— RS n° 413 lundi 22 septembre 2025 —
Lors des «Assises Populaires contre la vie chère», organisées par le RPPRAC et les députés Marcellin Nadeau et Jean-Philippe Nilor, le député guyanais Jean-Victor Castor a lancé : «Lorsque le peuple lutte pour une cause juste, il faut être dans le peuple».
Nous partageons ce principe. Nous soulignons, dans cette phrase, trois mots clés : La lutte. Une cause juste. Le peuple. L’application de ce principe n’est pas forcément aisée. D’abord, parce que dans la configuration politique actuelle en Martinique par exemple, aucune force progressiste n’est en mesure de participer de façon crédible à toutes les luttes justes.
Encore faut-il éviter de se chercher des alibis douteux pour ne pas participer à une lutte. Un des « arguments » de certains abstentionnistes, consiste à parler d’« entrisme » pour qualifier l’attitude prônée par Jean-Victor Castor. Mais, comme ceux ou celles qui enfourchent ce cheval boiteux n’ont en général pas eu la curiosité de s’informer, même sommairement, sur ce qu’a été « l’entrisme » dans une période précise de l’histoire du mouvement ouvrier, nous passons vite.
Mais, revenons sur les difficultés à appliquer ce principe simple dans des situations complexes. Les luttes n’obéissant jamais, malgré les apparences, à la génération spontanée, car il y a dans la réalité des inspirateurs, des inspiratrices, des initiateurs, des initiatrices, des dirigeants, des dirigeantes, dont le nombre et la diversité varient à certains moments historiques. L’un des apports du grand mouvement de février 2009, est d’avoir ouvert la voie, même des années plus tard, au surgissent de collectifs, de comités, de mouvements qui s’émancipent, à leurs risques et périls, de toute direction préexistante. Et il est heureux que des forces nouvelles s’engagent et fassent leurs propres expériences.
Mais, si participer à une lutte juste du peuple est comme un réflexe salutaire, il est essentiel de ne pas perdre tout esprit critique à l’égard, ni des directions traditionnelles, ni des nouvelles qui surgissent dans la lutte.
Les organisations anticapitalistes français se sont interrogés sur les ambiguïtés du mouvement des « Gilets jaunes », hier, ou du mouvement
« Bloquons tout » aujourd’hui, mais s’y sont finalement engagés, en se démarquant, parfois, de certains propos, de certaines pratiques. Avec raison !
Le surgissement du RPPRAC a provoqué chez nous les mêmes réflexions. Mais, rester en dehors de la relance du combat contre la vie chère au motif que le trio initial du RPPRAC a sorti des énormités sur février 2009, ou sur le syndicalisme en général, a été une erreur dans laquelle il serait diabolique de persister.
On peut en dire autant de celles et ceux qui prennent prétexte du suivisme néo-assimilationniste de certaines directions syndicales, pour rester en dehors de la lutte contre la politique scélérate de la bande à Macron. Comme si elle ne nous affectait pas, comme si nous ne pouvions rien faire d’autre que d’en attendre les conséquences. L’instabilité de la situation française est, qu’on le veuille ou non, un élément de la vie politique martiniquaise. Le rôle des anticolonialistes martiniquais ne saurait se limiter à s’adapter, à s’interroger comme de simples politologues sur ce que sera finalement l’ordre chronologique des élections à venir en Martinique entre municipales, législatives voire présidentielle, pour rythmer leur calendrier militant !
Notre rôle, à nous qui sommes à la fois anticolonialistes et anticapitalistes, est de peser de tout notre poids sur la situation. Avec les travailleurs et travailleuses de France, il nous revient à nous aussi, de mener la lutte contre la Macronie avec nos alliés naturels, en veillant au respect de notre réalité, de nos intérêts, de notre indépendance d’organisation, même dans la lutte commune.
Avec les anticolonialistes de Martinique et d’ailleurs, nous avons à travailler sur les revendications propres de nos peuples colonisés. Il est clair que celles-ci ne sauraient se résumer à l’inscription de la Martinique dans la liste des pays à décoloniser de l’ONU, ou à la seule défense de nos acquis sociaux.
De tout ce qui précède, découlent deux tâches essentielles : mener concrètement avec les travailleur/euse/s et les masses populaires toutes les luttes nécessaires pour la survie et le bien vivre. Mettre en chantier le programme de transition dont nous avons besoin pour passer du colonialisme à l’émancipation. Ce pont entre revendications immédiates et renversement du système colonial et capitaliste suppose une élaboration collective de celles et ceux qui partagent l’objectif de l’émancipation nationale et sociale. Nous avons soumis à la discussion des éléments concrets (voir les RS précédents).
Il y a une troisième tâche qui ne découle pas automatiquement de la citation qui ouvre cet article. Lorsque le peuple «oublie» une lutte, que l’actualité commande comme un impératif catégorique, il faut la lui montrer avec insistance. Celle-ci, c’est la lutte contre le génocide en Palestine, contre le triomphe de la barbarie fasciste internationale qui hypothéquerait gravement l’ensemble de nos combats, prolétariens, décoloniaux, écologistes, féministes, démocratiques, antiracistes et laïcs.
Alors que la menace de l’éradication d’un peuple par l’abomination sioniste est plus forte que jamais, il faut marteler que l’humanité tout entière paierait cher, tout manque de lucidité sur les enjeux de cette cause.
Plus de 600 manifesta-e-s contre Lecornu, Macron et leur mondeLUS DE 600
Ce n’est pas un scoop : Macron n’entend pas renoncer à sa politique de classe. Tel un Robin des bois à l’envers, son obsession est de prendre l’argent dans les poches des classes pauvres et moyennes pour le mettre directement dans celles des plus riches. Cette idée était présente dans tous les cortèges de la manifestation du 18 septembre, appelée en Martinique par la quasi-totalité des organisations syndicales.
Mais contrer ce plan scélérat suppose des luttes plus massives, plus conséquentes, plus durables, combinant diverses formes, et se coordonnant entre tous les territoires sous administration française.
Il y a du pain sur la planche, et nul ne doit oublier que les néofascistes, en embuscade, ne rêvent que d’un échec des luttes pour forcer les restes des forces de la droite à la fusion politique avec eux !
Près d’ne centain contre legénocide à Gaza et en Cisjordanie
Les fidèles de la solidarité contre le génocide ne désarment pas. La manifestation dans les rues de Fort-de-France, favorablement accueillie par les personnes croisées vendredi 19 septembre, ne faisait que suivre la tenue des stands hebdomadaires de sensibilisation et de discussion ayant eu lieu tous les samedis du mois d’août à Fort-de-France, et précéder le rendez-vous du 20 septembre au Lamentin.
Personne dans ce milieu ne se fait d’illusion sur la bien tardive et bien platonique reconnaissance de l’État palestinien par la France.
L’exigence de sanctions réelles et concrètes contre l’État d’Israël est vue par tout le monde comme la condition d’un cessez-le-feu, d’un arrêt du génocide.
Jeudi 25 septembre à 18h à la maison des syndicats, Martinique-Palestine Solidarité attend toutes celles et tous ceux qui veulent s’unir pour la vie et l’autodétermination du peuple palestinien.