Queen Kidjo, le rythme absolu

Lundi 25 septembre 2023 à 22:10 sur France 4
Angélique Kidjo, l’artiste béninoise « 4 étoiles » comme le nombre de ses Grammy Awards, fait danser et chanter la planète depuis plus de trente ans. Classée parmi les 100 femmes les plus influentes du monde, la chanteuse est une activiste internationalement reconnue vivant entre Brooklyn et Paris. Indépendante et féministe, elle revendique l’héritage de la Sud-Africaine Miriam Makeba et de la reine de la salsa cubaine Celia Cruz qui lui ont ouvert la voie et montré comment faire sa place dans un monde d’hommes. La soixantaine énergique, Angélique Kidjo endosse à son tour ce rôle de figure tutélaire pour la nouvelle génération d’artistes africains comme Yemi Alade et Burna Boy. Des Indépendances Africaines qui l’ont vue naître en 1960 à son exil en France en 1983 jusqu’au succès international de sa musique, des routes de l’esclavage à la playlist de Barak Obama, des rythmes traditionnels yoruba de son enfance à l’avènement de ce qu’on a appelé la World Musique dans les années 90, en passant par ses reprises de l’album Remain in Lights des Talking Heads et du Boléro de Ravel, ses duos prestigieux avec Alicia Keys, Ziggy Marley, Bono, Peter Gabriel, ses créations originales avec Philip Glass et Ibrahim Maalouf…Queen Kidjo, le rythme absolu raconte le voyage de l’artiste à travers la vie et ses choix artistiques qui l’ont menée à devenir cette voix puissante et engagée qui brise les murs de l’indifférence et érige des ponts musicaux sur lesquels personne n’a encore marché.

Angélique Kidjo, née le 14 juillet 1960 à Ouidah (Bénin), est une chanteuse béninoise et française, cinq fois lauréate des Grammy Awards et lauréate de l’Académie Charles Cros connue pour la diversité de ses influences musicales, l’originalité de ses clips et son engagement humanitaire comme ambassadrice internationale de l’UNICEF. Elle a chanté lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Tokyo 2020 le 23 juillet 20213.

Parmi ses succès, on trouve les chansons Agolo, We We, Adouma, Wombo Lombo, Afirika et Batonga.

La BBC l’a incluse dans sa liste des cinquante icônes du continent africain. Time Magazine l’a appelée la « première diva africaine » et elle fait partie de la liste établie par The Guardian des cent femmes les plus influentes au monde. La magazine Forbes la fait figurer comme la première femme dans la liste des quarante célébrités les plus importantes d’Afrique. Le Daily Telegraph la décrit en 2012, lors des Jeux olympiques de Londres, comme la « reine incontestée de la musique africaine ». Paris Match la place en tête de sa liste des dix femmes les plus influentes d’Afrique et l’inclut dans sa liste des 10 artistes africains les plus engagés. Le 15 septembre 2021, Time Magazine a inclus Angélique Kidjo dans sa liste annuelle des 100 personnes les plus influentes au monde.

Outre les rythmes et le zinli (sorte de blues) béninois, ses influences musicales sont la pop africaine, la musique des Antilles, le zouk, la rumba congolaise, le jazz, le gospel, et différents styles de musique latine. Elle est inspirée aussi par les artistes qui ont bercé son enfance : Bella Bellow, James Brown, Aretha Franklin, Jimi Hendrix, Miriam Makeba et Carlos Santana. Elle a enregistré des versions africaines de Summertime de Gerswhin, du Boléro de Ravel, de Voodoo Chile de Jimi Hendrix. Elle a collaboré avec de nombreux artistes, notamment Carlos Santana, Alicia Keys, Peter Gabriel, Herbie Hancock, Branford Marsalis, John Legend, Bono, Yo-Yo Ma, Sting, Matthieu Chedid, Alexandre Tharaud, Philip Glass, Josh Groban, Dianne Reeves, Vampire Weekend, Dr. John, Dave Matthews, Yemi Alade et Cassandra Wilson.

Le 25 juillet 2017, elle crée le spectacle Femme noire d’après un poème de Léopold Sédar Senghor, célébration de la femme africaine, présenté dans la cour d’honneur du Palais des papes comme spectacle de clôture du 71e Festival d’Avignon, qu’elle interprète en compagnie du comédien ivoirien Isaach de Bankolé, du saxophoniste camerounais Manu Dibango, du guitariste américain d’origine congolaise Dominic James et du jeune rappeur français MHD, considéré comme un prodige de l’afrotrap.

Kidjo parle couramment le fon, le français, le yoruba, le mina et l’anglais — elle réside à New York. Elle chante dans ces cinq langues. Sa chanson Malaika, de l’album Logozo, est en swahili.

