Étiquette : Marina Hands

Au Portugal, le festival de Almada, version langue française.

— par Janine Bailly —

Au Festival de Théâtre de Almada, dans une ambiance toujours chaleureuse, on découvre ou redécouvre de grands textes, d’aujourd’hui et d’autrefois, et qui sont pour certains donnés en cette belle langue française, supplantée aujourd’hui au Portugal par l’anglais mais encore bien connue des générations plus anciennes.

Liliom, ou la vie et la mort d’un vaurien (Liliom ou a vida e a morte de um vagabundo) : au Teatro municipal Joaquim Benite, de Almada

« Je voulais aussi écrire ma pièce de cette manière. Avec le mode de pensée d’un pauvre gars qui travaille sur un manège dans le bois à la périphérie de la ville ». Ainsi parlait le dramaturge hongrois Ferenc Molnár qui présentait sa pièce Liliom, créée en 1909 et sujette à de multiples adaptations cinématographiques, celle de Fritz Lang n’étant pas la moindre. Jean Bellorini, qui donna à la carrière Boulbon le fabuleux Karamazov dans le cadre du 70° Festival d’Avignon, offre ici de Liliom une version poétique, qui repose sur une scénographie inventive et par instants féérique. De la fête foraine, il retient l’espace carré d’un manège d’auto-tamponneuses, les quatre véhicules s’offrant aux entrées et sorties des personnages.

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« Actrice » texte, mise en scène et scénographie Pascal Rambert

—Par Michèle Bigot —
Après Clôture de l’amour en 2011 et Répétition en 2014, Pascal Rambert continue d’explorer les deux voies parallèle du théâtre et des affres de la condition humaine. L’originalité de son approche, c’est cette façon singulière de nouer ces deux arguments. Il ne s’agit pas seulement de théâtre dans le théâtre, quoique cette dimension ne soit pas absente. Il s’agit de représenter un univers dont les acteurs soient des comédiens, qui portent au plus profond de leur cœur la passion du théâtre. Les titres le disent assez. Ce qui est en jeu, c’est la vie des acteurs en tant que personnes comme en tant que comédiens. Les deux étant inséparables. D’où une réflexivité permanente dans l’écriture, qui fait de l’objet théâtral la première des passions humaines, gouvernant toutes les autres. Eugenia, l’actrice par excellence le dit bien, qui affirme avoir fait passer l’amour du théâtre avant ses enfants et ses amants. Pascal Rambert aime ses actrices. Et leur donne les moyens d’exprimer leur talent de manière superlative. Audrey Bonnet, sa complice irremplaçable, et Marina Hands, dont on ne dira jamais assez le pouvoir d’émotion.

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« Ivanov » ou le loser exténué

— Par Selim Lander —

Ivanov2 (2)La première « vraie » pièce de Tchekhov[i], créée à Moscou en 1887, Ivanov n’est pas la plus célèbre et l’on comprend pourquoi depuis qu’elle est montrée à l’Odéon. Contrairement aux pièces les plus connues de Tchekhov, où la déréliction se trouve agréablement compensée par la poésie et l’humour, Ivanov est littéralement plombée par le personnage éponyme, le type même du looser, désespéré de surcroît, incapable du moindre sursaut, tout au plus capable de se juger avec une lucidité telle qu’elle ne peut que renforcer sa désespérance. Sa première épouse est atteinte de la tuberculose (comme Tchekhov lui-même) et meurt pendant l’entre-acte, ce qui ne contribue pas à nous ragaillardir. Quant à la deuxième épouse (le mariage occupe la deuxième partie de la pièce), elle essaye bien de ranimer un peu le malheureux Ivanov mais sans succès. L’amour éperdu de ces deux femmes pour un individu réduit à l’état de loque humaine n’aide d’ailleurs pas à la vraisemblance de la pièce. Les comparses sont censés apporter un élément comique ; hélas, ils ne parviennent pas à dérider la salle, sinon sporadiquement.

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