Quel devenir pour la Collectivité Territoriale de Martinique?

— Par Pierre Alex Marie-Anne —
Assurément pas la poursuite du train-train actuel ,dans une configuration institutionnelle inchangée!
Tous ,à quelques bords politiques qu’ils appartiennent dressent le même constat: cela ne marche pas!; un Pouvoir confisqué par un hyper-Président ,omniscient et omnipotent qui réduit l’ensemble des conseillers territoriaux au rang de simples exécutants ,dénués de toute capacité d’initiative et d”innovation.
Face à ce constat, chacun y va de ses propositions de réforme ou d’amélioration ; mais peut-on vraiment corriger ce qui est fondamentalement vicié?
Cette construction alambiquée ,échafaudée sous la pression du PPM, avec la complaisance coupable du Président de la République de l’époque contrevient au résultat sans ambiguïté de la consultation populaire des 10 et 24 janvier 2010 rejetant l’idée d’autonomie.
Elle s’évertue à concilier ,au moins dans la forme,deux logiques contradictoires : celle de l’intégration, caractérisée par le principe de l’identité législative de l’article 73 de la Constitution ,et celle de l’autonomie associée à la règle de la spécialité législative contenue dans l’article 74 d u même texte fondateur.

Concrètement cela s’est traduit par ce système bizarroïde où deux présidents appartenant à la même majorité issue de la même élection ,sous la conduite de la même tête de liste sont censés se contrôler l’un l’autre; bien entendu cela ne marche pas et ne pourra jamais marcher ,sauf pour l’Assemblée à se transformer en simple chambre d’enregistrement , ce qu’elle est effectivement devenue. !.
Pour accentuer la ressemblance avec les institutions étatiques qui semble avoir été l’inspiration principale des rédacteurs de ce système introuvable , a été imaginé un Conseil Exécutif ,sorte d’ersatz de mini-gouvernement national.
Ses membres qui,il faut le souligner ,ont perdu leur qualité d’élus en application de l’article L7224-3 de la loi du 27 juillet 2011 , n’arrêtent pas cependant d’interférer ,de façon abusive, dans le fonctionnement normal de l’instance délibérante.
Par ailleurs, loin de faciliter les relations ,déja structurellement conflictuelles ,entre le chef de l’exécutif et l’Assemblée, cet aéropage constitue en fait un facteur d’aggravation des dissensions.
En s’interposant entre ces deux organes décisionnaires, il les prive en effet de la nécessité ,comme dans toutes les autres collectivités locales de droit commun ,de dégager, par contact direct,au moyen si nécéssaire d’âpres discussions, des solutions aux difficultés de gestion rencontrées par la collectivité .

On voit en définitive que le système actuel ,conçu sur de mauvaises bases et de fausses bonnes idées ,est voué à l’échec ; pourquoi faire simple en effet quand on peut faire compliqué?

la GUYANE s’est gardée de tomber dans ce travers; elle, s’en est tenue sagement à une Assemblée dont le Président est en même temps celui de l’Exécutif( plus de risque de conflit de légitimité!), comme sous le régime départemental antérieur ,complétée comme il est de règle par une Commission Permanente qui garantit la représentation et le respect des droits de l’opposition ,en même temps qu’un fonctionnement harmonieux de la Démocratie locale.

Espérons que le bon sens finira par triompher et que la Martinique rentrera dans les clous d’un système institutionnel de gestion, conforme aux aspirations et aux intérêts supérieurs de sa population .
Pierre Alex Marie-Anne