— Par Selim Lander —

Un film qui s’étale sur près de trois heures, sans aucune intrigue véritable, avec des séquences qui durent jusqu’à plus soif : tout au plaisir de montrer son petit monde de Maghrébins installés sur la rive de la Méditerranée, côté français, Abdellatif Kechiche n’a pas cru devoir se retenir, quitte à user les nerfs des spectateurs… qui ont néanmoins, lors de la séance à laquelle nous avons assisté, tous (et nous donc) bu le calice jusqu’à la lie.
Il est vrai que le film commence très fort par une scène de lit entre la star du film, Ophélie (Ophélie Bau) et Tony (Salim Kechiouche), le coq de la bande de jeunes gars et filles qui sont les principaux personnages du film, séquence qui manquerait de piment – encore que : on sait depuis la Vie d’Adèle ce que Kechiche est capable de tirer de ce genre de scènes (ou de ces scènes de genre) – si elle n’était observée par Amin (Shaïn Boumedine), l’(anti)héros du film. En effet, contrairement à tous les autres mâles de Mektoub…, dragueurs impénitents, Amin a un problème avec les filles, n’osant même pas « s’attaquer » à celles qui le draguent ostensiblement (car il est plutôt beau gosse).

Le visa d’exploitation du film La Vie d’Adèle a été annulé par la justice. En cause, des « scènes de sexe réalistes de nature à heurter la sensibilité du jeune public ».
La voici donc enfin cette Palme d’or décernée le 26 mai à l’unanimité du jury présidé par Steven Spielberg après cinq minutes à peine de délibération. Que l’attente fut longue, émaillée d’interviews, de polémiques et autres déclarations fracassantes! La voici donc, cette Vie d’Adèle, chapitres 1 et 2. Qu’on se rassure : ce joyau cinématographique n’a rien perdu de son éclat cannois.