Étiquette : génocide rwandais

Avignon 2017 (5) « Unwanted », « Oh ! les beaux jours »

Par Selim Lander

Unwanted de Dorothée Munyaneza (IN)

Dorothée Munyaneza est rwandaise. Elle a un port de reine, la démarche d’une danseuse, elle n’est que grâce et élégance. Ses créations portent sur son pays, sur le génocide des Tutsis. Dans Unwanted elle fait parler des mères ayant accouché d’un enfant conçu lors d’un viol, un enfant non désiré, unwanted. Les femmes dont elle a recueilli les propos s’expriment en langue vernaculaire ; D. Munyaneza en donne la traduction simultanée. Mais il y a bien plus dans cette pièce que ces témoignages, des moments d’une rare intensité, à commencer par celui où la comédienne mime un tueur ivre de fureur et de violence. Vêtue d’une combinaison unisexe qui nous percevons à ce moment-là comme une tenue militaire, elle se pavane, saute d’un bord à l’autre du plateau, éructe, se fait menaçante avec un pilon de mortier qui lui sert à frapper de grands coups sur le plancher de la scène : tout cela dans une sorte de transe sauvage étonnante de vérité. Et l’on peut en effet supposer que les guerriers qui commettent des atrocités – les islamistes de Daech aujourd’hui, les auteurs du génocide rwandais hier – se trouvent dans un état de transe et/ou sous l’emprise d’une substance altérant le jugement lorsqu’ils accomplissent leurs crimes abominables. 

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« Participation directe de la France au génocide des Tutsi du Rwanda : vous avez dit absurde ? »

— Par Bruno Boudiguet et Serge Farnel. —

bisesero-1Bernard-Henri Lévy a, dans un récent « bloc-notes » paru dans Le Point, tenu à réagir à la polémique récente sur le rôle de la France au Rwanda il y a vingt ans : « Tout ce faisceau d’erreurs et de fautes ne fait pas une ’’participation’’ au génocide. Et on ne peut évidemment pas dire que l’armée française ait eu une implication ’’militaire’’ dans les tueries. Mais que la France ait eu une responsabilité politique et morale dans cet enchaînement de monstruosités hélas prévisibles, c’est l’évidence. » Ces paroles font directement écho à celles du chef de l’État rwandais Paul Kagame qui, peu avant la vingtième commémoration du génocide perpétré contre les Tutsis, fustigeait dans les colonnes de Jeune Afrique « le rôle direct de la Belgique et de la France dans la préparation politique du génocide et la participation de cette dernière à son exécution même. » Il ajoutait : « Interrogez les rescapés du massacre de Bisesero en juin 1994 et ils vous diront ce que les soldats français de l’opération Turquoise y ont fait.

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Verdict historique pour le Rwanda

pascal_simbikangwa

—Par Marie Barbier —

Jusqu’au bout Pascal Simbikangwa aura joué la partition de l’innocence. Hier matin, s’adressant aux jurés avant qu’ils ne se retirent pour délibérer, l’ancien dignitaire hutu répète qu’il n’a jamais vu aucun cadavre à Kigali au printemps 1994… Une façon aussi de nier la réalité du génocide des Tutsis, qui vu le  massacre de plus de 800 000 hommes, femmes et enfants en cent jours.

Mais l’ancien capitaine de la garde présidentielle n’aura pas convaincu la Cour d’assises de Paris, premier tribunal français à juger un présumé génocidaire rwandais. Au terme de douze heures de délibéré, les six jurés populaires et les trois magistrats professionnels ont déclaré Pascal Simbikangwa coupable de génocide et de complicité de crimes contre l’humanité commis à Kigali, estimant qu’il avait eu la « volonté de tromper la justice » sur ses activités réelles durant le génocide.

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Rwanda : Alain et Dafroza Gauthier, chasseurs de génocidaires

rwanda_genocide-1Pour la première fois depuis le génocide des Tutsis il y a vingt ans, la justice française jugera l’un de ses auteurs présumés à partir de mardi prochain. L’aboutissement de plusieurs années de traque pour ce couple rémois qui a déposé près de vingt plaintes en France.

Pendant des années, les étés se sont ressemblé chez les Gauthier. Alain et Dafroza partaient de Reims avec leurs enfants sous le bras puis, une fois arrivés à Kigali, les trois petits étaient laissés chez les cousins. « Ils n’étaient pas malheureux avec leur famille, sourit Dafroza, aujourd’hui grand-mère. Et nous, on pouvait se consacrer entièrement à nos “délires”. » Peut-être faut-il être un peu délirant, en effet, pour passer ses étés à sillonner les collines du Rwanda à la recherche de rescapés ou d’anciens tueurs repentis. Enquêter, interroger, traduire. À chaque témoignage, replonger dans l’enfer. Puis, une fois de retour en France, poursuivre les tueurs. Confronter, vérifier, traquer. Réussir, enfin, à déposer plainte. Ne pas les laisser tranquilles, ces génocidaires qui, des années après avoir commis le pire des crimes, pensaient pouvoir tranquillement refaire leur vie en France.

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