— Par Patrick Mathelié-Guinlet —
Le père du nègre est mort !
Je vous parle pas de Cham.
Aujourd’hui dans mon slam
j’ai mis toute mon âme :
qu’il emporte mes mots
au loin jusqu’à son corps.
Du nègre Orphée
s’est tue la lyre,
dans les bras de Morphée
dirait-on pas qu’il dort ?
Car un poète ne peut être mort :
tant qu’on continue de le lire
il continue de vivre encore
au cœur de notre souvenir
pour les nombreux siècles à venir.
Certes tu fus aimé,
Aimé, comme ces airs,
Césaire, de liberté
que tu nous a chantés
et qui nous ont charmés.
Jamais nous te laisserons partir.
Étiquette : Patrick Mathélié-Guinlet
Carnaval, Poésies
Carnaval
— Par Patrick Mathelié-Guinlet —
Chevalier d’hystérire
où tout, même le pire,
prétexte à dérision
lorsque l’amer des larmes
et les vagues de l’âme
sont noyés dans les lames
d’une mer sans fond de sons,
que déferle la houle
d’une foule qui s’défoule,
toute sous son empire.
Défilent des beautés
sensuellement parées
de leur seule sueur,
arcs-en-ciel de couleurs
des nudités de plumes
soulevant dans les airs
tourbillons de poussière
au rythme des danseurs
recherchant l’âme sœur
dans leur regard hagard
et que la transe allume.
Poésies, Politiques
14 février 1974
—Par Patrick Mathelié-Guinlet —
Sur le plateau Chalvet
tous ensemble ils marchaient,
leur commune misère
d’étendard leur servant,
de cinq malheureux francs
désirant seulement
augmenter leur salaire
trop maigre au demeurant
afin que leurs enfants
ne meurent pas de faim
pour aller à l’école.
Ouvriers agricoles,
des coupeurs de banane
tous unis dans la grève,
par désespoir poussés
à cette extrémité.
Poésies, Politiques
Pas…(Étit lespri févriyé dé-mil-nef ?) & Vendredi 6 mars 2019
— Par Patrick Mathelié-Guinlet —
Pas…(Étit lespri févriyé dé-mil-nef ?)
Pas tan-an ka vin pou pep-la lévé doubout,
pas lavi an nonm two kout, fout !
kouté’y an lari-a palé épi an sel vwa
pou mandé tousa i ni dwa.
Pas mépri bétjé-a lévé kòlè pep-la,
pas nou té bon épi pwofitasion,
pas Gwadloup ek Matinik sé dé nasion,
pas lè ni an volonté ni an lawout,
pas nou vlé dinité nou épi sé tout,
pas lavi nou sé an konba ki pa jen bout,
pas sé solidarité ka pòté lespwa,
pas sé an kréyol i tan pou mwen di tousa,
divini ich nou ké plen épi lajwa !
Patrick Mathelié-Guinlet
Vendredi 6 mars 2019
Tous debout devant la Maison des Syndicats
malgré des lacrymos, l’épaisse, âcre fumée,
la marée rouge du fier peuple de Foyal
résiste à l’arrogance de l’armée coloniale,
scandant comme on le fait un hymne national :
« Yo armé, nou pa armé, sé pou la viktwa
nou ka alé ! » Ferveur d’une seule et même voix
en dansant tel en un vidé de carnaval…
Convaincus de leurs droits, au-delà de la peur,
sans armes, leurs mains nues levées avec ardeur,
ils font reculer à la force de leur chant
les gendarmes macoutes, armés, eux, jusqu’aux dents !
Poésies
Du jaune de la colère au vert de l’espoir…
— Par Patrick Mathelié-Guinlet —
C’est la fin de deux mille dix-huit !
Refermons cette triste page
d’une année remplie de colère,
mécontentement et puis rage
de Gilles et John ayant assez
d’être toujours boucs émissaires
d’une société mal gérée
où règnent injustice et misère…
Quelle en pourra être la suite,
l’homme deviendra-t-il plus sage ?
