Poésies Carnaval

— Par Patrick Mathelié-Guinlet —

Du rôle poitique du carnaval

Durant le Moyen-âge
revenait chaque année
une “fête des fous”
faisant un roi du gueux
et du mortel un dieu
quand le fou devient sage
et le maître un esclave
car pendant vingt-quatre heures
s’inversaient tous les rôles…

Cela serait fort drôle
hormis la perspective
non dénuée de peur
d’avoir à rendosser
sa peau un peu plus tard,
modérant l’invective
et revanche effectives
qui se pourraient payer
un prix trop élevé,
la fête terminée…

Prend source Carnaval
dans cette tradition,
issue des Saturnales,
de la nécessité
d’une soupape annuelle
avant que la pression
des inégalités
dans notre société
ne la fasse exploser
et que ne se rebellent
les défavorisés !

Ce qui paraît futile,
au tout premier regard
simple défoulement,
est en fait un utile
et habile garant
de leur stabilité
pour les gouvernements…

Un conte de « grime »

Je me grime et enfile un masque
de carnaval et je grimasque
quand je défile dans la foule
qui danse, chante et se défoule,
porté par cette humaine houle…

Je ne suis plus du tout moi-même !
Sensation qu’à la folie j’aime
lorsqu’à l’approche du carême
j’oublie mes soucis et mes peines
en suivant l’instinct qui m’entraîne…

Chevauché par l’esprit Vaval
exaltant ma part animale,
je vais où le vidé m’emmène,
envahi de liesse païenne,
ivre de musique et de bruit…

Et même quand tombe la nuit,
c’est à la lueur des flambeaux
que cette fête se poursuit
jusqu’au petit matin très tôt
où je m’écroule sur mon lit…

Mascarade

Comme un tour de passe-passe,
mascarade,
……………….masques en rade,
………………………………………..en dérade…
Anonymat de façade
pour face à face truqué,
………….tronqué
quand on se sent traqué,
………….détraqué
par la folie des vidés
de bobines dévidées
sans pour autant
perdre le fil du temps
qui passe, passe
inexorablement,
laissant comme une trace
de mascara sur les faces
…………..trop lasses
qui jamais plus ne s’efface…

Patrick MATHELIÉ-GUINLET