Étiquette : Ô vous frères humains

Albert Cohen black-blanc-beur

— Par Selim Lander —

Un texte contre le racisme, un récit, pas une pièce de théâtre. Un vieil homme se remémore un incident de son enfance au cours duquel il s’est découvert brutalement autre que celui qu’il croyait, un être susceptible de provoquer la haine et le mépris ; dans sa logique enfantine, il a conclu qu’il était sans doute méchant pour être maltraité ainsi, sinon lui du moins sa race. Cela se passait à Marseille, tout-à-fait au début du XXe siècle. Sa famille s’est installée depuis peu dans le midi de la France, un pays qu’il idéalise, qu’il idolâtre même s’il faut en croire son récit, au point d’installer sur une étagère de l’armoire de sa chambre une sorte d’autel couvert de reliques des gloires de la France telles qu’il peut les percevoir, à neuf ans, jusqu’à un sachet de terre des colonies acquis auprès d’un de ses camarades d’école, graine d’escroc ! Au retour de l’école, le petit Albert s’est arrêté pour écouter un camelot dont il admirait la faconde, l’art de manier cette langue française tant aimée. Las, le bonimenteur a repéré bien vite en lui un « youpin », le lui a fait savoir et lui a enjoint de déguerpir.

→   Lire Plus

« Ô vous frères humains », d’Albert Cohen, m.e.s. d’Alain Timar

Jeudi 20, vendredi 21, samedi 22 avril 2017, 19h 30 au T.A.C.

Lire la critique de la pièce, lors de sa création, par Michèle Bigot sur Madinin’Art

Extrait
« Et je suis parti, éternelle minorité, le dos soudain courbé et avec une habitude de sourire sur la lèvre, je suis parti, à jamais banni de la famille humaine, sangsue du pauvre monde et mauvais comme la gale, je suis parti sous les rires de la majorité satisfaite, braves gens qui s’aimaient de détester ensemble, niaisement communiant en un ennemi commun, l’étranger, je suis parti, affreux sourire tremblé, sourire de la honte. »

Albert Cohen

Mise en scène: Alain Timár
Adaptation : Danielle Paume
Avec : Paul Camus, Gilbert Laumord, Issam Rachyq-Ahrad

Le metteur en scène Alain Timar
Alain Timár, metteur en scène, scénographe, officier dans l’Ordre des Arts et des Lettres, Chevalier dans l’Ordre national du Mérite en 2014, Chevalier dans l’Ordre des Arts et des Lettres en 2008, Prix Jean-Pierre Bloch remis par la LICRA en 2003.
Après des études supérieures en France et un parcours dans diverses compagnies théâtrales, Alain Timár décide de s’installer à Avignon où il fonde le Théâtre des Halles qu’il dirige et anime depuis 1983.

→   Lire Plus

Luz adapte « Ô vous frères humains », d’Albert Cohen

luz_o_vs_freres_humainsLuz adapte « Ô vous frères humains », d’Albert Cohen, qui traite de l’antisémitisme, presque un an après Catharsis, album dans lequel l’ancien dessinateur de presse racontait la tuerie de Charlie Hebdo. Dans les deux cas, c’est toujours la haine qui est à l’origine de tout.

Après 25 ans de carrière le dessinateur Luz ne travaille plus aujourd’hui pour la presse, hormis pour Groland. Le 7 janvier 2015, il arrive en ­retard à la conférence de rédaction de Charlie Hebdo. Il rapportait son témoignage dans un album exutoire, Catharsis (mai 2015), où il exorcisait son traumatisme en s’ouvrant par le dessin à l’expression de ses émotions intérieures. Il adapte aujourd’hui Ô vous frères ­humains, d’Albert Cohen, un livre à part dans l’œuvre du romancier. En noir et blanc, cette ­partition graphique, presque muette, ­explore à la limite du fantastique cette première confrontation d’un enfant avec l’antisémitisme dans une rue de Marseille, le jour de ses dix ans.

Dans Catharsis, en vous mettant en scène, vous parliez de votre désir d’adapter Shining, de Stephen King. Pourquoi finalement avoir choisi ce livre d’Albert Cohen ?

→   Lire Plus