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Nathacha Appanah, lauréate du Prix Femina 2025 pour « La Nuit au cœur »

— Par Hélène Lemoine —

Les jurées du Prix Femina se sont réunies lundi 3 novembre au Musée Carnavalet pour couronner une œuvre qui a bouleversé la rentrée littéraire. Leur choix s’est porté sur La Nuit au cœur (Gallimard), de Nathacha Appanah, un récit aussi intime que collectif, tissé autour de trois destins de femmes emportées dans la spirale des violences masculines.

Aux côtés de la romancière mauricienne, le jury a également distingué John Boyne, pour son roman Les Éléments (Lattès), dans la catégorie Étranger, et Marc Weitzmann, lauréat du Prix Essai pour La Part sauvage (Grasset), un texte consacré à Philip Roth.

Trois femmes, une même tragédie

Avec La Nuit au cœur, Nathacha Appanah a franchi un pas décisif dans son œuvre. Elle y entrelace trois voix : celles de Chahinez Daoud, brûlée vive par son ex-mari à Mérignac en mai 2021 ; Emma, sa cousine, tuée par son mari à l’île Maurice en 2000 ; et la sienne, survivante d’une relation violente dont elle s’est échappée à vingt-cinq ans.
Trois femmes, trois existences traversées par la peur, la domination et la fuite – mais aussi par le courage de dire.

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Lire « Tropique de la violence. » de Natacha Appanah

— Par Françoise Dô (*)—

J’ai alors dit la chose la plus stupide de ma vie « Mais c’est la France ici quand même  » et Chebani a tellement ri qu’il en a eu les larmes aux yeux. (p.113)

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Qu’est-ce que c’est? Très clairement accepter d’être emporté à Mayotte. 

J’ai pas envie… a été ma réaction naturelle. Pour quoi faire… a été ma seconde réaction naturelle. C’est une histoire qui se passe à Mayotte et « Mayotte, c’est la France et ça n’intéresse personne. » (Extrait de la page 112). 

C’est plutôt vrai. 

J’ai tout de même ouvert la première page pour lire les premières lignes à reculons. Quelques heures plus tard j’y étais toujours. Propulsée à Mayotte, par une écriture initialement au rythme quasi-frénétique. On croit à l’histoire de Marie mais il ne s’agit pas de cela. D’abord ébouriffée du voyage donc, puis giflée. Putain Mayotte quoi! J’ai brûlé comme peut brûler un pneu un jour de grève.

Brûler de la rage de vivre malgré la misère. Car la misère est ce dont il est question.

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Cancer des tropiques

— Par Muriel Steinmetz —

natacha_appanahLa Mauricienne Nathacha Appanah, dans son sixième roman, s’attache aux traces d’un enfant noir recueilli par une Blanche qui, à l’adolescence, rejette violemment le monde de sa mère adoptive.

Tropique de la violence, de Nathacha Appanah. Gallimard, 192 pages, 17,50 euros.

« C’est Mayotte, ici et toi tu dis c’est la France. Va chier ! La France c’est comme ça ? En France on voit des enfants traîner du matin au soir comme ça, toi ? En France il y a des kwassas (embarcations de fortune dans lesquelles s’entassent les clandestins – NDLR) qui arrivent par dizaines comme ça avec des gens qui débarquent sur les plages et certains sont déjà à demi morts ? En France il y a des gens qui vivent toute leur vie dans les bois ? » Ces imprécations sont tirées de Tropique de la violence, dernier roman de Nathacha Appanah, née à Mahébourg (île Maurice) en 1973. L’action se situe à Mayotte, seule île française de l’archipel des Comores (qui comprend aussi Grande Comore, Mohéli et Anjouan). ­Mayotte, dont on parlait récemment dans les journaux et à la télévision, constitue un des postes avancés du processus de déconstruction en jeu dans les pays encore sous tutelle.

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