Le 6 juin 2013, elle a été élue vice-présidente de la Confédération internationale des sociétés d’auteurs et compositeurs (CISAC).

Par ailleurs, elle écrit parfois dans le New York Times.

Biographie
Angélique Kpasseloko Hinto Hounsinou Kandjo Manta Zogbin Kidjo est née à Ouidah, au Dahomey (actuel Bénin), le 14 juillet 1960. Son père est un Fon de Ouidah, receveur des Postes, et sa mère Yvonne Djiko est Yoruba, directrice d’une troupe de théâtre et femme d’affaires avertie. Angélique Kidjo est septième de leurs dix enfants. Les enfants écoutent des disques vinyles, notamment ceux de Johnny Hallyday et Claude François, et apprennent l’anglais à l’école.À l’âge de six ans, Angélique Kidjo intègre la troupe de théâtre de sa mère, ce qui fait naître en elle le goût pour les musiques et les danses traditionnelles. Elle commence à chanter au sein du groupe Les Sphinx et, adolescente, rencontre le succès grâce à son adaptation pour la radio nationale de la chanson de Miriam Makeba Les Trois Z. Elle enregistre ensuite l’album Pretty avec l’aide de son frère et du producteur camerounais Ekambi Brilliant. Cet album contient les chansons Ninive, Gbe Agossi et un hommage à Bella Bellow, une chanteuse togolaise qui fut l’une de ses sources d’inspiration. Le succès de cet album lui permet de faire une grande tournée en Afrique de l’Ouest. Néanmoins, les conflits politiques incessants au Bénin l’empêchent de poursuivre sa carrière de façon indépendante dans son propre pays.

En 1983, elle s’installe à Paris, où naît sa fille en 1993. Tout en travaillant pour payer ses frais de scolarité, Angélique Kidjo suit des cours de chant au Centre d’informations musicales (CIM), une école de jazz parisienne réputée. Elle y rencontre son futur mari Jean Hebrail, musicien et compositeur, avec qui elle écrit la majeure partie de sa musique. Elle est initiée à un nouveau rapport avec le français par l’écoute de Jacques Higelin, Serge Gainsbourg et Claude Nougaro. En 1985, elle réalise une formation aux ACP La Manufacture Chanson. D’abord choriste de groupes africains de Paris, elle devient en 1985 la chanteuse du groupe de jazz africain Pili Pili formé par le pianiste néerlandais Jasper van ‘t Hof. Elle collabore à trois albums de Pili Pili : Jakko (1987), Be In Two Minds (1988, produit par Marlon Klein) et Hôtel Babo (1990). Elle enregistre un album solo, Parakou, pour le label de Jazz Open.

Angélique Kidjo est alors découverte à Paris par Chris Blackwell, le fondateur jamaïcain d’Island Records, la maison de disques de Bob Marley et U2. Il la signe en 1991 sur son label Mango. Elle enregistre quatre albums chez Island, jusqu’au départ de Chris Blackwell. En 2000, elle signe un contrat à New York avec le label Columbia Records, pour lequel elle enregistre deux albums.

En 1996, elle chante au Nobel Peace Prize Concert (en), qui rend hommage à Carlos Filipe Ximenes Belo et à José Ramos-Horta pour leur action au Timor oriental. En 1998, elle participe à la tournée Lilith Fair de Sarah McLachlan. En 2002, elle chante au Nobel Peace Prize Concert en hommage au président américain Jimmy Carter. La même année, elle assure la première partie de Santana, notamment lors du concert à Bercy. En février 2003, Angélique Kidjo interprète Voodoo Child (Slight Return) de Jimi Hendrix au Radio City Music Hall de New York aux côtés de la légende du Chicago Blues Buddy Guy et du guitariste Vernon Reid (de Living Colour) pour le film, produit par Martin Scorsese, Lightning In A Bottle: One Night In The History Of The Blues, un documentaire sur l’histoire du blues avec de nombreux artistes de rock, de rap et de blues.

En 1998, elle s’installe aux États-Unis, où elle est d’abord étonnée que son public soit essentiellement blanc, son mariage avec un Européen blanc (Jean Hébrail) étant mal admis par la communauté afro-américaine. Elle connaît ensuite un succès partagé couronné en 2007 par un Grammy Awards.

En novembre 2003, Angélique Kidjo chante au Cap, en Afrique du Sud, avec Peter Gabriel et Youssou N’Dour au grand concert pour la fondation de Nelson Mandela, 46664. En mai 2004 elle participe au concert « We Are The Future » produit par Quincy Jones à Rome devant 400 000 personnes. Le spectacle a lieu au cirque Maxime avec la participation d’Oprah Winfrey, Alicia Keys, Andrea Bocelli, Herbie Hancock, Angelina Jolie et d’autres stars internationales. En mars 2005, elle chante devant 50 000 personnes lors du concert Africa Live de Dakar organisé par Youssou N’Dour pour lutter contre le paludisme avec la participation d’un grand nombre de stars africaines. En juin 2005, elle participe au Live 8 concert, Eden Project (en) présenté par Angelina Jolie et Peter Gabriel à Cornwall au Royaume-Uni. En 2007, elle fait une reprise de la chanson Happy Xmas (War Is Over) de John Lennon avec sa fille pour la compilation Instant Karma: The Amnesty International Campaign to Save Darfur.

