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France et Rwanda peuvent désormais « avoir une bonne relation », selon le président Kagame

Paris – La France et le Rwanda ont désormais l’opportunité de bâtir « une bonne relation », a estimé lundi le président rwandais Paul Kagame, après la publication en mars d’un rapport d’historiens français concluant à des « responsabilités accablantes » de Paris dans le génocide des Tutsi du Rwanda en 1994.

Les conclusions du rapport Duclert, corroborées quelques semaines plus tard par un rapport commandé par Kigali à un cabinet d’avocats américain, constituent « un grand pas en avant« , a estimé M. Kagame, pour qui « la France et le Rwanda ont désormais l’opportunité, et de bonnes bases sur lesquelles créer une bonne relation« . 

« Je peux m’accommoder » des conclusions du rapport, qui a écarté la « complicité » de la France, a ajouté M. Kagame dans un entretien à France 24 et RFI. Le président rwandais, qui dirigeait en 1994 la rébellion tutsi qui mit fin au génocide, avait longtemps accusé Paris d’en être « complice« . 

Présent à Paris pour un sommet sur la dette africaine, M. Kagame s’est entretenu avec le président français Emmanuel Macron en marge d’une réunion sur le soutien à la transition au Soudan. 

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Génocide des Tutsi au Rwanda : un rapport remis à Macron pointe les «responsabilités accablantes» de la France

Un rapport d’historiens pointe « la défaite » intellectuelle de Paris et de François Mitterrand.

Par Tanguy Berthemet —

La mission avait de lourdes ambitions. Il s’agissait de rien de moins que d’éclaircir le rôle de la France dans le génocide des Tutsis au Rwanda en 1994, de sa responsabilité et de son éventuelle complicité. Très attendu, son rapport a été remis vendredi après-midi à Emmanuel Macron. Selon l’Élysée, il conclut « à une responsabilité de la France » dans le dernier génocide du XXe siècle mais semble « écarter la notion de complicité » active. « Si l’on entend par là une volonté de s’associer à l’entreprise génocidaire, rien dans les archives consultées ne vient le démontrer », explique la commission.

La commission souligne néanmoins dans ses conclusions que la politique au Rwanda est une « faillite de la France », que le pays s’est « longuement investi auprès d’un régime qui encourageait les massacres racistes » et qu’il « est demeuré aveugle face à la préparation d’un génocide ». Elle y voit un ensemble de « responsabilités lourdes et accablantes pour la France ».

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Rwanda : Paris a laissé partir les génocidaires en 1994

La France a décidé en juillet 1994 de ne pas interpeller les autorités rwandaises responsables du génocide, selon un télégramme diplomatique de l’époque. Ce document, révélé dimanche 14 février par Médiapart et obtenu par l’AFP auprès de François Graner, auteur de plusieurs livres sur le Rwanda, constitue selon ce dernier «la pièce écrite manquante, une pièce essentielle du puzzle» sur le rôle de la France au Rwanda.

L’ambassadeur Yannick Gérard, alors représentant du Quai d’Orsay au Rwanda dans le cadre de l’opération militaro-humanitaire Turquoise, avait demandé des instructions concernant la présence de responsables génocidaires dans la «Zone humanitaire sûre» contrôlée par les militaires français.

«Vous pouvez (…) utiliser tous les canaux indirects et notamment vos contacts africains, en ne vous exposant pas directement, afin de transmettre à ces autorités notre souhait qu’elles quittent la Zone Humanitaire Sûre», lui répond un télégramme «confidentiel diplomatie», daté du 15 juillet 1994. «Vous soulignerez que la communauté internationale et en particulier les Nations Unies devraient très prochainement déterminer la conduite à suivre à l’égard de ces soi-disantes autorités», poursuit le texte, en évoquant l’ancien régime de Kigali replié à Cyangugu (sud-ouest), sur la frontière avec le Zaïre (devenu République démocratique du Congo).

