— Par Sylvie Kauffmann —
L’esclavage moderne affecte 35,8 millions de personnes sur la planète, selon une ONG. A peu près l’équivalent de la population du Canada ou de l’Algérie.
Douze ans d’esclavage, l’autobiographie de Solomon Northup portée à l’écran l’an dernier par Steve McQueen, a été écrite en 1853. Cette histoire vraie d’un homme libre, kidnappé puis vendu et confronté pendant douze ans à la brutalité inouïe de la servitude dans le sud américain, a ému le jury des Oscars et des millions de spectateurs dans le monde entier. Un drame historique dont la cruauté, heureusement, appartient à une époque révolue. Cela s’apprend à l’école : l’esclavage a été aboli.
Evelyn Chumbow aimerait le croire. Elle, ce n’est pas douze, mais huit ans d’esclavage qu’elle a subis, de 9 à 17 ans. Ce n’était pas dans le sud des Etats-Unis, mais dans le nord. Et ce n’était pas au XIXe siècle, mais au XXIe. Evelyn Chumbow est une rescapée de l’esclavage moderne, une condition qui, selon un rapport de l’ONG Walk Free publié le 17 novembre, affecte 35,8 millions de personnes sur la planète.

Le groupe islamiste armé Boko Haram a revendiqué, dans une vidéo obtenue lundi par l’AFP, l’enlèvement de plus de 200 lycéennes mi-avril dans le nord-est du Nigeria, promettant de les traiter en « esclaves », de les « vendre » et de les « marier » de force. « J’ai enlevé vos filles », a déclaré le chef du groupe extrémiste Abubakar Shekau dans une vidéo de 57 minutes obtenue par l’AFP. Il évoquait les 276 lycéennes enlevées le 14 avril dans leur établissement scolaire de Chibok (nord-est), dans l’État de Borno, dont 223 sont toujours en captivité, 53 ayant réussi à s’enfuir, selon la police.
Travail forcé, enfants vendus, jeunes femmes mariées de force, servitude pour dette, enfants soldats… L’esclavage existe encore. Dans sa version dite «moderne», il concerne près 30 millions de personnes dans le monde, selon une enquête d’une nouvelle ONG basée en Australie, Walk Free. Cet esclavage aux formes multiples est mal connu, pas toujours facile à identifier et encore moins à mesurer. Il demeure loin des regards, derrière les murs des maisons, des communautés, des usines. C’est un crime caché. Mais toutes ses victimes, souligne l’ONG, ont en commun d’être «utilisées et dominées par quelqu’un d’autre pour en tirer profit, exploitation sexuelle ou simple jouissance de domination».
Une Ivoirienne d’une quinzaine d’années aurait été achetée pour faire le ménage à Cavaillon (Vaucluse) par un homme poursuivi pour traite d’être humain et violences.