Étiquette : Philippe Bourgade

Adieu à Philippe Bourgade

— Par Frantz Succab —

Adieu Pipo
Juste un mauvais jeu de mots
Pour te dire
Ce n’était pas du pipeau
Le clin d’oeil.
De ton obturateur

Pas du pipeau
Mais la putain de mélodie qui en sort
Et jamais ne se taira

Nous étions quelque uns
S’en souviennent-t-ils
Les autres ?
Moi guadeloupéen
Entouré de martiniquais
Plus que frères pour la cause commune
Antinégrière
Face au BUMIDOM
Dans le même vaisseau
Appelé panier à salade
À Paris
Après « l’affaire Pelée » je crois.

Tant d’années
Moi chez moi
Toi chez toi
Perdus de vue
Jamais de coeur
Sauf récemment
Pour une aventure où tu ne seras pas

Salut aux survivants de l’époque
Adieu à toi

Frantz Succab

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« OFFRANDES », de Philippe Bourgade

Exposition de photographies, Galerie André Arsenec, à Tropiques Atrium

« Offrandes », l’exposition vue par…

Claude Cauquil

Un parcours artistique s’évalue sur la durée d’une vie et l’on ne peut appréhender l’Œuvre d’un créateur que dans sa totalité ; pourtant certaines périodes, séries s’identifient dès leur réalisation comme marquantes. Il est des expositions charnières qui s’imposent comme l’aboutissement d’une recherche avant même d’accéder aux cimaises.

OFFRANDES que nous soumet Philippe Bourgade est de celles-là. Elle baigne d’un éclairage nouveau son travail photographique et l’ancre définitivement dans le patrimoine culturel caribéen.

Sa grande sensibilité plastique est évidente dans la somme d’images qu’il nous a livrée depuis trois décennies, mettant en place la transmission visuelle d’une Martinique des Mornes, travail en noir et blanc pour pérenniser le souvenir. Philippe nous a raconté son pays d’une manière qui a permis à beaucoup d’éclairer leurs propres réminiscences d’une aura de poésie. Aujourd’hui, les personnages ont déserté le visuel pour laisser la place à de simples éléments de nature. Ici ce n’est plus le photographe qui tel un réalisateur construit son image. Il se fait observateur, passeur de l’infini vers le visible.

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Dans le cadre du forum « Bod lanmè », le mur d’images entre savoirs, savoir-faire et savoir être

— Par Christian Antourel & Ysa de Saint-Auret —

L’Agence des 50 pas géométriques a contacté Philippe Bourgade pour être le président d’un concours photos, en effet qui mieux que lui, photographe de talent comme chacun sait pouvait tenir ce rôle. Jusque-là tout était parfait sinon que pour le photographe philosophe a ses heures et quelque peu sociologue «  le concours sépare et le mur rassemble ». Les représentants de l’agence , Amandine Limouzin et Didier Yokessa ont pu adhérer à l’idée et ainsi Philippe Bourgade à été chargé d’organiser la création du mur en étroite collaboration avec Amadine Limouzin. Le mot d’ordre : photographier le littoral martiniquais en soulignant la présence humaine( activités, habitat…)L’agence des 50 pas œuvre pour la mise en valeur des espaces urbains, cette réserve est faite entre autres pour que chacun ait un passage libre au long de la mer , car sans cela des habitants voudraient empêcher par des clôtures et des oppositions qui tous les jours auraient causé des procès et des querelles parmi eux.

Un mur de plus de 400 images

L’un des soucis de Philippe «  était d’éviter les répétitions et veiller à ce que le littoral de notre île soit représenté dans toute sa diversité. »

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« Martinique des mornes » par Philippe Bourgade

Archiver la tendresse…

— Par Raphaël Confiant

Il y a d’abord cette rondeur maternelle, l’impression d’être en permanence sous mille regards bienveillants et à mesure-à mesure que l’on suit la montée de la trace, entre goyaviers sauvages et halliers aux noms inconnus, la certitude d’être vivant, là, au beau mitan du pays.

Le Morne est donc éternité impassible.

Il charroie avec allégresse – ô têtue ! – des fragments de lumière, des éclats argentés et tout un scintillement infini que capte miraculeusement l’objectif de Philippe Bourgade. Ce sont rigoles, ravines, torrents, rivières, tout ce qui nous ramène au royaume enchanté de l’enfance. Fugacement. La lessivière au bord de l’eau, accroupie dans l’eau, devient négresse féerique. Elle invente un chanter muet, des gestes qui subjuguent l’homme revenant de son jardin créole. Et lui de kokiyé les yeux de tendresse.

Car l’entre-jambes de la négresse, assise sur une roche, n’est point du tout obscène, pas plus que n’est hilarante la traversée, bas du pantalon relevé et jupe remontée, du couple de vieux-corps, qui brave les gués faussement calmes pour s’en aller prier à l’église.

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Martinique des Mornes, dernière œuvre de Philippe Bourgade.

Comme « à la recherche du temps perdu ».

Shaza3— Par Janine Bailly —

« Sans que je puisse m’en défaire / le temps met ses jambes à mon cou / le temps qui part en marche arrière / me fait sauter sur ses genoux / mes parents l’été les vacances / mes frères et sœurs faisant les fous / j’ai dans la bouche l’innocence / des confitures du mois d’août. »

Ainsi chantait Jean Ferrat, et s’il défiait le temps qui passe par la poésie de ses mots, c’est par la poésie de ses images que Philippe nous conte sa Martinique et nous dit l’amour indéfectible qu’il porte à son petit pays. Il est vrai sans conteste que « nul ne guérit de son enfance », et si ses parents lui firent quitter tôt – trop tôt ? – sa terre d’origine, Sainte-Marie, pour l’emmener vivre à Fort de France, il retrouvait à chaque vacance son cher quartier de Bézaudin, d’où il tire aujourd’hui d’émouvants paysages, portraits et scènes de la vie quotidienne. Sur la route qui mène au bourg, on peut lire sur un panneau cette indication de lieu « Derrière Morne », et le photographe, traversant le miroir des apparences, va bien chercher, jusque « derrière les mornes », la réalité inchangée de son peuple et de son territoire.

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Philippe Bourgade ou Comment photographier l’âme d’un peuple?

 — Par Roland Sabra —

Zaï mouillé.Elle lavait son linge et le voilà qui vient pour lui conter fleurette. Elle a sans doute cru qu’il était intéressé par ses talents de lavandière. Elle ne l’a pas très bien reçu.

Une superbe idée de cadeau : « L’Eau mémoire » de Philippe Bourgade

Il vous reçoit le jour de fermeture hebdomadaire de son exposition « Martinique des Mornes ». Il est venu pour vous parler de ce qui le tient debout, de ce qui lui donne sa verticalité, de son « objet petit a », si l’on peut en parler, dirait le psychanalyste. C’est d’une passion dont il est question, mais une passion tranquille, assurée, de celle qui donne sens à toute une vie, de celle qui donne l’impression de ne pas douter. Son chemin est celui-là, celui qui le fait gravir encore et encore les mornes de Martinique, de sa Martinique, à la recherche de ce qui serait son essence.

Il y a trois douzaines d’années de ça il est tombé amoureux d’un objet, un appareil photo. Le boîtier noir et son objectif, la densité de l’alliage du verre et du métal sous une forme compacte, le plaisir de le saisir, de l’avoir en main comme on a le plaisir d’avoir un vin en bouche, le poids de l’objet, l’impression de solidité et la fragilité des mécanismes qui le composent, l’objet comme un prolongement de soi, comme une pulsion, comme un concept à la limite du corps et de l’esprit.

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