— Par Roland Sabra —
Qu’il est difficile d’aimer…Gilles Vigneau le chantait dans « Le doux chagrin ». La Cie l’Autre Bord le rappelle avec « La réunification des deux Corées » de Pommerat qui « se présente sous la forme d’une suite de petits fragments fictionnels, comme des nouvelles, sur un thème à peu près commun. » l’amour, rêvé, vécu, déçu. Des nombreuses références culturelles de la pièce, qui vont de Bergman à Tchekhov en passant par Wong Kar-wai, les deux metteurs en scène, Malasné et Savard ont mis en évidence celle qui renvoie à Arthur Schnitzler. On retrouve la structure séquencée en dix dialogues de « La Ronde » de l’écrivain allemand et une thématique semblable celle des relations autour de l’amour avec des personnages dont l’identité, tels des archétypes n’est pas précisée. La scène d’ouverture et celle de clôture de « La réunification », « le prix de l’amour » est d’ailleurs un parallèle de la première scène, « la fille et le soldat » de « La Ronde ». Une prostituée se brade pour un passant qui souhaite rentrer retrouver sa femme chez lui.


Le titre est mystérieux, difficile à interpréter et c’est volontaire.. N’allez pas croire qu’il s’agit d’une pièce politique sur les sempiternelles négociations autour de la DMZ (demilitarized zone), ce no man’s land qui s’étend sur 250 km, d’une largeur de 4 km à la hauteur du 38ème parallèle et qui sert de ligne de démarcation entre les belligérants de la guerre de Corée depuis 1953. Deux ou trois indications peuvent, tirées par les cheveux, établir un très, très loin rapport entre la pièce de Pommerat et la DMZ. Premièrement la réunification semble impossible, deuxièmement plus on se parle moins l’on s’entend, troisièmement le dispositif scénique est lui aussi un couloir mais pas tout à fait démilitarisé puisque c’est là que les affrontements se déploient.