Pour qu’il n’y ait point d’autres Aboubacar Cissé sacrifiés.

Par Yves Untel Pastel(*) —-

Aboubakar Cissé, un homme musulman, a été tragiquement poignardé à mort dans une mosquée du Gard le vendredi 25 avril 2025, simplement en raison de sa foi. Son assassin a déclaré : « Je l’ai fait, (…) ton Allah de merde » ! Ce meurtre choquant illustre la banalisation alarmante de la violence raciste en France. Mais posons-nous la question : d’où provient cette montée de haine ? La violence meurtrière dirigée contre ce musulman et les musulmans en général trouve ses racines dans une rhétorique alimentée par les gouvernements successifs. Elle résulte de politiques, dit-on laïques, mises en œuvre sous forme de mesures répressives contre une islamisation supposée de la France.

Cette situation est aggravée par l’importation en France du conflit israélo-palestinien, avec son lot d’entorse aux droits humains élémentaires, conflit dans lequel la diplomatie française affirme apporter son soutien inconditionnel à Israël. Les musulmans en France sont souvent présentés comme une menace à éradiquer, au nom de la préservation des « racines chrétiennes » et laïques de la France, jugées menacées par la simple présence musulmane en Europe. « La théorie du grand remplacement », dit-on encore, sert de base idéologique à de nombreux dirigeants politiques qui cherchent à cibler et à isoler la population musulmane du reste des citoyens français.

La classe politique actuelle (y compris, celles qui aspirent à prendre le pouvoir) devra assumer sa part de responsabilité dans ces crimes déjà commis et dans ceux qui pourraient survenir, en tant qu’expression de cette haine cultivée et exploitée qui tend à soutenir et à accentuer une fracture sociétale à l’œuvre en France. L’embrasement antimusulman délibéré, orchestré, systématique et institutionnalisé semble acté. Nos représentants politiques, ne joueraient-ils pas à la fois le rôle de pompiers et de pyromanes ? L’appel tardif à une minute de silence de Madame Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée nationale, suite à l’assassinat de Monsieur Aboubakar Cissé, ne pourra effacer les traitements différenciés dont souffrent les musulmans en France.

Notre gouvernement, par l’intermédiaire de ses ministres à différents niveaux, ne peut se soustraire à cette situation alarmante, car il semble ne pas cacher ses orientations en la matière.

L’accusation d’incitation à la haine qu’il brandit au nom du peuple français, avec tant de force contre le moindre citoyen, peut désormais lui être opposée. Sommes-nous en train de replonger dans cette atmosphère toxique de violences raciales qui a marqué la société française en 1961 ? Nous avons atteint un tournant où la violence idéologique échappe aux politiques et pénètre les intentions criminelles des populations conditionnées.

Les démons, sont-ils libérés ? Qui pourra ramener à la raison les Français emportés par cette vague de haine antimusulmane ? Étant donné que la volonté politique ne semble manifestement pas s’orienter vers un respect « franc et massif » de la minorité concernée, en tant que citoyens légitimement inquiets, sensibles et concernés par cette question de la protection véritable due à chaque Français, nous ne saurions rester indifférents.

Pouvons-nous encore faire part aux autorités compétentes de notre profonde préoccupation ? Notre gouvernement, serait-il encore sensible à notre profonde indignation ? Nous exprimons notre compassion aux proches d’Aboubakar Cissé, à qui nous rendons un hommage sincère.

Qu’il n’y ait point d’autres Aboubacar Cissé sacrifiés !

Yves UNTEL PASTEL, Poète, ethnologue.