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Rwanda, cette histoire qu’on ne veut pas voir

— Par un collectif de chercheurs —

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En juillet 1994, le génocide des Tutsis (accompagné du massacre des Hutus hostiles à ce projet d’extermination) était accompli. A l’occasion de son 20e anniversaire, le gouvernement de notre pays a été absent des cérémonies de Kigali, qui incarnaient l’hommage international dû au million de victimes et la solidarité avec les rescapés. En France même, la reconnaissance solennelle de ce génocide n’a, en fait, pas eu lieu. On a plutôt assisté à une nouvelle vague de dénis quasi officiels

Certes, les phrases virulentes d’une interview de Paul Kagame, publiée le 6 avril 2014 dans l’hebdomadaire Jeune Afrique, ont pu être ressenties comme une provocation, qui ne facilitait pas une ouverture à Paris⋅ Mais des positions particulièrement négatives ont aussi été diffusées chez nous, avant même cette interview et en des lieux emblématiques : un colloque tenu au Sénat, le 1er avril, avec des «acteurs» supposés pouvoir réviser la «vérité» de 1994 ; un texte diffusé, début avril, par l’Institut François-Mitterrand livrant une relecture du rapport de la mission parlementaire de 1998, afin d’exonérer la France «d’accusations infondées».

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«Shoah et Rwanda, des références communes»

Vingt ans après le génocide, l’historien Jean-Pierre Chrétien analyse la logique qui a conduit au projet d’extermination des Tutsis

— Par Catherine CALVET et Maria MALAGARDIS—

genocide_rwandaisVitrail, après les massacres. Mémorial de Gisozi (Kigali)

Près d’un million de morts en seulement cent jours : le génocide de la minorité tutsie, qui s’est déroulé au Rwanda il y a exactement vingt ans, constitue la plus fulgurante tentative d’extermination de l’Histoire contemporaine. Pourquoi cet événement reste-t-il si mal connu, et si peu reconnu ? C’est une des interrogations à laquelle tente de répondre l’historien Jean-Pierre Chrétien dans son dernier livre, Rwanda, Racisme et Génocide, l’idéologie hamitique (1). Ce spécialiste de l’Afrique des Grands Lacs y analyse aussi les raisons qui ont rendu possible un tel massacre. Car il a fallu des années de propagande, de falsification de l’Histoire, imposée notamment par le colonisateur, et de stigmatisation de l’Autre pour convaincre les esprits de la nécessité du pire.

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Verdict historique pour le Rwanda

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—Par Marie Barbier —

Jusqu’au bout Pascal Simbikangwa aura joué la partition de l’innocence. Hier matin, s’adressant aux jurés avant qu’ils ne se retirent pour délibérer, l’ancien dignitaire hutu répète qu’il n’a jamais vu aucun cadavre à Kigali au printemps 1994… Une façon aussi de nier la réalité du génocide des Tutsis, qui vu le  massacre de plus de 800 000 hommes, femmes et enfants en cent jours.

Mais l’ancien capitaine de la garde présidentielle n’aura pas convaincu la Cour d’assises de Paris, premier tribunal français à juger un présumé génocidaire rwandais. Au terme de douze heures de délibéré, les six jurés populaires et les trois magistrats professionnels ont déclaré Pascal Simbikangwa coupable de génocide et de complicité de crimes contre l’humanité commis à Kigali, estimant qu’il avait eu la « volonté de tromper la justice » sur ses activités réelles durant le génocide.

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Rwanda : Alain et Dafroza Gauthier, chasseurs de génocidaires

rwanda_genocide-1Pour la première fois depuis le génocide des Tutsis il y a vingt ans, la justice française jugera l’un de ses auteurs présumés à partir de mardi prochain. L’aboutissement de plusieurs années de traque pour ce couple rémois qui a déposé près de vingt plaintes en France.

Pendant des années, les étés se sont ressemblé chez les Gauthier. Alain et Dafroza partaient de Reims avec leurs enfants sous le bras puis, une fois arrivés à Kigali, les trois petits étaient laissés chez les cousins. « Ils n’étaient pas malheureux avec leur famille, sourit Dafroza, aujourd’hui grand-mère. Et nous, on pouvait se consacrer entièrement à nos “délires”. » Peut-être faut-il être un peu délirant, en effet, pour passer ses étés à sillonner les collines du Rwanda à la recherche de rescapés ou d’anciens tueurs repentis. Enquêter, interroger, traduire. À chaque témoignage, replonger dans l’enfer. Puis, une fois de retour en France, poursuivre les tueurs. Confronter, vérifier, traquer. Réussir, enfin, à déposer plainte. Ne pas les laisser tranquilles, ces génocidaires qui, des années après avoir commis le pire des crimes, pensaient pouvoir tranquillement refaire leur vie en France.

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