Ronald Cyrille au « 14°N 61°W »

ronald_cyrilleQue ce soit à l’acrylique sur toile, papier, ou à la bombe sur les murs de nos villes, Ronald Cyrille développe des formes irrespectueuses des critères logiques, basées uniquement sur des associations subjectives et des parallèles formels, qui inspirent le spectateur et suscitent son interrogation, voire le déstabilisent.
Sa peinture ouvre une veine poétique unique.
Images multicouches, elles se posent dans la fragilité et l’instabilité de notre apparence, par lesquelles une certaine réalité est mise en doute.
En démontrant la récurrence de métaphores ou de questionnements sur les maux des sociétés caribéennes, il crée des moments personnels intenses – magistralement faits de règles, d’omissions, d’acceptation et de refus, leurrant ainsi le spectateur, le désorientant à l’instar de ses chiens bicéphales.
Ses œuvres ne référencent pas une forme reconnaissable.
Les résultats sont déconstruits dans la mesure où le sens est déplacé et l’interprétation possible, multiforme.
En fusionnant plusieurs mondes apparemment incompatibles dans un nouvel univers,Ronald Cyrille utilise un vocabulaire visuel qui aborde de nombreux enjeux sociaux et politiques. La possibilité ou le rêve de l’annulation d’une identité fixe (historiquement ou socialement ) est un point focal constant.
En choisissant des solutions essentiellement formelles, il revisite la théorie post-coloniale ainsi que l’avant-garde ou le post-modernisme aussi bien que les mouvements démocratiques de gauche, comme une forme de résistance contre le diktat du système capitaliste de marché.
La démarche articule le temps et l’espace – un univers fictif et expérimental d’où elle émerge peu à peu .
Dans la recherche de nouveaux possibles pour «lire la ville», il crée souvent une oeuvre usant de procédés de jeux créatifs , qui ne sont cependant jamais permissifs. Le jeu est en effet une affaire sérieuse : son déroulement voit s’appliquer des règles différentes comme dans la vie de tous les jours tandis que les objets familiers subissent transsubstantiation.
L’énergie (chaleur, lumière et eau ), l’espace et le paysage sont intégrés et parfois développées de manière quasi absurde.
En parodiant les médias, en exagérant certains aspects formels inhérents à notre société contemporaine, les oeuvres de Ronald Cyrille telles des autoportraits semblent idiosyncrasiques et décalées.
La vie se prolonge ainsi au-delà de ses propres limites subjectives et nous raconte souvent une histoire sur les effets des interactions culturelles mondiales depuis la seconde moitié du XXe siècle. Les altérités que nous reconstruisons sans cesse, entre Nous et l’Autre, entre nous-mêmes, «cannibales » et« civilisés » sont remises en cause, questionnées, bousculées.
De cette abstraction, se concentre l’idée de l’espace public, voire des espaces, où chacun agit à un moment donné.
Son chien bicéphale renvoit à sa double nationalité et à ses cultures francophone et anglophone. Il suggère aussi l’errance, le vagabondage et les discriminations sociétales qui en découlent.
Les peintures apparaissent telles des images oniriques où fiction et réalité se rencontrent, s’entremêlent – significations en décalage, fusion du passé et du présent.
Le temps et la mémoire jouent toujours ici un rôle clé.
Ronald Cyrille né en Guadeloupe en 1984, y vit et y travaille.
espace d’art contemporain
19, rue du Mérite Artisanal- Z.A Dillon
97200 Fort de France – Martinique
14n61w.org
mer – ven: 12.00 – 18.00 I sa: 12.00 – 16.00
ou sur rendez-vous / or by appointment
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