— Par Jean Samblé —
Le gouvernement de transition haïtien a récemment levé le voile sur une réalité longtemps gardée sous silence : l’engagement de mercenaires étrangers dans la lutte contre les gangs armés qui gangrènent le pays. C’est Fritz Alphonse Jean, président du Conseil présidentiel de transition (CPT), qui a confirmé cette information lors d’un entretien accordé à un groupe restreint de journalistes haïtiens.
Pour autant, cette reconnaissance officielle reste partielle. Aucune précision n’a été donnée quant à l’identité de la société de sécurité privée impliquée, ni sur les termes du contrat, notamment son coût ou les responsabilités assignées à ces agents étrangers. Des zones d’ombre qui nourrissent l’inquiétude tant au niveau national qu’international.
Depuis que des drones armés ont été utilisés dans des opérations ciblant des fiefs de gangs, des soupçons se sont multipliés concernant l’implication de groupes paramilitaires étrangers, certains associés à des figures controversées comme l’ancien dirigeant de Blackwater, Erik Prince. Cette opacité renforce les préoccupations sur les intentions réelles et les méthodes employées.
Des organisations de la société civile, dont Fondasyon Je Klere et l’Ordre des défenseurs des droits humains (ORDEDH), montent au créneau pour dénoncer ce manque de transparence. Elles réclament des éclaircissements sur les clauses du contrat, la durée de l’engagement des mercenaires et les garanties mises en place pour protéger les civils. « L’arrivée de mercenaires est une solution à double tranchant », alerte Darbensky Gilbert, coordonnateur général de l’ORDEDH, qui voit dans cette stratégie un risque grave pour les droits humains.
Alors que le pays s’enfonce dans une crise sécuritaire majeure, le recours à des forces privées étrangères est perçu par certains comme une réponse urgente au chaos. Pour d’autres, il s’agit d’un dangereux précédent qui menace les fondements mêmes de l’État de droit.