Tropiques-Atrium : présentation du programme du 1er trimestre de la saison 2020-2021

Illustration :En haut à gauche : Niko Gernet che d’orchestre Bidim Bélé Bann – à droite Raymonia Moco en bas à gauche : Dédé Duguet conteur – à droite le groupe Watabwi • ©Frédéric Thaly

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Sur esplanade Eugène Mona la soirée était belle, le public clairsemé et masqué comme il se doit, les sentiments partagés entre la mélancolie et l’espoir de jours meilleurs. En ouverture, sur scène, une révélation, celle d’un groupe d’une vingtaine d’instrumentistes parmi lesquels figuraient le groupe Watabwi, accompagnés de six choristes, sous la direction de Niko Gernet, dont le nom est tout un programme : Bidim Bélé Bann. Incontestablement ce fût la découverte de la soirée pour beaucoup, comme elle le fût pour Manuel Césaire, le directeur de la Scène nationale trois semaines auparavant lors d’une promenade sholchéroise. Rencontre inopinée aussitôt conclue par une invitation à venir se produire lors de la présentation du premier trimestre du programme de Tropiques-Atrium. Bidim Bélé Bann? Un groupe à suivre tant le professionnalisme en germe dont il fait preuve et la qualité de ses prestations sont impressionnants.

Dédé Duguet, de la même eau que Papa Slam, a tenu le fil conducteur de la soirée, facétieux personnage déclamant des balcons improvisés de la façade de Tropiques-Atrium, ses contes et prologues de présentation des artistes invités. Parmi ceux-là deux moments à retenir.

Tout d’abord la puissance, la force et la magie d’un extrait d »Antigone, ma sœur » avec sur le plateau Antigone ( Karine Pédurant) et Ismène (Paul Nguyen!). Fidèle à lui-même le metteur-en-scène, Nelson-Rafaell Madel, sensible à la musicalité des tragédies grecques, travaillant aux marges des genres et en rupture avec le classicisme revisite le mythe de celle qui dit Non à l’inacceptable. A travers le temps d’un concert exceptionnel avec guitare basse et batterie ( Jocaste aux baguettes!) les épisodes de la vie d’Antigone, de ses père et mère, frères et soeur vont défiler. Faut-il préciser qu’il s’agit là d’une écriture collective à partir de Sophocle?

Autre moment fort, à peine perturbé par les récriminations d’un soulard qui n’arrivait pas à redémarrer sa voiture, la performance dansée de Laurent Troudard et Peter Agardi est apparue comme la promesse d’un moment d’entre deux balancé dans la passion d’un combat amoureux traversé de coups portés et de caresses évoquées. Le travail présenté qui en est encore au dégrossissage semble sur une bonne voie.

Le directeur de la Scène nationale à confirmé ce que Steve Zébina avait annonce lors de la première séance de Ciné-Tropiques, en début de semaine : la salle Frantz Fanon, rénovée, est enfin équipée d’un projecteur numérique et peut donc diffuser les films en DCP ( Digital Cinema Package) sans avoir nécessairement recours à une externalisation des projections à Madiana.

Raymonia Moco au chant, sobrement accompagnée d’une guitare, d’une batterie et d’un clavier, a offert au public deux de ses créations et une reprise d’un classique. Prestation qui a recueilli un succès d’estime.

Deux vernissages d’expositions auront lieu le lundi 28 septembre 2020 de 17h à 21 h. Dans la galerie André Arsenec ce sera Nègzistans de Joël Nankin et dans la galerie La Véranda Antipersonnel de Jérémie Priam.

Les habituelles activités d’accompagnement, mais aussi de formation des artistes ainsi que celles d’éveil artistique des publics solaires seront poursuivies. Dernière bonne nouvelle, la décentralisation, hors les murs de la ville capitale se feront dans le chapiteau, mobile et modulable désormais climatisé!

Une année atypique compte tenu de la pandémie qui invite à la prudence non seulement sanitaire dans des salles aux jauges réduites, mais aussi en ce qui concerne la réalisation de la programmation prévue. Ce pourquoi seules les activités du premier trimestre de la saison sont publiées. Quoiqu’il en soit l’équipe de Tropiques-Atrium offre un éventail de spectacles d’ici et d’ailleurs, fidèle à sa réputation et qui s’inscrit dans le droit fil de la pensée glissantienne : « Agis en ton lieu, pense avec le monde… »

M’A.