— Par Pierre Alex Marie-Anne —
Face aux autonomo -indépendantistes, aucune voix ne s’élève pour faire entendre l’opinion de la majorité silencieuse qui rejette massivement, en son for intérieur, la volonté séparatiste clairement affichée par cette mouvance, avec la complicité active des médias à leur solde. Cette situation ne peut s’expliquer que par la démission, pour ne pas dire la trahison des ex-leaders de la Droite qui, à l’instigation du défunt Pierre PETIT, se sont progressivement alignés sur les revendications statutaires du PPM. Le résultat de cette orientation contre-nature a été la complète démobilisation de l’électorat de la Droite qui ne sait plus à quel saint se vouer et s’enfonce dans un brouillard idéologique profitant à ses adversaires pourtant minoritaires dans la population; aux élections de 2021 à la Collectivité Territoriale de Martinique 55,17 % des électeurs s’étaient abstenus, soit plus de la moitié des votants, et l’actuel Président du Conseil Exécutif quant à lui ne totalisait sur son nom que 16,35% des suffrages ( source Ministère de l’Intérieur).Dans ces conditions, il est stupéfiant d’entendre ce même personnage annoncer, sans que cela ne provoque aucune réaction d’indignation de la part des membres de l’assemblée territoriale ( au moins de ceux qui ont été élus avec les voix des partisans du maintien dans la France !),

La société martiniquaise est en état de décomposition avancée. Deux facteurs principaux sont à l’œuvre: la chute démographique et son corollaire, l’absence de dynamisme économique et social conduisant la jeunesse qualifiée à émigrer, d’une-part et la démission des élites politiques, syndicales, médiatiques et intellectuelles, de l’autre. La récente crise de la vie chère en est la plus parfaite illustration. Seule l’inaction des responsables locaux, incapables de définir un projet de développement novateur et réaliste à soumettre et faire adopter par les autorités étatiques nationales explique qu’on en soit arrivé là. Ils ont passé leur temps, en bons “esclaves de l’esclavage”, à s’apitoyer sur un passé révolu sans apporter la moindre note d’espoir à la population ne serait-ce qu’en améliorant ses conditions de vie quotidienne dans les domaines où ils ont compétence pleine et entière ( transport,gestion de l’eau potable et des déchets,logement dont les financements accordés restent inemployés, transition énergétique et numérique etc…). C’est de l’impuissance de ces dirigeants à relever le défi de la modernité et du progrès qu’est né le formidable désenchantement des citoyens, servant de terreau à tous les marchands d’illusions aux méthodes aussi expéditives qu’improductives.
Assurément, pour la classe politique martiniquaise ,qui s’est révélée incapable de porter avec efficacité le dossier de la vie chère dans notre île devant les plus hautes instances nationales ,afin qu’une solution pérenne lui soit apportée. Bien que comprenant pas moins de six parlementaires (4 députés et 2 sénateurs) ,deux présidents de collectivité territoriale , trois présidents d’EPCI et trente quatre maires, elle en est réduite à s’en remettre aux initiatives d’un ancien repris de justice pour faits de violence et trafic de drogue ( selon les propres dires de l’intéressé !) ,apparemment seul en mesure de mobiliser la population ,“son peuple “ (sic) ,pour ce combat légitime contre la vie chère. On ne saurait mieux démontrer à quel point le fossé s’est creusé entre ces éminents responsables politiques et la masse des citoyens. Pendant qu’ils multipliaient les réunions en congrès, pour discuter doctement du sexe des anges ,les problèmes que doivent affronter journellement leurs compatriotes ne faisaient que s’aggraver.
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Après” l’oncle Picsou” qui tenait les cordons de la bourse si serrés qu’il en asphyxia l’économie, au bénéfice (rendons lui cette justice !) des finances de la CTM qui accusent in fine un excédent record, voici venu le temps du Père Noêl avec son programme fourre-tout de 13 axes et 207 propositions tout azimut.«Qui trop embrasse mal étreint»! dit le proverbe, concentrer l’action sur trois ou quatre grandes priorités ,dont en première urgence la lutte contre la baisse démographique ,au lieu de disperser celle-ci dans toutes les directions est la clé du succès et la base d’une saine gestion. Ce n’est hélas pas la voie retenue dans le projet proposé. L’ennui ,c’est que comme chacun sait, les promesses n’engagent que ceux qui ont la naîveté d’y croire et les prennent pour argent comptant; l’argent, le mot qui fâche est lâché : pas l’ombre du moindre chiffrage susceptible de crédibiliser ce catalogue à la Prévert ,mélangeant allègrement les responsabilités de l’Etat et celles des collectivités locales ,sans vraie cohérence entre des objectifs souvent contradictoires (ainsi d’une vaste zone commerciale de dépotage de containers projetée à Ducos, pour rivaliser avec celle de Jarry en Guadeloupe, à rebours du discours récurrent sur le Développement endogène, ou encore de l’accent mis sur la bétonnisation et l’artificialisation des sols à outrance ( logements, routes, équipements divers) au détriment des surfaces agricoles, destinées à assurer l’autosuffisance alimentaire de la population, pourtant préconisée.