Téléphérique Fort-de France -Schœlcher, le réalisme en action.

— Par Piere Alex Marie-Anne —
Rhai chien dit dents i blanc !, ayant toujours dénoncé le système en vigueur à la Collectivité Territoriale de Martinique, caractérisé par l’affrontement permanent et stérile de deux clans irréconciliables, je n’en suis que plus à l’aise pour applaudir aux initiatives positives prises, dans le domaine du transport, par ses dirigeants ;
Après la liaison maritime Case-Pilote –FdF (prolongée peut-être demain vers Saint-Pierre dont les matériaux de carrière gagneraient, en outre, à être transportés par barges ), voici que se profile à l’horizon le projet d’une liaison aérienne, au moyen de cabines tractées par câbles, de grande capacité, (téléphérique urbain ), entre le campus de Schœlcher et la capitale.
Dans le journal France-Antilles du3 0-04-2014, j’avais suggéré au nouveau maire de Fort-de France, qui venait d’être élu, de lancer une étude sur la faisabilité de ce mode de transport écologique considéré par différentes villes dans le monde :(Brest, Orléans, Toulouse, Caracas, Medellin, Saint-Denis de la Réunion ,Saint -Domingue…),comme une solution alternative pertinente aux nuisances de plus en plus importantes causées par la pollution automobile.
L’objectif était d’améliorer en priorité la desserte des quartiers Nord et Ouest de la ville-capitale, où se trouvent de fortes concentration de population et dont le réseau routier, limité du fait du relief et sous-calibré par rapport au trafic, risque en permanence la paralysie (il suffit d’un véhicule en panne sur la Rocade pour que la liaison avec Schoelcher, en particulier, devienne problématique).
Le projet de la C.T.M. visant à connecter directement le campus universitaire de Schœlcher au Centre-ville de FdF s’inspire des mêmes préoccupations ; s’il se concrétise et s’avère bien conçu, il est susceptible d’apporter de notables améliorations  dans plusieurs domaines:
-D’abord bien entendu, pour les déplacements quotidiens des habitants dans la conurbation FdF-Schœlcher qui s’en trouveraient indéniablement facilités.
-Ensuite, pour la régénération de la capitale elle-même qui se meurt de langueur au grand dam de ses commerçants ;elle pourrait être revivifiée et ses activités stimulées par l’apport d’ une nombreuse jeunesse étudiante (près de 4000) incitée dès lors à la fréquenter assidûment ( l’effet en serait à coup sûr démultiplié par la remise en service simultanée du système de navette électrique gratuite desservant les principaux points d’intérêt de la ville, qu’avait  expérimenté brièvement mais de façon incomplète, la municipalité);
Corollairement, l’attractivité touristique du chef-lieu pourrait se voir booster par cet équipement innovant, offrant au regard de ses visiteurs une large perspective sur l’étendue du site urbain et sur la magnifique baie de Fort-de –France, classée parmi les plus belles du monde .
-Enfin, et ce n’est pas le moins, une telle réalisation est de nature à réduire sensiblement toutes les nuisances engendrées par une circulation automobile intensive, frisant l’anarchie (embouteillages, bruit, pollution de tous ordres :épaves, CO2..) tout en constituant pour les usagers une source d’économies non négligeable, ne serait-ce que par le gain de temps appréciable qu’elle permettrait.
Le coût? assurément infiniment moindre que les centaines de millions exigés par le développement continuel des infrastructures routières et moyens de déplacement traditionnels, dont les délais d’exécution deviennent par ailleurs prohibitifs ; il n’est même pas impossible que l’équation se révèle, en fin de compte, quasiment neutre pour la collectivité, grâce au recours à la Concession pour la construction-exploitation de l’ouvrage, éligible en outre pour le financement des investissements, aux fonds européens.
Il faut espérer que nos politiques de tous bords,  faisant abstraction pour une fois de leurs rivalités partisanes, sachent aborder sereinement, avec l’ouverture d’esprit nécessaire, l’étude de ce projet novateur qui peut apporter un souffle nouveau dont la Martinique à tant besoin.

Pierre Alex MARIE-ANNE

illustration :People-bokay