–— RS n° 424 lundi 8 décembre 2025 —
Bien peu de commentaires ont accompagné les nouvelles qui vont suivre. Nul n’a fait le lien entre elles, ni réfléchi quant à leur signification profonde.
Ainsi donc, Belfort BIROTA, dont l’honnêteté ne semble pas mise en cause, a connu de sérieuses difficultés à la tête du SMTVD. Du coup, il veut rendre au privé la gestion du service public du traitement des déchets. Et bien sûr, il parle de DSP « délégation de service public ».
Dans le même temps, la CTM fait l’aveu de son incapacité de faire redémarrer les hôtels du Carbet et de la Pointe du bout. Les pays dits développés ont leurs friches industrielles. Les nôtres sont hôtelières.
Sur les terres de Providence, gagnées de haute lutte par la mobilisation populaire, on nous dit que les héritiers ont vendu, qu’une banque a acheté, que l’installation d’agriculteurs, et surtout d’agricultrices en fait, devient aléatoire, si rien n’est fait.
Pour les responsables de la politique martiniquaise, il n’y a de solution que dans la soumission aux lois du marché capitaliste, à savoir celles de la profitasyon. Seules ces lois peuvent « assoiffer l’âne » (c’est l’image employée pour parler des travailleurs/ses !) et faire tourner l’économie.
Notre divergence avec ces conceptions est totale. L’expérience montre où elles conduisent. Et, si la bataille pour la SCOP de Batelière a été perdue, c’est encore en grande partie parce que les municipalités, la CACEM, la CTM n’ont pas pris de façon conséquente, voire même pas du tout, le parti d’une solution basée sur l’initiative collective, sur l’intérêt commun.
L’imaginaire capitaliste borne l’horizon des « décideurs » locaux. Nous n’avons même pas l’équivalent des luttes en France pour la nationalisation d’Arcelor Mittal ou pour la SCOP de Duralex.
Le mouvement ouvrier et populaire doit donc d’abord compter sur ses propres forces pour imposer des solutions s’éloignant des terribles routines imposées par le Capital et ses mercenaires.
Les problèmes inhérents à la gestion du secteur public appellent, non à la capitulation, mais à un surcroît d’esprit collectif. Cela s’appelle le contrôle ouvrier et le contrôle citoyen, armes principales contre le laxisme et la corruption.
Ce n’est pas seulement possible. C’est la voie de l’avenir.
10 décembre : Pour les droits humains chez nous et dans le monde
Rendez-vous à 18h au 6ème étage de la mairie de Fort-de-France.
Police et justice coloniales, exclusion de la charte européenne des droits sociaux, génocide en Palestine, massacres au Soudan, au Congo, autodétermination du peuple kanak, droit des femmes, des LGBTQI, impérialismes belliqueux et poussées fascistes : l’heure est à la résistance unie des peuples.
VENEZ EN GRAND NOMBRE.
Mairies d’hier, mairies d’aujourd’hui, mairies de de demain
Les luttes se mènent toujours au présent. Mais une bonne politique se situe dans le temps. Les batailles sans mémoire sont souvent des batailles sans perspectives. Tout cela s’applique aussi au combat électoral. Les municipales actuelles sont une bonne occasion de mise en perspective.
1. MAIRIES D’HIER
Puisons donc dans le passé, ce dont nous avons besoin pour éclairer le combat d’aujourd’hui.
La gauche, qui pendant plusieurs décennies du siècle passé, surtout depuis la deuxième guerre mondiale se résumait (après l’évolution désastreuse du socialisme Lagrosillériste) au parti communiste et à ses satellites, a bataillé pour « prendre » et garder des mairies. Lorsque cela se produisait, les ouvriers agricoles des communes rurales, qui formaient le gros de la classe ouvrière, avaient un soutien contre la brutalité de la domination béké et contre l’État à son service. Le gros du peuple luttant pour ses exigences quotidiennes, savait qu’on ferait tout pour avoir des crèches municipales, des écoles publiques, des droits sociaux à conquérir ou à sauvegarder. Le principal syndicat ouvrier de l’époque était, dans les faits, l’allié plus ou moins clair de la municipalité de gauche, et on affrontait obligatoirement le pouvoir étatique, ses relais sur place, ses médias, etc.
À Fort-de-France, la municipalité communiste d’Aimé Césaire donna l’exemple de la prise à bras le corps des urgences sociales ( mise hors d’eau de la ville, problèmes du tout-à-l’égout, des « tinettes », voirie, assainissement et électrification dess quartiers, crèches, aides scolaires, accueils des migrants de l’exode rural. La scission avec le Parti communiste ne supprima pas cette orientation, mais durcit les relations entre deux composantes politiques (PPM/PCM) du bloc populaire.
Dans les années 70, l’apparition de l’extrême gauche et la vague démocratique qui l’emporta dans plusieurs villes modifièrent la donne en la complexifiant. Le raidissement du pouvoir colonial en réponse à la progression anticolonialiste, amena la municipalité foyalaise à jouer un rôle plus ou moins protecteur des forces contestant le système. La question colonialisme/anticolonialisme devint un sujet des batailles électorales, y compris dans les élections municipales. La politique culturelle du Sermac devint la cible des attardés de la droite coloniale.
Globalement donc, le contenu social et colonial/décolonial des affrontements électoraux municipaux était relativement clair. On ne saurait pour autant passer sous silence les limites et contradictions des gauches municipales.
Le sentiment de citadelle assiégée de la ville capitale, l’héritage de la scission déjà citée, ou des méthodes verticalistes crypto-staliniennes, le clientélisme facilité par l’absence de mécanismes de contrôle citoyen, la lamentable pratique de violences électorales, ne pouvaient évidemment ralentir les effets de l’usure du pouvoir.
Au prochain numéro : les mairies d’aujourd’hui.
COP 30 au Brésil : La marque d’un recul sur laquestion du climat
Si le 21 novembre dernier, plus de 50 000 manifestant·e·s de différentes nationalités ont crié leur colère contre la « COP des lobbies », c’est bien parce que l’on assiste depuis les accords de Paris dix ans auparavant, à un recul de la prise en compte sérieuse de la question du dérèglement climatique, et à une mainmise des intérêts des plus riches sur la vie et les intérêts des peuples.
En effet, l’objectif d’augmentation maximale de hausse de température à 1,5°C, ne sera pas atteint. L’acidification des océans (qui absorbent le CO2, le gaz carbonique) s’accélère. Les évènements climatiques extrêmes se multiplient : incendies de forêts, inondations, tornades, et autres points de bascule comme la mort des récifs coralliens, la fonte des glaciers polaires, etc…
Mais pire, la course effrénée aux profits a mis de côté, à Belém, trois dossiers majeurs : 1) l’exploitation du pétrole à l’embouchure de l’Amazone ; 2) les émissions de gaz du transport maritime ; 3) l’agro-industrie au Brésil même.
Si les Etats-Unis, et la moitié des chefs d’États de pays pollueurs étaient absents, il n’empêche que la plupart des autres, dont l’Union européenne notamment, lèvent le pied quant aux mesures environnementales.
Ainsi, les représentants des lobbies des ressources fossiles (pétrole, charbon, gaz naturel,…) ont marqué leur présence, pendant qu’on refoulait les représentants des peuples autochtones, des organisations populaires, des mouvements écologistes, syndicaux, féministes, anticapitalistes…
Notre défi consiste à amplifier les mobilisations contre les projets écocides, contre l’extractivisme minier, contre l’agro-industrie et l’agrobusiness spéculatifs, dont les pauvres sont les principales victimes, et en particulier ceux des pays dominés.