Puissions-nous en deux mille dix-neuf
vivre dans un monde tout neuf
plus équitable et apaisé,
monde d’amour et de partage
sans exclus et sans réfugiés
avec en vers et contre tout
l’espoir secret, la volonté
que l’on portera jusqu’au bout
que nous n’attendrons pas en vain
qu’il advienne en deux mille vingt…
Poésies
« Tribulations archipéliques », vues par Patrick Mathelié-Guinlet
J’ai la mémoire de l’escalier
qui ne va nulle part.
En redescendant ses supermarches,
je me souviens de l’île
mais lorsque je te décode,
Martinique, tu te barres !
Archipel de visions émergentes
volcaniques, magmatiques, bouillonnantes,
explosives !
Points chauds
entre le ciel et l’eau…
Kaléidoscope d’ethnies, de cultures et de couleurs de peau,
rencontres, croisements, métissages,
fusions, échanges, transmissions,
la créolité du “tout-monde”
reflétée dans des miroirs
comme en les yeux de l’autre…
Les valises de l’exîle sont posées,
au voyage invitation
d’un peintre qui a changé de palette.
Poésies
Mémoire d’une seule traite
— Par Patrick Mathelié-Guinlet —
J’ai traversé pour l’autre bord,
le bord de ce beau pays de France.
Je suis allé à Bordeaux
au bord de l’eau
sur les quais ensoleillés,
laissant au fil du fleuve mon esprit vagabonder.
J’y ai humé comme un fumet
persistant et rance
de larmes, de sang,
de sueur et de peur,
comme un relent
de mort, d’humiliation, de souffrance.
J’ai contemplé les fantômes de ces grands bateaux négriers
remontant l’estuaire, toutes voiles déployées,
qui firent la fortune des commerçants
de bois d’ébène sur le dos des esclaves.
Les fantômes de ceux qui sucèrent la moelle de l’Afrique
Disparitions
Une trop brève histoire du temps…
— Par Patrick Mathelié-Guinlet —
Tu ne pouvais pas marcher, pas même bouger dans ton fauteuil roulant
mais ton rêve était aussi vaste que l’Univers…
Tu nous le faisais partager,
nous entraînant jusqu’aux confins du cosmos et de l’espace-temps,
à cet “horizon des événements” de trous noirs, là où personne ne s’était aventuré auparavant,
de ta voix informatisée au timbre métallique un peu monocorde de cyborg.
Mais ton intelligence n’était certes pas artificielle !
Un des plus grands penseurs scientifiques de l’humanité depuis Albert Einstein s’en est allé…
Ton étoile a filé dans les cieux, implosant en supernova, fusionnant avec ce cosmos où en esprit tu aimais tant te promener de ton vivant.
Poussière d’étoile, tu es retourné poussière d’étoile…
Merci encore pour tous ces voyages et, pour le dernier, bonne route sur la voie lactée, Monsieur Stephen Hawking !
Poésies
Place de la Bastille, Place de la Nation ou Place des Antilles…
À chacun sa place, sans perdre la face, sans contrefaçon…
— Par Patrick Mathélié-Guinlet —
On fête au quatorze juillet
en France la Fête Nationale
en l’honneur de la Liberté
de haute lutte récupérée
des mains du pouvoir Royal
avec en toile de fond
la prise d’une prison
comme le pétard mouillé
de cette Révolution
fêtée aujourd’hui par ses fils
avec des feux où l’artifice
l’emporte sur la réalité !
Poésies
Pak nou
— Par Patrick Mathélié-Guinlet —
Pak nou
Pak, ti tak, ti tak Pak,
ti tak, ti tak Pak.
Pak atak, Pak atak,
matoutou krab !
Krab pa ni mak,
chak krab an lak,
chak krab an bak,
chak krab an sak,
chak krab an pak
èk san di hak,
krab pak an pak
èk bonda-man-jak…
Pak atak, Pak atak,
matoutou krab !
Pak, ti tak, ti tak Pak,
ti tak, ti tak Pak.