Elle part en tournée en Amérique du Nord en 2007, avec Josh Groban. Le 7 juillet 2007, Kidjo a chanté au South African leg pour Live Earth. Annie Lennox s’est jointe à Angélique Kidjo et à vingt-deux autres chanteuses sur la chanson SING pour la lutte contre la transmission du VIH de la mère au nouveau-né en Afrique.

Angélique Kidjo a chanté au 75e anniversaire de Quincy Jones lors du Festival de Jazz de Montreux en juillet 2008. Elle a fait son premier concert au célèbre Carnegie Hall de New York le 1er novembre 2008 et a joué au Royal Albert Hall de Londres pour la première fois le 26 novembre 2008 aux côtés de Hugh Masekela pour les African Stars, concert au profit de l’association Voluntary Service Overseas (en). Angélique Kidjo est l’un des interprètes de la vidéo Price of Silence produite par Amnesty International à l’occasion du soixantième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme.

À la suite de son engagement pour la campagne de Barack Obama, elle participe le 20 janvier 2009 à l’African Diaspora Inaugural Ball, un des bals organisés à Washington lors de l’investiture présidentielle.

Elle participe le 10 juin 2010 au concert de lancement de la Coupe du monde de football en Afrique du Sud aux côtés de Shakira, Alicia Keys, John Legend et Black Eyed Peas.

Nobel Peace Prize Concert 2011 Angélique Kidjo Harry Wad.
Depuis le 14 octobre 2016, elle est l’un des membres du jury de l’émission L’Afrique a un incroyable talent25.

Elle interprète le 11 novembre 2018 Blewu, à l’occasion de la commémoration internationale des 100 ans de l’armistice de 1918 qui se tient à Paris. Cette chanson de la togolaise Bella Bellow est un hommage aux troupes coloniales et aux tirailleurs sénégalais.

Engagements civiques

Angélique Kidjo à l’ONU en 2012.
Angélique Kidjo est une ambassadrice de bonne volonté de l’UNICEF depuis 200226. Avec l’UNICEF, elle a visité de nombreux pays en Afrique. On trouve les comptes-rendus de ses voyages sur le site de l’UNICEF.

Kidjo a créé la Fondation Batonga, qui soutient les études secondaires de jeunes filles africaines afin qu’elles puissent prendre part au développement en Afrique. La fondation offre des bourses, augmente le nombre d’admissions, veille à l’amélioration du niveau des professeurs, procure aux écoles des fournitures, encourage des programmes de mentors, explore les méthodes d’enseignements alternatives et milite pour la prise de conscience de l’importance de l’éducation des filles.

Elle a fait campagne au côté d’Oxfam30 lors de la conférence de l’OMC à Hong Kong en 2005 pour la promotion du commerce équitable et a voyagé avec Oxfam au Nord du Kenya ainsi qu’aux frontières du Darfour et du Tchad avec Mary Robinson en 2007. Angélique Kidjo et sa fille participent au tournage de la vidéo In My Name avec Will I Am des Black Eyed Peas.

Elle a remis le prix de la Fondation Mo-Ibrahim pour un leadership d’excellence en Afrique à Alexandrie, en Égypte, le 26 novembre 2007 et le 15 novembre 2008.

Le 28 septembre 2009, l’UNICEF et la marque Pampers ont lancé une campagne pour éliminer le tétanos et ont demandé à Angélique Kidjo de composer la chanson You Can Count On Me. Chaque téléchargement de la chanson offre une vaccination contre le tétanos à une jeune mère en Afrique.

Angélique Kidjo a enregistré une vidéo sur sa chanson Agolo et avec les images de Yann Arthus-Bertrand pour la campagne sur l’environnement des Nations unies « Scellons l’Accord ! ».

Elle participe le 5 novembre 2015 au Carnegie Hall de New York, à un concert de bienfaisance de la Fondation David-Lynch intitulé « le changement commence de l’intérieur » qui propose la méditation transcendantale pour lutter contre le stress. Elle partage la scène avec Sting, Katy Perry et Jerry Seinfeld.

Angélique Kidjo en concert lors du festival du Bout du Monde 2019.
Elle interprète La Marseillaise le 14 juillet 2020, lors du concert du Champ-de-Mars à Paris tenu hors public pour cause de Covid 1934.

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