Étiquette : théâtre politique

« De ce côté » de et avec Dieudonné Niangouna

—- Par Selim Lander – —

Au dernier verre de Dido

C’est le nom du bar de Dido, le prête-nom de Dieudonné Niangouna dans ce seul en scène qui décrit les états d’âme d’un comédien congolais exilé en France. Pas si enthousiasmant a priori : on fait rarement du bon théâtre avec des états d’âme ! Il y a heureusement des exceptions et cette pièce est remarquable tant par la manière dont le sujet est traité que par l’interprétation du comédien-auteur.

Parlons de celle-ci d’abord. Le comédien Niangouna reste pendant la quasi totalité de la pièce les deux pieds campés de part et d’autre du petit point jaune qui marque l’emplacement sur lequel sont réglées très précisément les lumières qui participent ici pleinement au spectacle. Pendant une bonne partie de la représentation il restera à peu près immobile, ne jouant que de son bras droit, l’index pointé sur les spectateurs. Par la suite il variera (un peu) son jeu, sans bouger les pieds, faisant mouvoir ses deux bras ou se tournant à jardin pour incarner ou répondre à un interlocuteur imaginaire.

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« Tchernobyl forever » : un oratorio mécanique

Pari risqué, pari réussi

Tchernobyl

— Par Selim Lander —

Comment parler d’une apocalypse et de ses conséquences quand l’homme en porte l’entière responsabilité ? Comment parler des guerres, des morts, des blessés? La littérature sait le faire qui peut raconter une bataille dans les moindres détails : on se souvient de Fabrice à Waterloo, du colonel Chabert, des romans de Claude Simon ou, plus proche de nous, des Revenantes. Le cinéma sait également le faire qui dispose des moyens pour reconstituer l’événement. Au théâtre, c’est plus délicat. La catastrophe de Tchernobyl fut un autre Hiroshima ; elle s’apparente à la guerre par l’impéritie des chefs, l’héroïsme des sans-grades, les victimes collatérales, bref une histoire dans laquelle tous sont coupables mais où tous ne sont pas également frappés, certains s’arrangeant toujours échapper au désastre. Même si ce n’est pas l’objet d’une critique théâtrale d’entrer dans une telle question, la culpabilité de tous est bien posée, en effet, dans cette pièce qu’on hésite à considérer comme un spectacle. Tous coupables, ou presque, nous y compris, puisque nous savons tout des dangers de l’atome et que nous ne faisons rien, ou rien de suffisamment efficace, pour exiger et obtenir de nos gouvernants le démantèlement des arsenaux nucléaires et des centrales.

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