Création du 54e Festival de Fort-de-France, cette pièce haïtienne pour l’écriture (Jean d’Amérique (1)) et la mise en scène (Jean-Erns Marie-Louise) mais avec une distribution africaine et en partie martiniquaise est une vraie réussite formelle. Certes, l’argument est mince : Sanite Bélair, une héroïne de la guerre d’indépendance haïtienne demande à un hougan (« prêtre » vaudou) de la ressusciter car elle a des choses à dire à ses compatriotes d’aujourd’hui, et pour commencer qu’ils ont tort d’oublier la part des femmes dans la guerre contre les Français, à commencer par sa part à elle qui fut sergente dans l’armée de Toussaint Louverture. On ne sait pas si elle ressuscitera vraiment, même s’il semble que ce soit le cas à la fin de la pièce mais elle fera parler d’elle, et d’une manière ou d’une autre parviendra à se manifester auprès des Haïtiens d’aujourd’hui, la télévision s’étant saisie de ce fait divers peu ordinaire. Il n’y a pas vraiment d’intrigue, plutôt une suite de tableaux qui font progresser l’action vers la réapparition réelle ou rêvée de l’héroïne.
Étiquette : Jean D’Amérique
Théâtre
« Opéra poussière », texte Jean D’Amérique, m.e.s. Jean-Erns Marie-Louise
Au Théâtre Aimé Césaire – Les 11,12 et 13 Juillet 19h30
• 11-12 Juillet 2025 dès 20h30 – After au Théâtre Aimé Césaire : bar et restauration dans les jardins du théâtre
• 11 Juillet 2025 à 19h30 – suivi d’une Performance poétique de l’auteur Jean D’Amérique
• 12 Juillet 2025 à 19h30 – suivi d’un Bord de scène : Conversation entre le metteur en scène Jean-Erns Marie-Louise et l’auteur Jean D’Amérique ,modératrice Erika Govindoorazoo, journaliste
• 13 Juillet 2025 à 9h30 – Brunch au Théâtre
• Tarif : 20€ – Billets en vente en ligne sur : clikeye.com & Guichet du Grand Carbet du Parc
Aimé Césaire – Infoline : 0696 21 33 08 /0596 71 66 25
• Durée : 1h20
Opéra Poussière est une pièce de théâtre écrite par l’auteur haitien Jean D’Amérique porté par le metteur en scène haitien Jean-Erns Marie-Louise. En résidence de création au BurkinaFaso puis au Bénin. La Cie La Thymélé achève sa dernière étape de création au Théâtre Aimé Césaire et proposera en avant-première ses premières représentations d’Opéra Poussière dans le cadre du 54ème Festival de Fort-de-France.
Politiques
Haïti: «Il n’y a qu’avec du sang que je peux remplir une page»
— Par Jean D’Amérique —
Poète, dramaturge et auteur haïtien, Jean D’Amérique, 26 ans, livre à «Libération» son regard sur l’assassinat de Jovenel Moïse et sur l’état de son pays. Il est l’auteur de cinq livres dont son premier roman, «Soleil à coudre» (Actes Sud), paru en mars.
Etre haïtien, c’est naître dans le sang, grandir dans le sang – ou souvent ne pas avoir le temps de grandir – et finir dans une flaque de sang. Etre haïtien, c’est attendre sa balle. C’est attendre la balle qui vous dévorera le souffle, où que vous soyez dans le pays. Etre haïtien, c’est presser le pas vers l’au-delà. Être haïtien, c’est pleurer, c’est crier. Mais depuis le temps que ça saigne. Mais depuis le temps que ça pleure. Depuis le temps que ça crie… Il faut croire que le sang ne suffit pas.
Je ne voudrais pas répéter les choses. Mais la mort se répète, il faut que je le dise. Je ne voudrais pas répéter les choses. Mais je suis né et j’ai grandi dans cette spirale qui me poursuit partout, tatouage de ténèbres au cœur de mes moindres rêves de lumière.