Étiquette : Tchekhov

Quinze pièces, dix-sept comédiens : au Théâtre-Studio d’Alfortville, un marathon Tchekhov

— Par Alexis Campion —

Christian Benedetti affiche toutes les pièces de l’auteur russe en même temps, au Théâtre-Studio d’Alfortville.

Tout commence en 2009 quand Christian Benedetti décide de s’attaquer à La Mouette, pièce qu’il avait déjà montée à ses débuts, en 1980, et qu’il remet à l’affiche en 2011. «J’imaginais que ce serait mon dernier spectacle, je voulais alors arrêter le théâtre », raconte le comédien et metteur en scène, expliquant au passage son rapport paradoxal à son métier. « Je pensais me retirer pour animer des ateliers avec des enfants ou en prison, car je n’aime plus ce milieu où ceux qui font la loi sont dans le mensonge et la compromission. Comment vendre de l’intelligence quand on se corrompt soi-même ? »

Remonté, il ne mâche pas ses mots à l’encontre des grandes institutions du théâtre public : « J’ai l’impression que l’on ne parle que de subventions, que le mot “œuvre” a disparu du vocabulaire. » Sa Mouette en décidera autrement. Tchekhov ranime sa passion, devient son refuge. Ces douze dernières années, Benedetti est ainsi resté dans son modeste mais charmant Théâtre-Studio d’Alfortville.

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Avignon 2016 (16) : « L’Illusion comique », « Oncle Vania », « La Main de Leïla »

— Par Selim Lander —

Illusion_comique_couv 1639Trois œuvres écrites pour le théâtre, par des auteurs dont il n’est pas nécessaire de vanter les mérites comme Corneille et Tchekhov, et celle d’une jeune auteure contemporaine, Aïda Asgharzadeh, qui s’est déjà fait remarquer pour sa pièce Les Vibrants.[i]

L’Illusion comique

Corneille écrivit cette pièce en 1635, un an avant le Cid. Il n’écrira plus ensuite que des tragédies (à l’exception du Menteur qui date de 1643). Cette tragi-comédie en cinq actes peut être considérée comme le type même de la pièce « baroque » à la française, avec en particulier un personnage, Matamore, directement inspiré de la Comedia dell’arte.

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« Ivanov » ou le loser exténué

— Par Selim Lander —

Ivanov2 (2)La première « vraie » pièce de Tchekhov[i], créée à Moscou en 1887, Ivanov n’est pas la plus célèbre et l’on comprend pourquoi depuis qu’elle est montrée à l’Odéon. Contrairement aux pièces les plus connues de Tchekhov, où la déréliction se trouve agréablement compensée par la poésie et l’humour, Ivanov est littéralement plombée par le personnage éponyme, le type même du looser, désespéré de surcroît, incapable du moindre sursaut, tout au plus capable de se juger avec une lucidité telle qu’elle ne peut que renforcer sa désespérance. Sa première épouse est atteinte de la tuberculose (comme Tchekhov lui-même) et meurt pendant l’entre-acte, ce qui ne contribue pas à nous ragaillardir. Quant à la deuxième épouse (le mariage occupe la deuxième partie de la pièce), elle essaye bien de ranimer un peu le malheureux Ivanov mais sans succès. L’amour éperdu de ces deux femmes pour un individu réduit à l’état de loque humaine n’aide d’ailleurs pas à la vraisemblance de la pièce. Les comparses sont censés apporter un élément comique ; hélas, ils ne parviennent pas à dérider la salle, sinon sporadiquement.

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L’ennui d’Ivanov

— Par Jean-Pierre Han —

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L’occasion est belle de suivre les premiers pas de Tchekhov dramaturge puisque, parmi le flot ou plutôt le déluge de pièces de l’auteur russe qui sont représentées cette saison sur les scènes de l’Hexagone, Platonov et Ivanov, ses deux premiers essais théâtraux, occupent les plateaux de deux de nos théâtres nationaux, celui de la Colline et celui de l’Odéon. C’est cependant Ivanov, dont la première version date de 1887, qui est considérée comme sa première pièce, Platonov, écrite alors qu’il était encore lycéen, ayant probablement été enfouie au fond d’un tiroir et son manuscrit retrouvé seulement en 1920, bien après sa mort survenue en 1904. Mais peu importent ces précisions, ce qui est vrai, c’est que l’on trouve dans ces deux textes la genèse des thèmes et des grands personnages de son œuvre à venir. Une matière quasi brute et passionnante.

 Concernant le Platonov proposé par Rodolphe Dana et son collectif des Possédés – restons chez les Russes… –, avec une comédienne de talent, Emmanuelle devos, que le cinéma a rendue célèbre, dans un des rôles-titres (ça aide toujours pour le montage d’une production), j’ai déjà dit par ailleurs toutes mes réticences sur la représentation, je n’y reviens pas sauf à devenir franchement désagréable… Reste donc Ivanov, proclamé de facto comme événement de la saison ; on remarquera qu’il n’y a pas dans ce spectacle une seule « vedette », mais carrément toute une pléiade d’acteurs de premier plan.

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