J’ai eu le bonheur d’être introduite à la pensée de Fanon par Vincent Placoly avec lequel, collégienne, je discutais en classe de révolution ; février 74 n’était pas très loin, et mon professeur de français m’offrit son propre volume de Sociologie d’une révolution.
Qu’en ai-je alors tiré à cet âge de tous les possibles ?
Les femmes algériennes me sont apparues comme des héroïnes de la lutte de libération nationale algérienne, toutes voilées et soumises qu’elles semblaient.
Elles transportaient des bombes, des munitions et des grenades sous le haïk, cet ample voile qui leur permettait de franchir les lignes ennemies, s’introduire dans la ville européenne sans être inquiétées. Femmes exemplaires, maillon capital de la révolution algérienne ; des inspiratrices auxquelles je pouvais sans mal m’identifier, d’autant qu’elles ébauchaient une aube nouvelle, redéfinissant la place des femmes les sociétés post -coloniales et révolutionnaires.
Quelques dizaines d’années plus tard, la relecture de cet essai “initiatique”, et les réactions que ce texte a suscitées par ailleurs, me portent à jeter un nouvel éclairage sur le propos de l’auteur et par là -même, de son impact.