Pak atak, Pak atak…
Poésies
All that jazz!…
— Par Patrick Mathelié-Guinlet —
Noires et blanches
se déhanchent
en ondulant des anches,
se métissent
et tissent
vaille que vaille,
maille à maille,
maille à partir,
la trame
de leur âme
triste
d’artiste
qui s’envole
– tapis perçant
mes tympans –
de la gueule
cuivrée des saxophones.
Poésies
22 mai : poèmes de Patrick Mathelié-Guinlet
22 MAI 1848
I
L’or rouge de l’Afrique a menotté mes yeux
pour toujours obsédés par le son du tambour.
Ces mains battant la peau de joie ou de douleur
dont déborde le cœur des hommes de couleur
conjurant tous les dieux des jungles et des cieux
pour oublier le poids de leur destin trop lourd,
racontant l’épopée d’un trajet sans retour,
d’un exil au delà des terres des ancêtres,
subissant sous le joug insensible de maîtres
cruels l’injustice du légal code noir
qui fait dans la terreur d’un monde sans amour
l’espérance de vie rimer au désespoir.
C’est pourquoi aujourd’hui vient le besoin d’écrire,
d’exorciser enfin le triste souvenir
afin que désormais avec moi puisse dire
tout homme sensé : “L’ESCLAVAGE, JAMAIS PLUS !”
II
Mon île n’est pas née de nébuleuses
mais bien plutôt de la mer houleuse.
22 Mai ! Ce beau jour
vit se briser les chaînes…
N’est-ce pas le bon jour
pour enterrer les haines ?
Et si sont remisés
et les fouets et les fers,
c’est pour qu’enfin jaillisse
aujourd’hui la lumière.
22 MAI 1848
Si se sont libérés
les poignets et les pieds,
cela n’est pas assez
pour crier : « Liberté !
Poésies, Politiques
À Betzi, Marajo, Rosile,
Décembre 59
Ils avaient cru qu’en devenant département,
c’en serait fini du mépris, de la misère,
oubliant hélas que toujours le colon ment…
La fermeture des usines sucrières
menant à l’exode rural, pas de travail,
le racisme des colons français fonctionnaires
avaient encore plus agrandi cette faille.
Déçus dans leur espoir, tous ces jeunes frustrés
dans les rues de Foyal exprimaient leur colère.
Ils en avaient assez en chiens d’être traités,
seul le nom de leur laisse avait été changé.
Ils pensaient qu’ils seraient français à part entière,
entièrement à part ils s’étaient retrouvés.
Lors, non content de ne pas tenir ses promesses,
la République avait lâché ses C.R.S.
racistes qui, par la police secondés,
avaient chargé la foule avec brutalité.
Trois morts étaient tombés, fleur de notre jeunesse,
pour défendre à tout prix la dignité bafouée
et la liberté du peuple martiniquais.
À Betzi, Marajo, Rosile, honneur, respect !
Aujourd’hui d’autres leurres à nos choix sont offerts,
alors songeons aux déconvenues du passé
et sachons voir ce qui peut se cacher derrière
afin que nos martyrs ne soient point morts en vain…
Patrick MATHELIÉ-GUINLET
Poésies
Autiste, un poême de Patrick Mathélié-Guinlet
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Je ne vois rien
mais ne suis pas aveugle…
Je n’entends rien
mais je ne suis pas sourd
ni muet, pour autant
je ne dis rien
mais n’en pense pas moins…
Et ce monde où je vis,
où je me réfugie,
certes vaut bien le tien !
Tu parles de folie
quand tu ne comprends rien…
Mais c’est la jalousie
qui fait parler ainsi
lorsque ta vie tu rêves
et que souvent t’en crèves
des rêves inassouvis
alors que j’ai choisi
de vivre dans les miens
que j’aime à la folie !
Change donc ton regard
car mon indifférence,
en fait, à ton égard
est juste une apparence,
plutôt ma différence
et d’or est mon silence…
C’est pas une maladie,
différent je le suis,
mais on peut être amis
dans un monde enrichi
si, au lieu de rejet,
vient un peu de respect.
Lors, à bon entendeur
si tu ouvres ton cœur,
l’autiste te salue…
Patrick MATHELIÉ-GUINLET