà de l’aide globale dans la situation de crise, il s’agit bien sur de rechercher une sortie durable et positive, avec une reconstruction sociale et de la confiance et l’estime d’elles-mêmes.

Le partenariat avec SOS Kriz

Le nouveau numéro public d’appel (0800 100 811) pour les femmes victimes de violences a été mis en place dans la même période. Le partenariat entre SOS KRIZ et l’Union des Femmes de Martinique, a permis de mieux prendre en compte la souffrance psychique des femmes, élément important dans l’accompagnement…

Présentes et solidaires contre le racisme et les violences policières !

Assassinat de George Floyd aux USA, d’Adama Traoré en France, la Martinique a exprimé sa solidarité.Tout naturellement, nos orientations pour la dénonciation de toutes les discriminations et les violences, ont conduit plusieurs dirigeantes de l’UFM à être signataires du premier appel à manifester le samedi 6 juin. Plus d’une vingtaine d’organisations, dont la nôtre, se sont retrouvées le soir du mardi 9 juin à la veillée à la Maison des Syndicats. Nous étions présentes avec les centaines de manifestant·es présent·es qui ont exprimé leur condamnation du racisme et des violences policières, pas seulement ailleurs, mais aussi chez nous. Poursuivons et amplifions le mouvement !

Notre billet d’humeur : Mesures contre les violences envers les femmes : un pas en avant, dix pas en arrière 

On se réjouit de l’adoption de la proposition de loi le 10 juin par le Sénat, en première lecture, après l’Assemblée Nationale. Elle autorise le médecin à déroger au secret professionnel, lorsqu’il « estime en conscience » qu’il y a « danger immédiat » pour la vie de la victime et situation d’emprise.

Le texte :

— porte également à dix ans d’emprisonnement les peines en cas de harcèlement au sein du couple, lorsque celui-ci a conduit la victime à se suicider ou à tenter de se suicider,

— réprime aussi la géolocalisation d’une personne sans son consentement,

— crée une circonstance aggravante en cas de violation du secret des correspondances par un conjoint ou ex-conjoint, et crée une circonstance aggravante du délit d’envoi réitéré de messages malveillants.

Par contre, retour en arrière important avec le décret sorti le 27 mai. Concernant l’ordonnance de protection, dorénavant, c’est la victime qui doit faire connaître par voie d’huissier au défendeur la date d’audience dans les 24 heures, sinon la requête est annulée. Ce délai est bien trop court et difficile à respecter (difficultés pour mobiliser un·e huissier·e en urgence, frais élevés, délai de l’aide juridictionnelle…).

La « Fédération Nationale Solidarité Femmes », dont fait partie l’UFM, a immédiatement réagi. Cette mobilisation a permis d’obtenir l’allongement du délai de 24h à 48h, mais cela reste largement insuffisant et constitue une forte régression des droits des femmes victimes. La mobilisation doit continuer !

1944 – 2020 : 76 ans d’engagement ! 11 Juin : un bel anniversaire pour l’Union des Femmes de Martinique

« L’Union des Femmes de la Martinique tiendra sa première assemblée générale le dimanche 11 juin 1944 à 9 h 30 à la Solidarité, rue Garnier Pagès. Jeunes filles et fem-mes de la Martinique, venez en grand nombre ! »

C’est ainsi qu’était annoncée, dans « Justice » du 3 juin 1944, la réunion constitutive de l’Union des Femmes de la Martinique. Depuis cette période, notre association a, par ses analyses, ses prises de position et ses actions, œuvré pour rendre visible la situation des femmes et leurs problèmes spécifiques, pour faire avancer leurs droits et améliorer leur vécu au quotidien. Elle a aussi participé à de nombreuses actions contre les discriminations en général, pour des conditions de vie décentes pour tous et toutes, pour la solidarité internationale… Elle est une actrice dynamique du changement social à la Martinique.

76 ans plus tard, nous nous battons toujours résolument en privilégiant les partenariats avec d’autres acteurs·trices, et la plus grande participation de tous et toutes, pour l’émancipation des femmes, dans une société meilleure et sans discrimination pour chacun·e. Malgré des avancées, il reste encore beaucoup à faire.

Les luttes sont actuelles et le féminisme toujours nécessaire !

Fort-de-France, le 15 juin 2020