Sexisme : les stéréotypes de genres restent tès ancrés chez les hommes

— Par Hélène Lemoine —

La Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES)* vient de dévoiler son dernier Baromètre d’opinion, révélant une analyse approfondie de l’état actuel des stéréotypes de genre en France. Cette enquête, basée sur des réponses obtenues en 2020 et 2022, offre un panorama détaillé des perceptions et des attitudes au sein de la population française envers les questions de genre.

Le constat global émergeant de l’étude est que la majorité des Français rejette les stéréotypes de genre dans leur ensemble. Cependant, l’analyse nuancée de ces résultats met en lumière des résistances persistantes, notamment en ce qui concerne les représentations liées au rôle traditionnel des femmes dans les soins et les tâches domestiques. Les données révèlent que 42% des répondants estiment que les mères sont mieux aptes à répondre aux besoins des enfants que les pères, et 40% pensent que les femmes font de meilleures infirmières que les hommes. Ces résultats démontrent que, malgré des avancées, certaines normes de genre persistent dans l’imaginaire collectif.

L’étude approfondie de la DREES se penche sur les facteurs qui influent sur l’adhésion aux stéréotypes de genre. Les résultats montrent que des caractéristiques sociodémographiques telles que le genre, l’âge, la pratique religieuse régulière, le niveau d’éducation, l’origine immigrée, et le niveau de revenu jouent un rôle significatif. Être un homme, avoir plus de 65 ans, pratiquer régulièrement une religion, être immigré ou peu diplômé sont des facteurs qui augmentent la probabilité d’adhérer aux stéréotypes de genre. Notamment, la pratique religieuse se démarque comme le facteur le plus discriminant, avec une augmentation significative de 18,2 points chez les personnes pratiquant régulièrement une religion par rapport à celles dont la pratique est occasionnelle.

L’inégalité persiste également au sein des foyers, avec une répartition des tâches domestiques fortement déséquilibrée. Les femmes déclarent majoritairement prendre en charge les tâches ménagères et les activités liées aux enfants, tandis que les hommes sous-estiment souvent cette disparité. Ces résultats soulignent l’existence d’une corrélation entre l’adhésion aux stéréotypes de genre et la perpétuation des inégalités au sein des foyers. Plus les personnes adhèrent aux stéréotypes de genre, moins elles déclarent un partage égalitaire dans leur couple, dévoilant ainsi l’influence directe de ces stéréotypes sur la dynamique des relations domestiques.

Par ailleurs, l’étude révèle que le niveau de vie a un impact sur l’adhésion aux stéréotypes, avec une augmentation de la probabilité d’adhérer à certaines idées préconçues chez les personnes appartenant au cinquième le plus aisé de la population. Ce constat complexifie l’analyse en montrant que même parmi les catégories socio-économiques favorisées, certains stéréotypes demeurent, soulignant ainsi l’entrelacement complexe des facteurs sociaux et économiques dans la perpétuation des normes de genre.

Bien que des progrès soient notables, cette étude souligne la nécessité persistante de sensibilisation et d’éducation pour déconstruire les stéréotypes de genre ancrés dans la société française. Les résultats appellent à des actions ciblées visant à promouvoir une vision égalitaire et à encourager une répartition équitable des responsabilités au sein des foyers. Il est impératif de comprendre les nuances qui subsistent au sein de la société afin de mettre en place des initiatives adaptées et efficaces pour lutter contre la persistance des stéréotypes de genre en France. Les données de cette enquête fournissent une base solide pour orienter les politiques et les programmes visant à promouvoir l’égalité des genres et à éliminer les stéréotypes nuisibles dans la société française.

Consulter le rapport dans son intégralité

*La Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) est un organe central de l’administration publique française. Créée en 1998, elle dépend des ministères « sanitaires et sociaux » et de l’Économie et des Finances. La DREES a pour mission principale de fournir des outils d’observation, d’expertise et d’évaluation à ses ministères de tutelle, ainsi qu’à divers services et organismes affiliés.

En tant que service de la statistique publique aux côtés de l’Insee, la DREES génère des statistiques et des études socio-économiques pour éclairer les décideurs publics, les citoyens et les acteurs économiques et sociaux. Ses missions comprennent la conception de l’appareil statistique, la collecte et la diffusion d’enquêtes majeures, la publication de travaux et la contribution à la politique de recherche. Elle joue également un rôle crucial dans la synthèse de données économiques et sociales, ainsi que dans l’évaluation des politiques sociales, participant ainsi activement à l’amélioration continue du système sanitaire et social en France. Depuis sa création, la DREES a vu plusieurs directeurs se succéder, chacun contribuant à renforcer son rôle central dans le paysage administratif français.

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