Negatalent, Jean-Marc Hunt
Avec, d’une part, la seconde exposition personnelle de Jean-Marc Hunt suivant celle de 2015 et, d’autre part, une nouvelle édition du Marché d’art, l’été de la Fondation Clément s’avère particulièrement riche.
L’exposition Jean-Marc Hunt compte pour sa part une soixantaine d’œuvres réparties en trois séries : Negropolitan Museum, Récits cosmogoniques (voir la première photo) et Jardins créoles poursuivies en parallèle par l’artiste, des toiles auxquelles s’ajoutent quelques sculptures. Les deux premières séries peuvent être qualifiées de néo-expressionnistes, la première avec ses silhouettes anthropomorphes esquissées, la deuxième avec les dessins et les messages inscrits en blanc sur des fonds colorés qui peut être même rapprochée de la figuration libre. On y reconnaît l’artiste engagé qui entend, de son propre aveu, « recenser les questionnements dus à la condition noire et antillaise ». Selon Pascal Blanchard, un historien de la mouvance décoloniale qui signe la préface, Hunt « interroge la notion d’afro-français et d’afro-descendant, il révèle les origines de la culture créole et n’a de cesse de bousculer le passé colonial dont les héritages sont toujours présents » (1).




Jean-Marc Hunt nous mène dans les chemins de traverse, d’un univers et de ses profondeurs, à la fois matérielles et spirituelles qui s’offrent à notre contemplation. Car il nous convie à une réflexion et non à une vision purement esthétique.
En marge d’une esthétique académique et d’effets picturaux décoratifs qui rassurent, la peinture de Jean-Marc Hunt nous oblige à regarder le monde qu’il interroge, les sociétés dont nous sommes tous, à la fois, spectateurs et acteurs, sans fard ni artifices. Pour le meilleur ou pour le pire, nos sociétés ont engendré/vu d’énormes progrès au niveau de la connectivité sociale, mais aussi plus de guerres, plus d’austérité corporatiste, de pauvreté, de destruction de la nature, de désensibilisation de la vie, un système éducatif défaillant, des maladies, l’abus de substances et de nourriture, l’exploitation/expropriation de nations indigènes, la corruption des systèmes bancaires, la dés-harmonisation de la politique et l’impudence des religions…